Besoin d’un médecin ? Les migrants doivent être patients
Merci de patienter pendant le chargement de la page

Besoin d’un médecin ? Les migrants doivent être patients

Besoin d’un médecin ? Les migrants doivent être patients

par Maxime Defays, Rémi Lach, Thomas Lecloux et Uyen Vu
21 octobre 2016

Quand, en Belgique, un malade n’a qu’à se rendre chez son médecin traitant pour se faire soigner, au Royaume-Uni, il devra prendre son mal en patience pour espérer entrevoir son docteur. Vous êtes demandeur d’asile ? Ajoutez donc une dose de difficulté.

Compliqué pour les citoyens, « injuste » pour les migrants… Voilà comment est décrit l’accès aux soins de santé en Angleterre. Mahmud s’est installé dans un camp de transit à Londres. Originaire du Soudan, il a traversé de nombreuses épreuves pour atteindre son « Eldorado » : l’Europe. Aujourd’hui, à Londres, il souhaite rencontrer un médecin mais il n’en a encore croisé aucun. Il vit dans une maison avec huit autres réfugiés. Mahmud les questionne à propos du personnel soignant. La réponse est unanime : personne n’a rencontré de docteur.

Pour les ONG, les migrants sont abandonnés par l’État et l’Europe

sante-docteur-patient_1

Illustration: Jared Rodriguez / t r u t h o u t (CC BY 2.0)

Mahmud ne souffre d’aucune maladie mais, après son parcours, il aspire juste à un check-up. Comme lui, beaucoup de migrants ont franchi de nombreux obstacles pour arriver à Londres. À leur arrivée, surprise : aucune communication ne leur est faite sur le fonctionnement du système médical britannique.

Kathryn Cassidy, chercheuse à l’Université de Londres-Est, se souvient : « J’ai été dans une clinique de chirurgie et j’ai vu quelqu’un qui semblait venir du Moyen-Orient. Il s’est adressé à l’accueil et a essayé de se faire comprendre. La réceptionniste ne l’a même pas écouté et l’a envoyé autre part. » Conséquence : les migrants ont tendance à ne pas fréquenter les services de santé. Beaucoup de malades ne reçoivent pas les soins nécessaires à temps, voire jamais.

Cette situation exaspère Don Flynn, fondateur de l’ONG Migrants’ Rights Network : « Les associations ou les ONG telles que la nôtre font tout leur possible pour aider les migrants dans leurs démarches, ce que ne fait pas le gouvernement. Ce dernier ne remplit pas ses responsabilités et ne fournit pas les informations nécessaires aux migrants. L’Europe devrait, elle aussi, développer une politique plus claire et uniforme en matière d’immigration. »

Passage obligatoire par le médecin traitant

En Grande-Bretagne, l’accès aux soins de santé est différent du système belge. Les personnes vivant en Angleterre doivent s’inscrire auprès d’un General practitioner (médecin traitant) pour se faire soigner. Cela prend au minimum deux semaines pour obtenir un rendez-vous de 10 à 15 minutes de consultation. Pour voir un spécialiste à l’hôpital ou se faire opérer (sauf urgences), le patient doit obligatoirement y être envoyé par son médecin traitant.

Pour les réfugiés, les consultations médicales sont théoriquement gratuites. Ils doivent ensuite s’inscrire auprès des General practitioners et payer, tous les mois, l’assurance médicale obligatoire. Par ce biais, ils bénéficient des soins de santé, comme tout citoyen anglais.

En Belgique, une assistance minimum
Michael Havens (CC BY 2.0)

Dans les aides que reçoivent les demandeurs d’asile, la Belgique prévoit une assistance médicale. La loi stipule que la personne peut bénéficier d’un suivi psychologique et d’un encadrement social durant toute sa démarche. Les demandeurs d’asile ont également droit à un numéro Inami (Institut national d’assurance maladie-invalidité).

Les demandeurs d’asile qui résident dans une structure d’accueil, comme la Croix-Rouge, peuvent s’adresser directement au médecin de cet établissement. Si aucun médecin ne travaille au sein de la structure, cette dernière désignera un prestataire extérieur. Dans le cas où le patient refuse ce prestataire, il devra lui-même payer les frais médicaux.

Les refugiés reconnus (statut obtenu après la procédure de demande d’asile) reçoivent, quant à eux, un certificat d’inscription au registre des étrangers. Grâce à ce document, les réfugiés peuvent avoir droit à une assurance maladie-invalidité mais aussi à une allocation d’intégration, qui leur permettra de chercher un emploi.

Laisser un commentaire