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Préparatif de l'épicerie sociale
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L’épicerie sociale, le magasin de la dignité

Acheter des produits à prix réduits, c’est le principe de l’épicerie sociale. Un commerce réservé aux personnes ayant des difficultés pour se nourrir eux-mêmes ou leurs familles.

par Aline Jacobs

Une épicerie sociale ?

Acheter des produits à prix réduits, c’est le principe de l’épicerie sociale. Un commerce réservé aux personnes ayant des difficultés pour se nourrir elles-mêmes ou leurs familles. En Belgique francophone, 25 épiceries sociales sont actuellement gérées par la Croix-Rouge.

D’autres organisations, ASBL et associations s’occupent aussi de ce type de commerce. Au total, une cinquantaine d’épiceries sociales sont recensées en Wallonie et à Bruxelles selon la Croix-Rouge.

Le but de ces magasins : aider les familles ou les personnes dans le besoin, sans tomber dans l’assistanat. Une formule qui vient en plus des restaurants sociaux et des colis alimentaires mais qui s’en différencie, puisqu’une épicerie sociale ne propose pas de produits ou de repas gratuits.

Un service en danger

Les épiceries sociales disposent d’aides diverses afin de financer leur activité. Des aides de la Région sont prévues pour subvenir aux besoins de ces commerces un peu particuliers. Mais d’après l’ASBL « Les Capucines », la majorité des subsides ne provient pas des pouvoirs publics.

« Il faut savoir que l’on est déficitaire car on vend les produits moins chers que prévus. De plus, on ne fait jamais de bénéfices. Si la Région investit, notre principal soutien vient du secteur de la grande distribution, notamment de l’entreprise Carrefour, précise Abdel Koutoubi, coordinateur. Les subsides diminuent, tout comme les effectifs. J’ai peur que d’ici quelques années, cela ne s’améliore pas. On va vers une diminution des aides publiques qui nous sont attribuées. Sans les acteurs de la grande distribution, on aurait déjà mis la clef sous le paillasson. »

Les subsides diminuent alors qu’avec la crise économique qui dure depuis plusieurs années, les personnes qui franchissent les portes des superettes sociales sont de plus en plus nombreuses.

Des bénéficiaires différents

L’ASBL « Les Capucines » aide, en moyenne, 300 ménages sur une année. Ces personnes bénéficient de cette aide durant une période d’un à trois mois, renouvelable jusqu’à un an. Ce sont des assistants sociaux qui déterminent la durée des périodes.

Depuis la crise de 2008, le public qui fréquente ces magasins a changé. Des personnes sans emploi, des familles monoparentales mais aussi des jeunes, phénomène récent, viennent acheter de la nourriture dans ces superettes. « Ces dernières années, on voit des gens dont on ne pense qu’ils s’adresseront à l’aide alimentaire. Avant, il y avait des femmes mais maintenant, on voit de plus en plus d’hommes venir chez nous », précise Abdel Koutoubi. Des personnes âgées non motorisées et habitant le quartier, ou des parents faisant plaisir à leurs enfants en achetant des jouets : des situations qui motivent les travailleurs de ces magasins à continuer de se mettre au service des autres.

Choisir, comme un simple consommateur

« On n’est pas un distributeur de colis alimentaires. Donc il y a une autonomie, une forme de dignité car, ici, les personnes paient ce qu’elles achètent », explique le coordinateur des Capucines.

Dans les rayons, différents produits se côtoient : des légumes aux fruits en passant par des biens non alimentaires. Avoir le choix, c’est ce qui différencie une épicerie sociale d’un colis alimentaire. Quand une famille se trouve dans une situation de précarité, le fait de ne pas savoir payer sa nourriture, peut être vécu comme une humiliation, et amène à une perte de confiance. Payer ses achats, même à un prix réduit, et choisir ses produits, comme un simple consommateur, permet de préserver la dignité des personnes en difficulté financière.