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Trois acteurs rient dans un bar, avec des bières sur une table
09
Oct
2015

Le film des frères Malandrin relate le récit d'un périple vers le deuil.

Bouli Lanners, au centre, incarne Yvan dans le film des frères Malandrin.

« Je suis mort mais j’ai des amis » : rire de tout, même de la mort

A bord de leur van rouge, Wim, Yvan et Jipé, trois amis de toujours, sillonnent les bars belges sous le nom de groupe « Grand Ours ». Partout où ils entrent, les chaises volent et les guitares crissent. Alors qu’ils se préparent à franchir l’Atlantique pour une tournée à Las Vegas, Jipé décède de manière aussi absurde que brutale. Yvan et Wim découvrent alors l’homosexualité de leur ami en faisant, par hasard, la rencontre de Dany, militaire et compagnon de Jipé depuis cinq ans. Toujours déterminés à mener à bien la tournée dont ils rêvaient tant, les deux comparses partent pour l’Amérique, en emmenant Dany dans la foulée. Une aventure dont ils ne sortiront pas indemnes …

Du rire aux larmes

Avec Je suis mort mais j’ai des amis, les frères Malandrin signent leur deuxième réalisation commune avec ce road-movie décoiffant. On y retrouve leur acteur fétiche, le baroque Bouli Lanners. Avec son compatriote Wim Willaert, ils forment un duo loufoque et détonant sur fond de hard rock.

C’est en effet sur le ton de la comédie que les réalisateurs ont choisi d’aborder le thème du deuil. Un pari osé mais pour le moins réussi. Toute la trame du récit tourne autour d’une quête : s’approprier l’urne contenant les cendres de Jipé, ou plutôt le seau de sirop de Liège dans lequel Wim et Yvan ont versé celles-ci. Tous les coups sont permis pour y parvenir. Mais peu à peu, jetées dans un barbecue, snifées comme un rail de coke ou mangées dans un croissant, les cendres s’éparpillent au fil des kilomètres.

Sous ses faux airs de comédie aux blagues potaches, le film donne à voir des personnages aussi profonds qu’attachants. Ces vieux adolescents bruts de décoffrage laissent peu à peu transparaître leurs failles et c’est un régal. Des fous rires qui emportent même les spectateurs, aux larmes sur lesquelles aucun mot ne peut sortir, les personnages se livrent avec une simplicité déconcertante.

Une ode à la joie de vivre

Je suis mort mais j’ai des amis, c’est aussi une épopée vers le Grand Nord, à travers des lacs à perte de vue. Ce sont des paysages qui défilent à toute allure, au rythme des rencontres et des confidences. Voyage dans des lieux que rien ne semble troubler. Voyage dans les tréfonds de l’âme humaine, là où peu de cinéastes sont parvenus à pénétrer avec si peu d’artifices.

Mais c’est surtout une ode à la joie de vivre. Les cultures s’entrechoquent, les accents des personnages rayonnent. La musique est complice de chaque instant, toujours plus joyeuse et résolument rock’n’roll. L’humour ponctue tous les échanges dans cette sphère où même le vomi, la sueur et la bière deviennent poétiques. Dès les premières secondes du film, Jipé chantait lors d’un concert « Je suis seul, toujours seul ». La suite du récit nous a prouvé qu’il avait tort.

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