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06
Oct
2016

Philippe Claudel est venu à Namur pour donner une leçon sur le scénario de cinéma aux cinéphiles.

Philippe Claudel répond aux questions de Delphine Noëls devant le public.

Pour Philippe Claudel, il faut repenser le cinéma

Lors de la 31e édition du Festival international du film francophone de Namur, il n’y a pas que des films à l’affiche. Il y a également des ateliers prévus pour initier les spectateurs au cinéma et leur permettre de découvrir les secrets du travail de cinéastes. La salle 4 du Caméo était bien remplie, les spectateurs étaient nombreux pour assister à la conférence de Philippe Claudel, venu donner une leçon de cinéma. Claudel, on ne le présente plus. Bayard d’Or du meilleur scénario l’an dernier pour Une enfance, l’auteur est déjà familiarisé avec le festival namurois. Scénariste (avec déjà quatre films sortis en salle), écrivain (récompensé de nombreux prix dont le prix Renaudot en 2003) et également maitre de conférence à l’Université de Lorraine, Philippe Claudel a de nombreuses cordes à son arc. Suite à son passage furtif à Namur, il a pris le temps de venir parler de son dernier film et de répondre aux quelques questions du public.

L’écriture d’une histoire, comment ça vient ?

PC : « Mon amour pour le cinéma et l’écriture me vient de ma plus tendre enfance J’ai commencé très tôt. Issu d’une famille modeste, je me suis fabriqué une fausse caméra pour capter des moments précieux avec mes amis. Mais sans pellicule bien sûr (rire). Il faut noter que c’est différent de raconter avec des mots ou avec des images. Il est plus facile d’écrire des livres car la mise en œuvre n’est pas très onéreuse. Personnellement, je n’adapte jamais des romans car je suis incapable de mettre en mots des histoires racontées en images. »

Comment nait un scénario, ce squelette indispensable ?

PC : « Tout d’abord, il faut vouloir traiter un sujet particulier, comme l’enfermement. Il faut avoir des thématiques indécises et puis petit à petit, penser à des scènes et les pièces vont commencer à progressivement s’assembler. Ensuite, il faut penser aux couleurs, aux teintes, au format. Moi, je préfère le format 1/85, qui se rapproche le plus de la vision humaine. De plus, c’est un format un peu oublié, donc ça me permet de me différencier des autres. Par exemple, quand on parle de prison, il ne faut pas juste montrer une prison, mais bien les dégâts collatéraux qui sont vécus par le détenu, l’empathie – ou non- de l’entourage. »

Repenser le cinéma ?

PC : « Mes élèves consomment plein d’images, que se soit sur internet, sur smartphone, à la télévision, mais il ne vont plus jamais au cinéma ! Je pense qu’il faut réfléchir à d’autres formes de création et de production, car la nouvelle génération consomme autrement à présent. Dois-je penser à réaliser un film sur un Smartphone ? En tout cas, nos productions coûtent beaucoup trop chers, et ce budget n’est pas nécessaire. »

 Marion Hänsel, présente à cette conférence, a tenu à remercier de vive voix Philippe Claudel pour cette leçon durant laquelle, elle qui est parfois qualifiée de « mère du cinéma belge », a appris de nombreuses choses. Pour finir, elle n’a pas hésité à lui dire qu’elle aurait bien voulu être son élève.

 

Les phrases clés de Philippe Claudel lors de son intervention :

  • « Tous les films et les livres sont fait sur des accidents. »
  • « Nous sommes de bien petites mécaniques égarés par des infinies » Pascal.
  • « La caméra est un microscope, un objet qui dévoile, qui sera oublié par le spectateur. »
  • « Les détails créent le personnage. »
  • « Le cinéma, c’est aussi un art de l’ellipse. »

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