Ce jeudi 2 avril, dans le cadre du colloque « Jeunes, médias et diversités », s’est déroulée une conférence autour du thème « Penser la diversité ». Pour nous parler du sujet, une équipe féminine composée de Emmanuelle Bruneel, doctorante en sciences de l’information et de la communication à la Sorbonne, Muriel Hanot, directrice des études et des recherches au Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) et Christine Larrazet, maître de conférence à l’université de Bordeaux et chercheuse au Centre Emile Durkheim.
Emmanuelle Bruneel a ouvert les débats en exposant une analyse sémiologique de la diversité raciale dans la publicité pour adolescent. A l’issue de sa recherche, elle a constaté que les traits physiques étaient majoritairement utilisés pour illustrer la diversité, jusqu’à utiliser le corps comme support illustrant la différence. Une étude complète et parfois complexe. La jeune femme a conclu en invitant les médias à adopter une distance critique vis-à-vis du concept de diversité et en rappelant qu’il ne suffit pas de mettre en visibilité les gens pour faire de la diversité.
Muriel Hanot a présenté les recherches du CSA, en particulier le « Baromètre jeunes ». Ces études analysent la présence des jeunes dans les médias télévisuels et l’image d’eux-mêmes que ces médias leur renvoient. Les résultats confirment une sous-représentation médiatique de cette partie de la population, comparativement à sa présence réelle dans la société. De plus, cette faible représentation est très stéréotypée et véhicule l’image d’une jeunesse passive et désinvestie, remplie de clichés tels que «les jeunes sont tous délinquants, incapables et moches ». Le CSA constate également que les médias donnent peu la parole à la jeunesse. Lorsqu’ils abordent un problème qui concerne directement les jeunes, très souvent, ils ont recours à une autre partie de la population pour en parler.
Enfin, Christine Larrazet a abordé les politiques volontaristes de la diversité dans les rédactions américaines. Par son analyse socio-historique, elle a exposé les différents leviers de ces politiques de diversification. C’est dans les années 60 que la question de la diversité dans les rédactions a commencé à se poser, à la suite de deux événements. Les émeutes de Watts, qui ont éclaté en 1965, suite à une altercation entre des membres de la communauté noire de Los Angeles et des policiers, ont conduit les journalistes à réaliser une autocritique de leur traitement de cette information. Le deuxième levier fut, selon la chercheuse, le rapport Kerner sur la « presse blanche », très critique à l’égard d’une presse faite pour les blancs, sur les blancs et par les blancs.
Les Etats-Unis ont réagi par la mise en place d’une politique de quotas dans les rédactions et par la création, à partir de 1975, d’associations professionnelles de journalistes dits « de couleur ». Mais la chercheuse souligne les effets mitigés de cette politique volontariste. Si les minorités sont aujourd’hui davantage visibles dans les médias américains, au sein desquels il y aurait peu de racisme ouvert, ces minorités continuent toutefois d’être stigmatisées et représentées comme des personnes à problème et ayant des problèmes.
Le terrain de recherche de la sociologue est les Etats-Unis, mais pour elle, ce phénomène est transposable en Europe.
Si les enjeux de la diversification des profils des journalistes dans la représentation des minorités sont clairement identifiés, cette diversification est également source d’avantages pour les rédactions.
Bravo et un très grand merci à votre rédaction pour ce travail de restitution.
Ravies de pouvoir bénéficier de la synthèse des contenus malgré notre absence.
Yes, Youth Can !
Nakib Délila
Directrice