3 questions à… Nicolas Rochet, membre d’Espace Environnement

Le 12 mai 2015 - par Joséphine Christiaens

Quel est le rôle de la Maison de l’environnement dans le verdissement du paysage carolo ?

« Originairement appelée Charleroi environnement, notre association est née il y a 40 ans. Au départ, il s’agissait d’une mobilisation citoyenne. Certains citoyens carolos étaient très soucieux de leur cadre de vie et ont voulu améliorer les conditions de vie dans le centre-ville car la proximité avec les usines rendait l’atmosphère assez désagréable. Une des premières actions symboliques qu’ils ont réalisées fut de planter des arbres entre les industries et le centre-ville de Charleroi. Progressivement, Charleroi Environnement est devenue un interlocuteur plus sérieux en menant une réflexion plus approfondie sur le cadre de vie. À travers la participation citoyenne, on s’est professionnalisés en devenant une sorte de relais entre les pouvoirs publics et la population. Aujourd’hui, l’association s’appelle « Espace Environnement » et est composée de 35 personnes qui travaillent pour encourager la participation citoyenne sur des projets autour de l’aménagement urbain et de l’environnement. On agit sur l’ensemble de la région wallonne mais on est aussi impliqués dans des projets européens. »

Quid des initiatives citoyennes à Charleroi en matière d’écologie ?

« À Espace Environnement, on organise la participation citoyenne mais la plupart du temps, en suivant les balises de la loi (encadrement d’enquêtes publiques par exemple). Mais on encadre aussi des projets plus spontanés de citoyens qui veulent mettre en place leurs idées, se manifester en faveur ou contre un projet. On est très sollicités à Charleroi mais aussi aux alentours. Il existe toute une série d’actions qui se passent dans la ville, avec ou sans « Espace Environnement ». À l’heure actuelle, il y a toute une série de citoyens qui se mobilisent pour essayer de faire avancer les choses. On a la chance d’avoir des citoyens volontaires, mobilisés, qui croient en ce qu’ils font et qui essayent de s’insérer dans le débat politique, de faire évoluer les choses de leur côté. Je crois qu’il faut quand même pouvoir proposer des alternatives et utiliser le monde dans lequel on évolue pour faire bouger les choses. »

Le réseau « écolo » de Charleroi reste encore un peu timide. Comment expliquez-vous cela ?

« Ce sont en effet toujours les mêmes personnes qu’on retrouve. C’est très difficile de mobiliser des gens et de les toucher en termes de communication. Malheureusement, je pense que c’est un peu partout pareil, et pas qu’à Charleroi. La plupart des projets d’envergure qui existent sur Charleroi ne concerne que très peu la participation citoyenne. Il y a des projets d’envergure qui se font mais la place du citoyen dans ces projets est très limitée, donc ce n’est pas simple. Il y a plusieurs éléments qui peuvent freiner la participation. Notamment l’impression que c’est un leurre. C’est bien beau de dire aux gens : « Vous avez le droit de participer et de faire changer les choses », mais si rien ne change, à un moment donné les gens s’épuisent. À Marchienne, par exemple, on a eu ce genre de problèmes. Marchienne, c’est une zone qui est un peu déshéritée, industrie lourde, problème de reconversion, chômage, etc. Donc c’est vraiment un quartier en grande difficulté. Depuis le début des années 2000, on a organisé une série de consultations qui n’ont jamais abouti. Et donc là c’est clair, les gens en ont marre. On se retrouve parfois un peu piégé par le système qu’on met soi-même en place et de ce fait, il y a des mobilisations citoyennes spontanées qui se créent et qui disent : « Nous, on ne se reconnaît pas dans cette manière de faire, et donc il faut proposer autre chose. »« 

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