Synopsis
Sandra Bagaria, une jeune femme de Montréal, et Amina Arraf, Américano-Syrienne, vivent une histoire érotique en ligne. Au début de la révolution syrienne, Amina décide d’écrire un blog intitulé A Gay Girl in Damascus (Une fille lesbienne à Damas). A cause de son orientation sexuelle et de ses propos, Amina est kidnappée, ce qui provoque une mobilisation internationale. Mais qu’en est-il réellement ?
Le documentaire Le Profil Amina de Sophie Deraspe, présentée dans le cadre du FIFF Campus, est bien plus qu’une histoire réelle. Une œuvre, à l’esthétique travaillée, qui invite à la réflexion sur les réseaux sociaux, la vérification des informations et les conditions de vie d’une minorité sexuelle dans un pays hostile.
Critique
Être homosexuel est loin d’être facile. Encore moins lorsque vous vivez dans un pays hostile à cette orientation sexuelle. A travers l’histoire d’Amina et ses échanges de messages avec Sandra, l’angoisse de vivre en tant que lesbienne en Syrie devient compréhensible. Utiliser Skype est interdit explique Amina à Sandra, sa petite amie. Il faut constamment se cacher et ne pas se révéler tel que l’on est. La méfiance et la peur d’être sur écoute transparaissent dans les messages de la jeune Syrienne à sa compagne.
En plus de cette situation de vie délicate, le documentaire montre la tension qui règne dans le pays, due aux soulèvements populaires. Des extraits de vidéos amateurs, d’un étrange réalisme, plongent le spectateur au cœur de ces révoltes qui ont secoué le pays en 2011.
Informer et partager sans vérifier
Amina Arraf ne veut plus se cacher. Elle décide de révéler au monde entier son orientation sexuelle et les conditions de vie en Syrie. Elle ne veut pas fuir le régime mais le dénoncer. Les articles de son blog sont publiés, partagés et reliés au niveau international. Son blog et son visage font la Une dès qu’il s’agit de la Syrie.
Mais la menace du régime se fait de plus en plus pesante et Amina se fait kidnapper. La mobilisation pour sa libération est mondiale. Les médias font circuler l’information et augmentent l’engouement. Il a suffi d’une photo de la jeune femme diffusée sur les chaînes de télévision pour que le mythe s’effondre.
L’illusion des réseaux sociaux
Mais qui se cache derrière un profil Facebook ou un blog ? Qui parle derrière son écran d’ordinateur ou, aujourd’hui, de téléphone ? Le Profil Amina incite à se poser ces questions d’actualité, à l’heure où les réseaux sociaux font partie intégrante de nos vies.
Amina est en fait un homme, Tom Macmaster. Rien, ni le blog ni le profil Facebook, n’était réel. Personne, même pas les médias, n’ont pensé à vérifier qui était réellement Amina et si elle existait.
Projeté dans le cadre du FIFF Campus, le film a marqué les étudiants présents dans la salle. Ambre, élève en 4ème secondaire à l’IATA (Institut d’enseignement des arts techniques, sciences et artisanats) à Namur, est consciente des dangers que peuvent représenter les réseaux sociaux et du côté irréel de ceux-ci. Le film Le Profil Amina, qu’elle a visionné avec sa classe, a confirmé sa prudence face à l’usage des réseaux sociaux.
Des conséquences multiples
Pour Sandra, la révélation du canular signifie la fin de sa relation avec Amina. Le film montre le pouvoir destructeur potentiel des réseaux sociaux et l’impact de ceux-ci sur une vie. Sandra sort meurtrie de cette relation remplie d’illusions.
Amina était devenu un symbole, voire une icône, pour la communauté homosexuelle en Syrie. La fin du mythe n’a pas amélioré leurs conditions de vie. Au contraire. Le film Le Profil Amina explique que le gouvernement syrien a accusé les pays occidentaux d’avoir créé le profil et le blog. Le but : noircir l’image du pays. Amina Arraf, un mensonge, une illusion aux conséquences bien réelles.