Offrir aux étudiants et aux professionnels de la santé un espace et des outils novateurs pour les plonger dans la réalité du monde médical. C’est l’objectif du centre Namur Simulation (NaSim), créé au sein des bâtiments de l’école Henallux. Qu’il s’agisse de médecins, d’infirmiers et autres professionnels de la santé, tous ont la possibilité de s’exercer dans des conditions presque réelles, notamment grâce à des mannequins plus vrais que nature.
Deux autres infrastructures similaires existent à Bruxelles et à Liège. Le centre NaSim a été créé il y a deux ans sur base de fonds propres à Henallux. Avec ce budget, la haute école a pu acheter six mannequins. Un modèle interactif coûte entre 40 et 50 mille euros. Un système audiovisuel a aussi été installé dans chaque salle du centre. Le reste du matériel nécessaire aux formations est récupéré dans des hôpitaux.
Les étudiants de l’institut bénéficient dans leur cursus scolaire de NaSim. Par contre, l’intérêt des personnes externes est encore faible. En cause : le prix élevé de la formation dû au matériel onéreux.
5 salles, 5 univers
Le centre est composé de cinq salles différentes. Toutes sont dotées d’une salle d’exercice et d’une salle de classe derrière une vitre sans tain. Le but : laisser l’étudiant ou le professionnel de la santé seul face à la situation donnée.
Si certaines pièces ont des mannequins, d’autres n’en disposent pas. Des comédiens professionnels peuvent alors remplacer les modèles.
La pédagogie avant tout
Les étudiants de l’école Henallux viennent au centre de simulation par groupes de dix à douze personnes. Ils sont encadrés par deux enseignants. Pour les premières années, deux heures sont prévues dans les horaires. Quatre heures pour les deuxièmes années et huit et seize pour les troisièmes et quatrièmes années. « C’est très chronophage car préparer une séance de simulation prend du temps. Cela demande deux professeurs pour dix élèves » explique Sophie Baijot, responsable du centre Namur Simulation.
La première étape de l’exercice pour les étudiants est le briefing fait par les enseignants. Ceux-ci leur expliquent ce qui est attendu d’eux. Pendant dix à vingt minutes, les élèves sont mis en situation et jouent un véritable scénario. « Et le plus important c’est le débriefing. Il dure deux tiers du temps de scénario. Il permet que l’apprenant exprime son ressenti sur l’exercice, qu’il analyse et puis verbalise les acquis de la séance » précise Sophie Baijot.
Durant ces séances, l’étudiant fait les liens entre toutes les matières apprises (anatomie, pharmacologie, physiologie, pathologies, soins infirmiers) et la pratique. « Un tel apprentissage est plus intéressant car, en pédagogie, on réactive ses acquis. C’est beaucoup plus pertinent qu’un cours ex cathedra » détaille la responsable de NaSim.
« Ici on a droit à l’erreur. C’est instructif de pouvoir la nommer pour qu’elle ne se reproduise plus » ajoute Sophie Baijot. Une charte déontologique est signée par l’ensemble des acteurs, enseignants et élèves. Ce document veille au secret sur ce qui se passe lors des séances de simulation. Les étudiants sont donc plus à l’aise pour exprimer leurs difficultés. L’ensemble des exercices doit aussi se faire dans un climat de bienveillance.
Une révolution pour l’enseignant
L’approche pédagogique est tout autre. Le professeur accompagne l’étudiant lors de la séance. Il devient un facilitateur : il met en avant les points forts ou faibles de l’élève et apporte des solutions pour pallier les difficultés. À aucun moment l’enseignant intervient pendant l’exercice pratique, même en cas d’erreur. « C’est une autre manière d’enseigner, tout à fait différente de celle en auditoire. Cela demande une remise en question de la part des enseignants ainsi que beaucoup d’humilité » explique Blaise Degueldre, professeur au centre SiNam.