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05
Oct
2016

Dans "Une jeune fille de 90 ans", Valeria Bruni Tedeschi et Yann Coridian montrent, de façon touchante, qu'il n'y a pas d'âge pour vibrer.

Extrait du documentaire "Une jeune fille de 90 ans".

L’amour n’a pas d’âge

Au service de gériatrie de l’hôpital Charles Foix d’Ivry, les années des pensionnaires passent comme un fleuve qui coule sans fin. Si bien qu’ils ne savent même plus depuis combien de temps ils sont là. Est-ce la faute de cette maladie dont ils sont prisonniers, Alzheimer ? Blanche Moreau n’a plus le goût de vivre, jusqu’au jour où son chemin croise celui de Thierry Thieû Niang, chorégraphe de renom, qui anime un atelier de danse avec les patients.

« Une jeune fille de 90 ans »  de Yann Coridian, co-réalisé avec Valeria Bruni Tedeschi, nous installe confortablement dans ce service. Visages figés, expressions absentes et corps inertes sont les premières images qui s’offrent aux spectateurs. Telle une scène de film d’épouvante les protagonistes affichent des mines marquées par la vieillesse, à la limite de la déchéance. Des scènes dans lesquelles se croisent l’abandon de la lutte contre la vie et l’envie d’en explorer la beauté. Ce documentaire n’est pas là pour nous montrer les bienfaits de la musique et de la danse et encore moins pour nous faire découvrir le fonctionnement d’un service de gériatrie. Celui-ci nous apprend que l’amour n’a pas d’âge.

Quand s’entremêlent déchéance et beauté

Le documentaire s’ouvre sur un gros plan de Blanche. On découvre une dame âgée, frêle et sans émotion. « Vous n’avez rien mangé ; Mangez au moins les légumes… », lui lance l’infirmier. Elle n’a plus goût à la vie. Accompagnée de sa canne, l’infirmier la reconduit jusqu’à sa chambre dans laquelle la lumière peine à trouver une place.  C’est là qu’intervient Thierry, qui anime l’atelier de danse. A travers lui au fil des échanges de regards et des contacts physiques, Blanche sourit à nouveau. Elle qui n’avait plus l’intérêt de parler nous surprend à dialoguer avec le chorégraphe, « ça te plait toi cette ambiance de merde ? ». Elle en tombe même amoureuse. On assiste, ravi, au triomphe d’un amour qui parfois amène un malaise, mais qui s’oublie vite car il nous rend spectateur de membres inertes qui reprennent vie.

La musique s’installe au fur et à mesure qu’on découvre les vies qui s’animent. Le documentaire se ponctue de plans rapprochés de visages qui s’harmonisent, de pieds qui s’agitent au rythme de la musique et surtout des mains, abimées par le temps, qui se prennent, qui se caressent et qui s’étreignent. Des plans larges montrent cette histoire d’amour qui évolue. Tout au long du long métrage, le spectateur est invité à écouter ce dialogue entre Blanche et Thierry. Un dialogue qui s’exprime par des échanges de regards et à travers les corps qui dansent, tout cela enveloppé de musiques qui parlent d’amour (Un año de amor, La vie en rose,…). Blanche propulsée par ce jeune homme, qu’elle définit de beau caïd, délaisse sa canne et, malgré son Alzheimer, se surprend à se souvenir du passé.

Une co-réalisation réussie

Valeria Bruni Tedeschi (L’amoureuse, Folles de joie) et Yan Coridian (auteur de Entrée, plat, dessert) ont relevé le défi de parler d’amour sans tomber dans le classique à l’eau de rose. A mi-chemin, Thierry se rend compte de l’attachement particulier que lui porte cette vieille dame et juge que cette histoire d’amour à sens unique va trop loin. Il prend ses distances. Blanche à nouveau prisonnière de son mouroir passe ses journées dans sa chambre, restée dans le noir. Il revient. Elle accepte de partager cet homme dont elle est amoureuse. Elle se contente du sourire que cet amour a redessiné sur son visage. Les réalisateurs sont parvenus à montrer avec brio que tomber amoureux est « magnifique » (C’est le qualificatif utilisé par un des membres du jury du FIFF à la sortie de la salle.). Surtout à 90 ans. La maladie et la vieillesse ne sont pas incompatibles avec l’amour. C’est peut-être ça la maladie d’amour…

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