Bora, Cambodgien de 18 ans, quitte sa campagne pour aller travailler en ville. Diamond Island, le paradis des riches en perpétuelle expansion sur les rives de Phnom Penh. Hier, il n’y avait que du sable ; aujourd’hui, les immeubles de luxe poussent comme des mauvaises herbes. Ville en chantier permanent, elle abrite deux réalités. Deux jeunesses qui évoluent dans des dimensions différentes. D’un côté, les fils de riches, cools, stylés et se promenant à moto. De l’autre, les ouvriers qui, comme Bora, ont tout quitté pour venir travailler sur le chantier dans des conditions misérables.
Dans le vrombissement des deux-roues
Le film ne se fait pourtant pas dénonciation des inégalités. Davy Chou aime la complexité. Il ne réduit pas ses personnages à une incarnation d’un message social. Il leur donne la possibilité de rêver. Même si plus tard, la bulle de leurs illusions éclate et certains se retrouvent déçus. Un soir, par hasard, Bora retrouve son frère qu’il n’a pas vu depuis cinq ans. Solei est passé dans l’autre dimension. Il sort avec des jeunes cools, il est stylé et il a une moto. Il initiera Bora a cet univers qui vibre. La nuit, les néons, le vrombissement des deux-roues, la musique. Le tourbillon.
Une modernité à double tranchant
Le film se présente comme une ode à la modernité, tout en étant une critique sévère de celle-ci. Son esthétisation exacerbée dans la mise en scène de Davy Chou traduit cette dualité. Belle et virtuelle. On s’émerveille avec Bora devant les opportunités qu’elle semble offrir. On la hait lorsque l’on s’aperçoit que ce ne sont que des promesses vides. Elle est à la fois source d’espoir et de tristesse.
Solei, un modèle illusoire
Le symbole de cette modernité trompeuse, presque monstrueuse, c’est Solei, le grand frère de Bora. Il devient comme un modèle pour l’adolescent de 18 ans.
Le personnage de Solei, interprété par Nov Cheanick, est pluridimensionnel. Il est le moteur de cette volonté de faire partie du monde libéral et globalisé. Il incarne également le capitalisme froid et destructeur. On sent une part de nostalgie. La tristesse de celui qui sait qu’il vend un rêve éteint.