Zahira est une fille comme tout le monde. Elle sort avec ses amis, a des relations et aime sa famille. La chose qui lui tient le plus à cœur, c’est sa liberté. D’origine pakistanaise, sa famille vit en Belgique depuis des années. Sa vie bascule le jour où ses parents lui annoncent qu’elle va devoir se marier avec un homme qu’ils ont choisi. Elle va se retrouver dans une situation délicate avec, d’un côté, l’honneur de sa famille avec les traditions de son pays d’origine et, de l’autre, sa liberté et son envie de pouvoir choisir le garçon qui lui plait. Son frère Amir, partagée entre le pression mise par son père et l’amour pour sa soeur, va tout faire pour arranger la situation.
A l’image de ses précédents films, Stephan Streker offre un nouveau drame fort. On lui connaissait un amour pour les histoires avec des thèmes très durs, avec par exemple la désillusion hollywoodienne dans Michael Blanco et la réinsertion des prisonniers dans Le Monde nous appartient. Il continue dans cette lancée avec la problématique du mariage forcé.
Un mélange de jeunesse et de talent
Après Le Monde nous appartient, avec Vincent Rottiers et Ymanol Perset, Stephan Streker a une nouvelle fois choisi deux jeunes comédiens pour ces rôles principaux. Les acteurs Lina El Arabi, remarquée dans le téléfilm Ne m’abandonne pas, et Sébastien Houbani sont absolument époustouflants dans cette relation frère-sœur. Ils ont d’ailleurs tout deux été désignés meilleure actrice et meilleur acteur du dernier Festival du film francophone d’Angoulême.
Le personnage de Zahira respire le courage et la joie de vivre. Elle reste cependant très humaine dans sa lutte contre cette injustice sans vouloir blesser sa famille. Il n’y a pas de jugement dans la manière de filmer de Stephan Streker. Chaque personnage a le droit de défendre ses idées. Le réalisateur nous montre tous les soucis de la situation en ne prenant part pour aucun des partis. Il veut nous laisser tous les éléments pour que l’on puisse juger par nous-mêmes.
De l’esthétisme en couverture de drame
Stephan Streker retrouve les pratiques auxquelles il nous avait habitués dans ses anciens films. Des plans de nuit qui donnent à la narration un côté mélancolique mais également très poétique. Un esthétisme travaillé avec des images très colorées, le tout sur un ton extrêmement sérieux. Les gros plans sont une nouvelle fois nombreux. Un choix scénaristique qui rapproche le spectateur des protagonistes, les rendant d’autant plus attachants. Le film compte peu de musiques, contrairement à l’univers musical créé par Ozark Henry dans Le Monde nous appartient. Cette absence de tapis musical nous met face aux faits sans aucun artifice et rend la trame beaucoup plus réaliste et moins fictionnelle. Un récit avec une tension palpable autour d’un mariage, plus pour le pire que pour le meilleur.