Royal Charleroi Sporting Club : une métamorphose en union avec la ville

Le 16 juin 2016 - par Jim Nejman

 

Depuis quelques années, le club de football de Charleroi est en pleine métamorphose

Club délaissé par ses supporters, le désamour du Sporting de Charleroi est incarné par le président de l’époque : Abbas Bayat. À son arrivée en 2002, il se présente en véritable homme d’affaires et gère le club comme toute autre société. Les relations avec la presse, les supporters et les autres clubs sont très tendues. Mais depuis la reprise en 2012 par Mehdi Bayat, qui n’est autre que le neveu d’Abbas Bayat, on assiste à un renouveau du club. La nouvelle direction a réussi à redresser le Sporting à tous les niveaux, autant sportif que financier. Elle aborde également d’une nouvelle façon sa relation avec les médias et le public.

Changement de « direction »

Manu Salvé, journaliste sportif carolo à la Nouvelle Gazette, est en première ligne pour voir l’évolution du Sporting. “Il y avait une désaffection, une hostilité entre l’ancienne direction et des supporters. Ils ne se comprenaient pas, il n’y avait pas de symbiose. Un club de football, c’est une société, mais ça vit aussi par les supporters et par l’humain. Ce sont les propriétaires moraux du club. Un gros travail a été fait, d’une part par les supporters et d’autre part par les entreprises. Tout est fait pour amener le public au stade. Après, le carolo est difficile. une fois il pleut, une fois il n’y a pas de toit… Malgré tout, ils ont réussi à refidéliser une bonne base. On note une augmentation des abonnements, plus de 30% par rapport à l’année passée. Il y a le ressenti, puis il y a les chiffres. Ils ne peuvent pas mentir” , affirme-t-il.

Le club s’inscrit dorénavant dans une logique participative de tout ce qu’il se passe à Charleroi: participation à une action organisée contre le sida, marché de Noël de la ville, pour ne citer qu’eux. Le sport est aussi un élément vecteur de rassemblement et d’identification: Manu Salvé explique qu’il y a une dizaine d’années, il ne se passait pas une soirée à Charleroi sans qu’on annonce les résultats du Sporting. Au fur et à mesure, les gens se sont désintéressés. Aujourd’hui, ils reviennent. Il y a également un jeune public qui apparaît.

Une ville et un club en reconstruction

Philippe Van Cauwenberge, échevin des Sports à Charleroi entré en fonction en 2012 parle du renouveau de la ville qui doit, selon lui, obligatoirement passer par une modernisation du club de Charleroi: “La ville est en reconstruction, tout comme le Sporting. La ville est partenaire du club, notamment au niveau sportif, mais aussi économique. Le Sporting a des projets de salles de sport, de restaurants, de création d’emplois. Le Sporting et Mehdi Bayat sont quelque part notre vitrine. C’est notre relation publique du renouveau de Charleroi. Le potentiel de développement est énorme. Plein de projets sont en cours dans la ville. C’est la même réflexion pour le Sporting où beaucoup de projets de développement sont en cours (nouveau terrain synthétique, formation des jeunes, nouvelles installations). L’image de la ville continue de changer, comme celle du club », atteste avec conviction l’échevin.

Une des raison de cette perte d’intérêt pour le Sporting peut s’expliquer par l’attirance qu’ont eu les carolos pour d’autres sports. Les Spirous, l’équipe renommée de basketball, ont été un réceptacle important. Les gens ont reporté leur affection et leur besoin de sports sur d’autres disciplines. La Ville a la chance (et le problème!) d’avoir énormément de clubs « d’élite »: il y a le tennis de table, le mini-foot, le basketball, le volley-ball…
Philippe Van Cauwenberge estime que détenir plusieurs clubs d’un tel niveau est une force. Mais cela peut également jouer en leur défaveur étant donné qu’ils ne peuvent pas mettre tous les moyens sur un unique club. Il faut un bon équilibre entre l’aide de la Ville et le sponsoring privé. Le club ne doit pas être dépendant des finances de la ville, c’était un peu le cas à l’époque. Maintenant, “The place to be, c’est le Sporting” s’exclame l’échevin.

Un club essentiel pour les habitants

Les Zèbres font partie de la vie des habitants, soit de manière très importante soit à distance. On remarque un attachement très particulier à ce club. Manu Salvé confie que « certaines personnes sont effondrées suite à la défaite d’un match. Elles sont presque en dépression. Beaucoup de carolos sont défavorisés socialement. Leur vie de supporter leur coûte cher, mais ils vivent par ça et rien que pour ça. C’est une sorte d’exutoire pour eux. »

Concernant l’avenir du Sporting de Charleroi, le journaliste apparait sceptique. Selon lui, l’équipe aura du mal à franchir un nouveau palier. Les budgets et les moyens ne leur permettent pas d’évoluer. Il rappelle que le budget des autres équipes de Division 1 est trois à cinq fois supérieur à celui des Zèbres. Les meilleurs joueurs du Sporting partent vers d’autres clubs, c’est le jeu. Philippe Van Cauwenberghe est plus optimiste. Il veut pérenniser leur place dans le top 6. Il rêve également d’un Charleroi champion de Belgique. Un futur encore incertain, mais rempli d’espoir et d’envie.

 

André Daubresse, supporter depuis presque 70 ans, est l’archiviste officiel du Royal Charleroi Sporting Club. Derrière les Zèbres depuis ses 12 ans, André Daubresse nous dévoile une partie de sa « base de données ».

Votre meilleur souvenir

Hiver 1949, Anderlecht et Charleroi se bagarrent la première place du championnat de Belgique.

Votre pire souvenir

1982.

Les joueurs qui vous ont marqué

Jules Henriet et Georget Bertoncello.

 

 

 

Jim Nejman, Robert Colard, Louise Hermant et Laurane Bindelle

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