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04
Oct
2016

Eve Duchemin, la réalisatrice belge, plonge le spectateur au coeur d'un centre pénitentiaire. Un récit vrai et humain.

Affiche du film "En bataille, le portrait d'une directrice de prison"

« En bataille, portrait d’une directrice de prison », insertion dans le monde carcéral

Marie Lafont est la directrice adjointe d’un centre pénitentiaire à Liancourt, en Picardie. A 35 ans, elle dirige d’une main de fer pas moins de 800 détenus et 400 employés et ce, depuis 4 ans. Sa fonction consiste à les accompagner dans cette épreuve qu’est l’incarcération. Elle se doit de les écouter, de les aider à passer ce cap, de les sanctionner quand ils enfreignent les règles et de « faire en sorte que tout se passe le mieux possible ».

Eve Duchemin, la réalisatrice du documentaire En bataille, portrait d’une directrice de prison, nous plonge dans la vie de cette femme qui consacre énormément d’énergie à son travail, parfois même trop. La cinéaste met subtilement en évidence les choix et les concessions que la directrice doit faire pour pouvoir assumer son rôle jusqu’au bout. Ce métier éprouvant l’est parfois à un point tel qu’elle se voit obligée de mettre sa vie personnelle entre parenthèses.

« Se montrer solide coûte que coûte »

De nature timide, Marie Lafont éprouve une gêne à converser à propos de son métier. C’est la raison pour laquelle elle a préféré ouvrir les portes de sa prison aux caméras. D’apparence douce, gentille et frêle, elle se voit rapidement dans l’obligation de se forger une carapace et d’arborer un visage autoritaire dans l’espoir de se faire respecter. « Il faut gommer tout ce qui est fragile et se montrer solide coûte que coûte », confie-t-elle.

Le point fort de ce long métrage réside dans le fait qu’il propose une intense réflexion sur la réinsertion professionnelle, le sexisme au travail ainsi que les stéréotypes des métiers genrés. Outre ces différents thèmes, Eve Duchemin pose la question de la place de la femme dans la société. A l’heure où le monde carcéral est plutôt difficile à approcher, la réalisatrice belge est parvenue à se frayer un chemin au sein de cet univers. Elle en profite pour dresser le portrait de cette meneuse carcérale.

Un témoignage authentique

Le documentaire est rythmé par les différentes interventions des détenus qui découpent en plusieurs séquences le portrait de Marie Lafont. La réalisatrice alterne les moments bruyants liés aux entretiens, où la tension est palpable, et les moments plus calmes, où Marie nous accueille chez elle en toute simplicité et humilité. Chez elle, tout est ouvert contrairement aux murs et portes de la prison dans laquelle elle est constamment enfermée. La sensation de claustrophobie est tangible. Les plans se resserrent alors sur Marie Lafont pour nous livrer un témoignage authentique. Cette dernière fait alors sauter sa carapace et se livre pleinement aux spectateurs. Ce sont des moments forts que nous offrent Eve Duchemin et Marie Lafont. Toute pudeur ayant pu exister jusque-là disparait et laisse place à une vague d’émotions et à un profond sentiment de solitude.

Malgré que le documentaire mène le public à la réflexion avec brio, il le laisse cependant sur sa faim. Le personnage de Marie Lafont est attachant et on s’attend à en apprendre davantage. Néanmoins, En bataille, le portrait d’une directrice de prison a le mérite de ne pas faire preuve de voyeurisme.

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