Du sexe. Partout, tout le temps. Du sexe dur, parfois même violent. Pourtant, passer à côté est impossible tant la libido des personnages est explicitée tout le temps. Mais, s’arrêter à ce constat ôterait toute sa sensibilité au premier film de Laurent Micheli.
Even lovers get the blues, raconte l’histoire d’une bande d’amis. Ana doit réapprendre à vivre sans Hugo. Dalhia est perdue au milieu des incertitudes de Graciano. Louis, lui, espère plus que ce que Léo veut bien lui donner. C’est l’histoire d’une amitié impérissable et de jeunes tant passionnés que destructeurs, à la recherche de réponses.
Nudité justifiée
Parler de sexe, pourquoi pas. Plusieurs réalisateurs tels que Gaspar Noé ou Abdellatif Kechiche s’y sont déjà testés. L’important est que ce soit justifié, que cela apporte quelque chose au récit. Pourtant, on ne ressort pas de la projection de Even lovers get the blues avec le sentiment d’avoir assisté à un beau moment de cinéma. Certaines scènes mettent mal à l’aise, voire provoquent le dégoût. Il faut attendre l’explication du réalisateur pour apprécier l’intention.
Le casting à la rescousse
Se pose surtout la question des limites. Que peut-on montrer au cinéma ? Jusqu’où aller sans tomber dans la pornographie ? « Pour moi, chaque plan de sexualité qu’il y a dans ce film est narratif et sert à parler d’une quête de personnage » explique Laurent Micheli. Malgré des psychologies qui manquent parfois de développement, les acteurs sauvent le film et l’empêchent de tomber dans la vulgarité. Grâce à une cohésion et des interprétations très justes, le casting porte le scénario et lui apporte sa crédibilité.
Adriana Da Fonseca, l’actrice qui interprète Dalhia, explique comment elle a vécu la nudité face à la caméra.
Parler de sexe, pour comprendre la société
La force de ce film réside dans certaines scènes de vie aussi touchantes que poétiques. Les différentes histoires s’entrecroisent. Les personnages se bousculent, se blessent mais se relèvent toujours grâce à un lien fort et unique qui semble les unir.
Une analyse rapide définirait le film comme provocateur, ayant pour unique but d’attirer l’attention. Sans explication du réalisateur, c’est malheureusement ce constat qui s’impose. Force est pourtant de reconnaître que Even lovers get the blues va plus loin. Laurent Micheli et ses acteurs offrent une analyse nouvelle au travers de la sphère la plus intime de notre société.