Javed a 20 ans. Il habite Oxford et travaille en tant que sous-chef dans un restaurant. À première vue, rien ne le démarque d’un autre jeune homme de son âge. Pourtant, il risque sa vie. Sur le ton de la conversation, tout en servant une délicieuse nourriture afghane préparée par ses soins, il nous raconte qu’aujourd’hui, les autorités britanniques veulent le renvoyer chez lui, en Afghanistan.
Originaire de Jalalabad, il est arrivé à 14 ans sur le sol anglais. Sa mère a vendu une partie de leurs terres pour pouvoir l’envoyer à Londres lorsque les Talibans sont venus le chercher pour l’emmener dans une de leurs « madrasa », écoles islamiques d’enseignement sunnite qui s’apparentent en réalité à des camps d’entraînement. Cela fait six ans qu’il n’a pas eu de nouvelles de sa famille.

Javed, 20 ans, est originaire d’Afghanistan. La régularisation de sa situation au Royaume-Uni est un vrai un combat administratif.
À son arrivée, Javed a demandé l’asile. Il a finalement obtenu un visa attribué aux réfugiés mineurs, à renouveler à sa majorité. Lorsque son visa a expiré, il a introduit une demande pour un visa permanent. Après une attente de deux ans, le gouvernement le lui a refusé.
Javed a décidé de se battre contre cette décision. “Je ne peux plus dormir depuis ça, j’y pense tout le temps. Toute cette paperasse, ça me rend malade”, explique le jeune homme. Il a donc fait appel en décembre 2014. Après avoir été entendu devant la Cour de Birmingham, sa demande a à nouveau été refusée. Les juges anglais ont estimé que Javed ne risquait rien s’il était renvoyé à Kaboul. “Ce qu’ils ne comprennent pas, c’est que même à Kaboul je suis en danger. Même à Kaboul, ils peuvent me retrouver.”
Depuis la décision, Javed a dépensé une fortune en frais d’avocat. Son cas a été débattu en décembre 2015 devant la Cour de Londres, où on lui a accordé une seconde audience. Il attend depuis que l’instance fixe une nouvelle date pour qu’il puisse se défendre, alors que sa situation reste irrégulière.
Des parcours d’intégration obligatoires en Belgique
Les primo arrivants en Belgique sont eux aussi soumis à diverses obligations. Parmi elles, le parcours d’intégration obligatoire. Celui-ci comprend quatre volets, tous impératifs en Flandre :
- l’accueil : un bilan social est réalisé avec le migrant. Des informations pratiques lui sont données ;
- les cours de langue (français ou néerlandais) ;
- les cours de citoyenneté : le migrant apprend le fonctionnement des institutions belges, ainsi que les droits et devoirs de toute personne résidant en Belgique ;
- l’insertion socio-professionnelle : un accompagnement doit permettre au migrant de se former et de trouver un emploi.
En Wallonie, la commission a adopté, en avril 2016, son instauration à l’unanimité. Jusqu’ici, seul le module d’accueil était réglementé. S’y ajoutent désormais 120 h d’apprentissage du français, 20 h de formation à la citoyenneté et une orientation vers le dispositif d’insertion socio-professionnelle. Ce dispositif devrait toucher 7800 personnes en 2016, d’après les estimations de la Région wallonne. En cas de refus de suivi de ce parcours, les primo-arrivants risquent de se voir infliger une sanction administrative allant de 100 à 2 500 €.
Le gouvernement bruxellois a, pour sa part, décidé d’instaurer le parcours d’intégration obligatoire à l’horizon 2018. Il s’adressera à tous les primo arrivants non européens de moins de 65 ans et séjournant en Belgique depuis moins de trois ans, inscrits pour la première fois et possédant un titre de séjour de plus de trois mois en Région bruxelloise. En prévision de son instauration, le premier bureau francophone d’accueil pour primo arrivants (BAPA) a été ouvert à Bruxelles en mars 2016.
Lire aussi : « Via, le début du parcours » (MICmag #9, juin 2016)
Des procédures administratives longues et variables
Au Royaume-Uni, Javed est loin d’être un cas isolé. Après l’Allemagne, c’est le pays européen qui compte le plus grand nombre d’immigrés au sein de l’Union européenne. En 2014, ils étaient près de cinq millions, selon Eurostat. La plupart de ceux-ci ne sont pas originaires du continent : les pays les plus représentés sont le Pakistan, l’Iran, l’Erythrée, la Syrie et l’Albanie. Mais l’arrivée sur le sol anglais n’est que la première étape à franchir et la régularisation de leur séjour est tout aussi difficile à obtenir.
Les procédures varient selon l’origine et la raison du séjour : demande d’asile, regroupement familial, visa étudiant ou de travail. Chaque demande est compliquée administrativement et prend énormément de temps. À cela s’ajoute généralement la barrière de la langue pour les demandeurs d’asile et réfugiés économiques. De plus, les visas sont souvent de courte durée.