La scolarisation des enfants roms : un problème sans fin Retour au bruxelles bondy blog
Des enfants roms sont intégrés au cours de français
Bruxelles Bondy Blog

La scolarisation des enfants roms : un problème sans fin

6.500 personnes d’origine rom vivent à Bruxelles. Des familles entières venues principalement de Roumanie et de Slovaquie. La scolarisation de leurs enfants constitue un réel enjeu d’intégration pour elles mais aussi pour la société belge.

par Ornella Diaz, Céline Emmerechts et Eden Krsmanovic

La scolarisation des enfants

L’école des Jardins d’Elise, à Ixelles, prend en charge depuis un an quelques enfants de familles migrantes.

L’institutrice en charge de la troisième année primaire, enthousiaste par l’arrivée des enfants, la voit aujourd’hui comme une difficulté. « Il n’y a pas vraiment de répondant », confie-t-elle. « C’est difficile de gérer tout le groupe-classe et la petite Svetlana, d’origine Rom, qui n’est pas du tout indépendante et qui ne voit pas la même matière. » En septembre de l’année 2013, cette école accueillait neuf enfants Roms. Plusieurs dispositifs ont été mis en place pour leur intégration, mais des problèmes persistent. La directrice de l’établissement a vu son optimisme régresser au fur et à mesure des mois : « Ca a fonctionné plus ou moins bien jusqu’à décembre, mais à partir de là, les enfants sont venus plus rarement à l’école. »

Les enfants finissent par rater un grand nombre de cours pour différentes raisons. « Parfois, ils vont avec les parents faire "des courses", c’est-à-dire, faire les poubelles. Ils vont donc dormir très tard et ne savent pas se lever le matin. De plus, il n’est pas rare que les contrôles dans les transports en commun les renvoient chez eux. A cela s’ajoutent les problèmes de chaussures, de vêtements interchangés ou encore les soucis d’argent pour payer l’une ou l’autre activité liée à l’école. » Luc Bolssens, président de l’association « Roms en Roms », voit l’absentéisme des enfants comme un problème récurrent. Ces associations servent de médiateur entre les familles et les écoles afin d’impliquer les parents dans la scolarité de leurs enfants. Ce qui n’est pas toujours facile.

Un cercle vicieux

Ces familles sont prises dans une spirale sans fin. Par manque de logement, ils sont dans l’incapacité de trouver un travail. Par manque de travail et donc d’argent, ils sont dans l’incapacité de trouver un logement.

Contrairement à une idée reçue, seulement 5% de la population Rom est nomade et choisit de se déplacer. C’est uniquement faute d’habitation fixe que les Roms sédentarisés doivent faire face à l’errance. Ils sont régulièrement contraints de bouger d’un squat à l’autre car les expulsions sont fréquentes. Dans un squat au bord de l’expulsion, ces pères de familles nous expliquent les difficultés rencontrées lors de la recherche d’écoles pour leurs enfants :

Selon la directrice de l’école, tout enfant, quel que soit son milieu, a droit à une scolarité normale. Et pourtant, le renouvellement de leur inscription n’est pas certain. Quelques enfants ont vu leur dossier refusé pour cette nouvelle année scolaire. En cause : l’absentéisme, le retard scolaire, les agressions de l’extérieur de l’école, bagarres. Elle voit se former dans son école, une sorte de « ghetto » qui peut se révéler nuisible pour leur intégration, mais aussi pour le restant des élèves, explique la directrice.

Quelles solutions?

La titulaire de la classe Daspa (Dispositif d’aide et de soutien aux primo-arrivants) aux Jardins d’Elise souligne le fait que d’autres structures devraient être mises en place :

Ce n’est pas une culture facile à appréhender donc l’idéal serait qu’un enseignant soit détaché auprès de ces familles pour donner cours aux enfants.

Avec les politiques d’enseignement et d’immigration en place, ce problème semble être sans fin. L’errance étant la cause principale du problème d’intégration, ce cercle vicieux devrait prendre fin dans l’attribution d’un revenu minimum aux personnes roms, leur permettant de trouver un logement. A ça devrait s’ajouter un accompagnement social et une aide à la recherche d’emploi. Ces questions résolues, il y aurait une amélioration directe sur l’intégration scolaire des enfants migrants qui auraient un milieu beaucoup plus stable dans lequel évoluer. Un programme bien loin des préoccupations actuelles.