Les blogs de la rédaction

30
Sep
2016

Après Deux Jours Une Nuit, leur dernier film prend des couleurs de thriller autour d’une nouvelle héroïne féminine

Après Cannes, Luc et Jean-Pierre Dardenne débarquent à Namur pour présenter Une Fille inconnue.

Les frères Dardenne se lancent dans le thriller avec La Fille inconnue

Quand à 20h05, la jeune docteure Jenny Davin entend sonner à la porte son cabinet, elle interdit à son stagiaire d’aller ouvrir. On n’ouvre pas aux patients une heure après la fermeture. Le lendemain, la police frappe à sa porte. Une jeune fille a été retrouvée sans vie sur une berge de la Meuse, à quelques pas de son lieu de travail. Celle qui sonnait, la veille. Prise de culpabilité, la médecin se lance dans une quête névrosée pour retrouver le nom de la victime, que rien ne permet d’identifier.

Adèle Haenel en médecin des consciences

Les Dardenne sont passés maîtres dans l’art de représenter les couches sociales défavorisées de Wallonie. Ici encore, l’œuvre dépeint la violence physique et psychologique que subit Jenny Davin. Armée d’une simple photo de la jeune fille inconnue, elle interroge ses patients, fouine dans les recoins les plus sombres de son quartier. On l’agresse, on la bouscule, mais elle tient bon.

Là où Marion Cotillard se relevait péniblement d’une dépression dans Deux Jours Une Nuit pour se battre et garder son travail, le personnage d’Adèle Haenel est fort dès le début, mais doit puiser dans ses ressources pour ne pas se laisser abattre. Son combat pour la vérité et pour la dignité de cette adolescente, dont la mort lui ronge la conscience, ne la mène pas vers un changement personnel, comme dans le précédent Dardenne, mais vers une absolution des autres. Ceux qui refusent de parler, de se confesser, d’avouer finissent par revenir vers elle, ébranlés par sa droiture.

« C’est un docteur insomniaque », disait Luc Dardenne dans une interview sur Canal+. « Elle refuse l’endormissement, le sommeil général qui laisse mourir quelqu’un. » En nageant à contre-courant, contre l’indifférence ou la brutalité de ceux qu’elle interroge, le personnage d’Adèle Haenel nous rappelle qu’en décidant d’agir, on peut changer les choses.

Un thriller en demi-teinte

Les lumières feutrées d’un cybercafé glauque, les scènes de violence haletantes, les menaces « Ne viens plus nous emmerder avec la photo de cette gamine ! » emmènent le film dans les recoins malfamés du genre policier. Mais le côté « enquête » de l’œuvre ne prend qu’à moitié. Les premiers pas de la jeune médecin sont exaltants. On la voit interroger patient après patient, méticuleusement, dans une dynamique répétitive, mais enrichissante. Les consultations-interrogatoires tiennent le public en haleine en dévoilant petit à petit les indices tout en laissant entrevoir l’humanité du personnage dans ses rapports avec les malades.

Rapidement, cependant, l’histoire arrive dans un cul-de-sac et tourne en rond. L’héroïne interroge inlassablement différents membres d’une même famille, la mère, le fils, puis le père qui, tour à tour, refusent de se confier avant de revenir d’eux-mêmes dans son cabinet lui donner de précieuses informations. Quand ces témoignages ne pourront plus faire avancer l’enquête, la situation se résoudra presque d’elle-même, en une fin précipitée. Certains y verront le résultat de l’insistance de Jenny et de sa force de caractère, d’autres une tentative de thriller à moitié avortée, puisque dans le genre, l’apogée se situe toujours dans la conclusion.

Charte des commentaires

Le contenu des commentaires ne doit pas contrevenir aux lois et réglementations en vigueur. Sont notamment illicites les propos racistes, antisémites, diffamatoires ou injurieux, divulguant des informations relatives à la vie privée d’une personne, et utilisant des œuvres protégées par les droits d’auteur (textes, photos, vidéos…) sans en mentionner la source. La rédaction du BBB se réserve le droit de supprimer tout commentaire susceptible de contrevenir à la présente charte, ainsi que tout commentaire hors-sujet, répété plusieurs fois, promotionnel ou grossier. Par ailleurs, tout commentaire écrit en lettres capitales sera supprimé d’office. Les commentaires sont modérés a priori.

Laisser un commentaire

Lire les articles précédents :
Morgane Lion et Anne-Sophie Piron
Les reporters du Bruxelles Bondy Blog à l’assaut du FIFF

Nous sommes 16 étudiants du Bruxelles Bondy Blog à avoir débarqué à Namur ce 30 septembre. Nous y resterons jusqu'au 6 octobre pour...

Fermer