Dans son road-movie documentaire, Voyage en Occident, Jill Coulon embarque le spectateur dans un bus rempli de touristes chinois venus visiter l’Europe en dix jours. Alors qu’ils sont traditionnellement observés de l’extérieur du bus, la réalisatrice fait le choix de jouer sur les stéréotypes des deux civilisations et de renvoyer les spectateurs à leurs propres clichés.
Des clichés qui font sourire
En passant par l’Italie, la Suisse ou encore la France, les touristes chinois voyagent avec une idée prédéfinie de qui sont les Européens. « Ici les gens sont riches (…) c’est insupportable », « J’ai lu que les Français ne travaillaient que 150 jours par an. Le reste ce sont des jours fériés », «Ah ! Ce n’est vraiment pas bon. Même le riz est différent », « Comment font-ils pour vivre à la campagne ? Ils ont internet au moins ici ? » De quoi faire sourire les spectateurs Européens.
Et même le guide, pour qui la culture européenne n’est pas une découverte, se prête au jeu. « On reconnaît la vraie Française à ses yeux bleus ou verts, et par sa chevelure blonde. Comme Isabelle Adjani. » Enfin presque, puisque la comédienne française arbore une chevelure ébène. Ces réflexions parfois grinçantes font de ce road-movie un réel documentaire d’immersion et d’introspection, tantôt drôle, tantôt critique. Les codes du genre s’y retrouvent, le périple sur les routes est le fil conducteur, mais toute l’originalité réside dans ce jeu de miroir sur les stéréotypes.
Oui, mais pourquoi ?
Si ce film est amusant et léger, le manque d’informations de fond sur la culture chinoise et sur les raisons de tels stéréotypes laisse un peu sur sa faim. « Les Européens ne comprennent pas pourquoi on voyage comme ça », lance une femme dès le début du reportage. Mais alors pourquoi voyagent-ils de cette façon ? N’ont-ils droit qu’à dix jours de congé par an ? Tous ces clichés ne sont pas expliqués, nous ne pouvons que constater.
Voyage en Occident se rattrape toutefois par une série réussie de portraits de voyageurs et par un dynamisme effréné. Le mouvement des caméras, les incrustations d’heures et de villes dans l’image tiennent en haleine à la manière de leur voyage express en Europe. Le film a également le mérite d’ouvrir les yeux sur le manque d’intérêt en général que portent les deux civilisations l’une sur l’autre.