Passage à vide

Le 13 mai 2015 - par Antoine Mahin

Gigantesque et vertigineux, le « trou » du chantier du futur centre commercial Rive Gauche, place Albert 1er, ne passe pas inaperçu. Commerces désertés et routes encombrées sont devenus le lot quotidien de la ville basse. Entre la poussière et le bruit, le quartier et ses riverains traversent une période de transition, un passage à vide. Une étape vers un mieux ?

Plus qu’un complexe commercial, Rive Gauche se profile comme un élément à part entière de la politique de renouveau de Charleroi. La galerie donnera un nouveau visage au cœur de la ville basse. Si ce quartier est particulièrement délabré, la Ville entend bien l’améliorer à plusieurs niveaux grâce à ce projet. « C’est un quartier qui était en train de mourir. Rive Gauche vient le remodeler, lui donner un nouveau souffle », explique Leila Ait Salah, l’attachée du bourgmestre de Charleroi, Paul Magnette. Selon elle, l’insécurité du quartier tendra à disparaître avec l’apparition du complexe commercial. Elle pense également que le bas de la ville gagnera en attractivité. La plupart des commerces ayant fermé leur porte au cours de ces dix dernières années, l’arrivée d’un centre commercial et d’un établissement hôtelier pourrait redonner vie au secteur marchand. « On est dans une vague créatrice. Ce sera un endroit de commerce, mais aussi de détente et de flânerie », clarifie Leila Ait Salah.

Les craintes d’Ecolo

Ecolo avait émis quelques réserves lors de la validation du projet Rive Gauche en 2011. Si le parti vert est parvenu à faire entendre sa voix en 2011 en obtenant une réduction du nombre de places de stationnement initialement prévu, certaines inquiétudes demeurent. L’ancien député wallon Xavier Desgain craint que Rive Gauche ne soit une zone commerciale fermée au reste de la ville : « Dans de nombreuses rues, il n’y aura que des vitrines et aucune entrée vers la galerie. Les clients de Rive Gauche ne seront pas incités à sortir de la galerie pour aller dans les rues de Charleroi. » Il déplore d’autre part la démolition de maisons qu’a entraînée le chantier : « Il y a eu des pertes de logements qui n’ont pas été compensées. » Si le parti Ecolo estime que le projet ne prend pas assez en compte la réalité du quartier et des riverains, il applaudit tout de même à la perspective d’une redynamisation de cette partie de la ville.

La place Albert 1er est en constante évolution depuis des décennies. Certains se demandent si le projet Rive Gauche parviendra à perdurer. « Les villes sont des êtres vivants comme nous, rétorque Leila Ait Salah. Elles changent en permanence. Mais nous espérons que Rive Gauche dure dans le temps. »

Au cœur du chantier

Dans le trou géant de la place Albert 1er, les ouvriers s’affairent et fourmillent de toutes parts. Véritables acteurs de la transformation de Charleroi, ils seront 400 sur le terrain dès juin. Elif Gunaydin, assistante à l’équipe du projet, nous livre son point de vue depuis le cœur du chantier.

Autour du trou, chacun vit au rythme des marteaux-piqueurs et au gré de la poussière. Si certains s’en plaignent, d’autres se réjouissent du changement à venir. Comment les commerçants et les habitants vivent-ils cette phase de transformation, ce passage à vide ?

Antoine Mahin (éditeur), Claire Sadzot (écriture), Chloé Martens (photo), Julien Decuyper (son)

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