Synopsis
« Cédric, 32 ans, habite toujours chez ses parents. Lors d’un repas de famille, sa sœur, Caroline, annonce sa grossesse. Une nouvelle qui ravive chez le trentenaire le sentiment de préjudice dont il se sent victime depuis toujours. Au fil du dîner, son ressentiment se mue peu à peu en colère ».
Critique
Dès les premières minutes, le décor est planté : Cédric se sent isolé dans sa famille. Il est mal à l’aise. Son problème ? La communication. Le trentenaire ne sait pas quoi dire, et lorsqu’il parle, ce n’est jamais pour dire ce qu’il faut, ce qu’on attend de lui. Lorsque sa sœur lui annonce sa grossesse, il sanglote avant de lui demander si elle peut avorter.
Sa mère (Nathalie Baye) est exaspérée, son père (Arno) ne sait pas quoi faire, sa sœur (Ariane Labed) ne peut plus le supporter et sa belle-sœur (Cathy Ming Jun) en a peur. Le seul qui semble pouvoir le maîtriser est son frère, Laurent (Julien Baumgartner). Cédric est différent et sa famille ne sait pas comment appréhender son comportement. Interprété par Thomas Blanchard, Cédric est qualifié de « chiant », « pénible », « pas normal », « inapte » à plusieurs reprises par Caroline. C’est une question que le spectateur se posera tout le film, sans jamais vraiment obtenir de réponse.
La différence
L’un des thèmes principaux abordés dans Préjudice est la différence. C’est elle qui provoque des tensions et des disputes au sein de la famille. Lorsque Cédric parle, sa mère et sa sœur tentent tant bien que mal de l’ignorer. Elles préféreraient tellement qu’il se taise.
Rejeté par sa propre famille, Cédric explose. Le spectateur est tiraillé. Si les réactions de la mère et de la sœur sont compréhensibles, elles n’en restent pas moins injustes à certains moments. On ne peut s’empêcher de compatir avec Cédric.
C’est ce tiraillement que ressent d’ailleurs la mère de Cédric. D’après Thomas Blanchard, « il est à la mesure de l’amour qu’elle peut lui porter. Plus cet amour est grand, plus la haine ou la détestation peut être grande. » Une haine d’autant plus forte qu’elle ira jusqu’à dire à son fils qu’il lui a « retiré le bonheur d’être mère ».
Petit bémol
Si le jeu des acteurs est juste à tout instant, on peut déplorer que les scènes sont trop souvent tirées en longueur, dans un silence qui met le spectateur mal à l’aise. Le choix des musiques lors des moments de tension est inadéquat : des sons de rites tribaux africains gâchent les disputes cruciales du film.
Des défauts qui n’empêchent pas le spectateur de s’imprégner de l’histoire. Préjudice nous embarque dans un grand moment d’émotion qui nous permet de mieux réfléchir à la place des personnes « différentes » dans la famille et la société.