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Photo de l'actrice Ana Maria Guran
05
Oct
2015

Lumea e a mea, de Nicolae Constantin Tanase, dresse le portrait d’une jeunesse roumaine en quête de reconnaissance.

Ana Maria Guran, 20 ans, interprète Larisa dans le long métrage "Lumea e a mea" de Nicolae Constantin Tanase, présenté en compétition première oeuvre du FIFF.

Lumea e a mea : l’insouciance brisée de la jeunesse roumaine

Durant près de deux heures, Larisa, une adolescente de 16 ans, évolue dans une famille éclatée. Elle vit dans un petit appartement avec sa mère, son beau-père violent et sa grand-mère malade dont elle prend soin. « En Roumanie, beaucoup d’enfants sont confrontés très tôt à des situations comme celle-là, explique Ana Maria Guran, qui incarne le personnage dans Lumea e a mea (« Le Monde est à moi« ) de Nicolae Constantin Tanase. Parfois, ils doivent faire preuve de plus de maturité que leurs propres parents. La famille est très importante dans mon pays. »

Avoir tout, à tout prix

La jeune fille veut faire partie de ce monde qui n’est pas le sien. L’intégration est au centre de ses priorités : « Elle veut ce qu’il y a de mieux. Certaines personnes pensent comme elle mais ce n’est pas mon cas, confie Ana Maria, 20 ans. Elle veut ce qu’elle n’a jamais eu. C’est-à-dire être populaire, riche et sortir avec Florin, l’amour de sa vie. Lui, ne la considère que comme une fille de passage et va d’ailleurs la laisser tomber. C’est un autre choc pour Larisa. » 

L’argent comme échappatoire

Menacée par Ana, une camarade de classe jalouse de sa relation avec Florin, Larisa va être victime de sa condition sociale. Pour l’actrice, la quête de pouvoir et le rapport à l’argent sont intimement liés dans Lumea e a mea : « Ana vient d’une famille aisée. Son père a beaucoup d’argent, ça lui donne du pouvoir, il peut tout se permettre. Il est aussi très influent dans l’école. Ce n’est pas le cas de Larisa. Quand Ana et elle se battent, c’est Larisa qui est mise en cause. Ici, Ana s’en sort parce que c’est une “fille bien”. »

À l’heure des réseaux sociaux, la réputation en première ligne

L’adolescente va se faire aspirer dans une spirale infernale. Après la dispute provoquée par sa rivale, c’est Larisa qui se retrouve mise en cause suite à la publication d’une vidéo sur Youtube. Convoquée par le directeur de l’école, elle explose et s’en prend violemment à son ennemie qui l’a poussée à bout. Elle se réfugie chez une amie pour échapper à la colère d’un beau-père inquiet pour son image.

D’abord victime des réseaux sociaux, elle va s’en servir pour exister et se venger : « Mon personnage se met en scène sur Internet. Après son altercation avec Ana, elle poste une vidéo sur son mur Facebook. Pour elle, c’est une façon de prouver qu’elle est la meilleure, qu’elle est au-dessus de sa rivale », explique Ana Maria.

Larisa atteint les sommets, mais se brûle les ailes

Larisa va intégrer la bande qu’elle a tant espéré rejoindre. Si elle croit avoir trouvé sa place, la suite représente un nouveau traumatisme pour la jeune femme. Selon Ana Maria, ce choc était nécessaire : « Larisa s’en sort mais elle n’est plus la même. Ça lui permet de grandir, de devenir adulte. La fin du film est un choc et je pense que le spectateur ressort aussi marqué qu’elle. » 

Une grande liberté de jeu

Le réalisateur a laissé beaucoup de marge à ses comédiens, raconte Ana Maria : « Nous avons eu quelques scènes d’impro. C’est mon premier film donc je ne savais pas trop comment faire, je posais beaucoup de questions sur la façon de jouer. Nae (Nicolae Constantin Tanase, NDLR) ne nous a pas juste donné le texte et attendu qu’on se débrouille. Il nous a expliqué ce qu’il attendait de nous. Il nous a fait confiance et je crois que ça a plutôt bien fonctionné. »

La réussite du cinéma roumain

Lumea e a mea offre un regard honnête et juste sur une jeunesse en perte de repères. Pour l’actrice, si le cinéma roumain, récompensé par trois Bayard d’Or du meilleur film depuis 2010, a tant de succès, c’est grâce aux thèmes qu’il aborde : « On parle de ce que l’on voit. Les films réalisés parlent de sujets importants pour les Roumains. Nous sommes les mieux placés pour en parler et je crois que c’est pour cela qu’il est si apprécié à l’étranger. »

Retour sur le parcours de la jeune comédienne

Lumea e a mea est le premier film dans lequel joue Ana Maria, âgée de 17 ans lors du tournage : « J’étais très jeune à l’époque. Les autres acteurs qui tournaient avec moi avaient pour la plupart à peine 15 ans. » Premier rôle dans le film, c’est un peu par hasard qu’elle a rencontré le réalisateur : « J’étais à un festival de cinéma en Roumanie et Nae (Nicolae Constantin Tanase, NDLR) est venu me voir. Il m’a proposé de tourner dans son film. J’ai lu le scénario, j’ai passé le casting et j’ai été prise. » L’actrice avoue s’être en partie identifiée au personnage : « En découvrant l’histoire, j’ai tout de suite su que je voulais jouer le rôle de Larisa. Elle est différente de moi, mais je me suis reconnue dans sa force de caractère. »

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