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Des lits superposés pour accueillir les SDF.
13
Nov
2015

Mars 2015 : Jean-Luc, sans domicile fixe, meurt à l’hôpital. Comment mieux gérer l’accueil des SDF à Namur ?

L’accueil des sans-abri : à perfectionner

Le décès du SDF Jean-Luc, en mars 2015, a soulevé les lacunes et les progrès qu’il reste à faire en matière d’accueil des sans-abri à Namur. Un événement qui a impacté le monde politique et social. Aujourd’hui, qu’en est-il de l’accueil des sans-abri ?

En 2014, 645 sans domicile fixe ont transité à l’abri de nuit de Namur. Jean-Luc était l’un d’eux. Dans la nuit du 6 au 7 mars 2015, il se rend à l’hôpital où il décède d’hypothermie. Une enquête a été ouverte par le procureur du Roi de Namur pour clarifier les circonstances de sa mort. Mais les versions divergent. Certains médias pointaient du doigt l’abri de nuit. Jean-Luc n’aurait pas été accepté parce qu’il avait déjà atteint son quota maximum de nuitées. Selon le cabinet de l’échevine de la cohésion sociale, Stéphanie Scailquin, Jean-Luc aurait été accueilli à l’hôpital avant l’ouverture du centre d’hébergement de nuit. La procédure est toujours en cours.

Un décès aux conséquences multiples

Le décès de Jean-Luc a eu des répercussions sur la manière de prendre en charge les sans domicile fixe à Namur. La durée maximum d’hébergement est passée de 42 nuits à 50 nuits par an, en dehors de la période du plan hivernal. Un plan qui a été lui aussi modifié. Actuellement, celui-ci débute le 1er novembre et se termine le 31 mars ce qui équivaut à un allongement de deux mois. Cinq mois durant lesquels les « quotas » de nuit sont suspendus. Pendant la période hivernale, des lits complémentaires à ceux de l’abri de nuit sont mis à disposition des sans-logis à la caserne Saint-Jean, à partir du 1er novembre, précise Stéphanie Scailquin, échevine de la cohésion sociale.

La mort de Jean-Luc a aussi affecté le personnel de première ligne : les travailleurs sociaux de l’abri de nuit. Une situation qui les a poussés à être plus vigilants à l’état physique et mental des bénéficiaires. «  On ne travaille pas sous la contrainte et donc on ne peut pas obliger les gens à venir. Mais si on remarque un manque de discernement de la personne sur son état de santé, alors on peut prévenir une instance comme la justice » explique Myriam, assistance sociale à l’abri de nuit.

Nuit et jour : un même combat

Des améliorations ont été apportées pour l’accueil des sans-abri durant la nuit. Pourtant, pour le Relais Social Urbain Namurois (RSUN) cela n’est pas suffisant. Il est nécessaire de développer la prise en charge de ces personnes de jour. L’organisation propose de créer un lieu d’accueil de jour polyvalent, sans restrictions d’accès, qui permettrait aux SDF de s’y reposer. Pour les personnes précarisées sortant d’un centre hospitalier, le RSUN préconise la création d’une maison de convalescence. L’organisme qui coordonne et finance les différents projets sur le territoire namurois déplore aussi le manque de moyens humains et financiers. Néanmoins, le bourgmestre Maxime Prévot envisage un financement supplémentaire pour les abris de nuit.

Un large réseau d’acteurs

Si la prise en charge des SDF de jour n’est pas encore optimale, le tissu associatif est déjà bien présent sur le terrain. « On s’occupe des SDF en journée grâce à des associations comme les « Restos du cœur ». D’autres proposent aussi des activités l’après-midi » précise Stéphanie Scailquin. Afin d’aider les sans domicile fixe sur le long terme, l’ASBL « Les trois portes » met à disposition des maisons d’accueil aux personnes dans le besoin. Pour les SDF, ces lieux sont un moyen de se reprendre en main et démarrer une nouvelle vie.

Un public hétérogène

« Il faut sortir de l’idée répandue selon laquelle les personnes arrivent là de leur faute et se plaisent en ces conditions » explique Renaud De Backer, responsable au RSUN. À l’abri de nuit, savoir jusqu’où aller en matière de confort est une question récurrente : « On peut toujours améliorer l’accueil mais l’abri de nuit doit rester un dépannage. Trop de confort pourrait maintenir les gens à la rue » précise Myriam du centre d’hébergement.

Chaque personne à la rue a son histoire. Les raisons d’une telle précarité sont multiples : rupture, perte d’emploi, addiction aux drogues ou à l’alcool, etc. Une hétérogénéité qui complique d’autant plus la mission des travailleurs sociaux. Le cas de Jean-Luc en est un exemple.

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