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« Keeper » : 15 ans et un enfant

Un baiser langoureux, filmé en très gros plan… Guillaume Senez n’aurait pu trouver meilleur angle d’attaque pour son tout premier long-métrage, « Keeper ». Pour ses 30 bougies, le FIFF s’est décidé à mettre « la jeunesse à l’honneur », dixit ses directeurs. Ça tombe bien : « Keeper » parle des jeunes… Précisément d’un couple d’ados bruxellois forcés à choisir entre la parentalité et l’avortement.

Un scénario surréaliste

Ce choix, Mélanie et Maxime le feront face à une machine à pinces, en pleine fête foraine. Si les pinces attrapent la peluche, ils gardent le bébé. L’anecdote résume à elle-même une heure et demi de drame, où l’incompréhension du spectateur affronte l’inconscience des personnages. Et ça marche ! On s’offusque, on frissonne, on s’identifie et on ne s’ennuie pas. Même : on se rappelle la force de nos sentiments quand on avait 15 ans.

keeper avortement

Un jeune couple d’ados risque son avenir en décidant de garder leur bébé.

 

L’histoire est soutenue par un scénario cadré où chaque scène, qu’elle serve à expliquer une décision ou à entrer dans la psychologie d’un personnage, apporte son lot d’indices. La lenteur de certains passages est regrettable pour une œuvre sensée résumer un an de peines, mais le clap de fin surprend.

Un résultat hyper réaliste

Pour ce long essai, le réalisateur écarte toute fioriture. La musique est rarement présente. Les transitions sont brutales, chirurgicales. L’histoire est tragique. Les mots sont violents et la tension est constante. Embarqué dans une succession de dilemmes, on en vient à excuser les erreurs d’un couple innocent. Sans s’empêcher de constater que le bébé aurait pu naître dans de meilleurs bras. L’heure avance, la situation empire. Et comme si ça ne suffisait pas, l’épilogue laisse dans le doute d’un lendemain plus sombre encore. Un casting irréprochable Les jeunes acteurs, Kacey Mottet Klein et Galatéa Bellugi, jouent à merveille les symboles d’une jeunesse désemparée. Ils évitent la caricature et assurent au film sa cohérence, entourés par un cast inconnu mais efficace. Mention spéciale à l’acteur principal, bluffant.

Si bien qu’on parie que cette œuvre belgo-franco-suisse, une fois dévoilée, provoquera l’hystérie sur les réseaux sociaux. Elle ne prend pas réellement position face au problème de l’avortement, mais elle pourrait inciter les (jeunes) spectateurs à exprimer leurs opinions. L’occasion sera prise, ces 5 et 6 octobre, de poser la question aux acteurs présents sous le chapiteau du FIFF.

« Keeper », de Guillaume Senez (France, Belgique, Suisse, 2015). Avec Kacey Mottet Klein et Galatéa Bellugi. Projections le 6 octobre au Fiff à 13 heures au Palais des Congrès, 20h30 à l’Eldorado 1 et 21h15 à l’Eldorado 2. Sortie officielle en janvier 2016.

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