Chaque année, environ 1 500 mineurs étrangers non accompagnés (Mena) migrent vers le Royaume-Uni. Protégés jusqu’à leurs 18 ans, ils se retrouvent ensuite menacés d’expulsion. Malgré l’incertitude, ils doivent tenter de se construire un avenir, une vie sociale et de s’intégrer à la société britannique.
Dans le quartier de West-Ham, au nord de Londres, certains jeunes dont l’avenir s’écrit en pointillés jouissent d’une structure d’accueil : l’association Dost. Depuis quinze ans, l’organisme tente d’améliorer le quotidien des jeunes migrants, plus particulièrement leur bien-être. Des animations, des activités sportives et des moments de retrouvailles sont ainsi organisés pour tisser un nouveau réseau social. Les bénévoles essaient aussi de préparer psychologiquement les migrants à devoir, peut-être, retourner dans leur pays d’origine.
Ça m’a perturbé et blessé lorsqu’on m’a annoncé que je devais partir, parce que j’avais l’impression d’être un poids ou une sorte de criminel pour la société anglaise. Lionel
Lionel, 23 ans, est un des jeunes qui s’est retrouvé dans cette situation. D’origine congolaise, il est arrivé en Angleterre en 2008. Comme les autres mineurs, il a eu l’autorisation de rester sur le territoire jusqu’à sa majorité, mais par la suite, son statut a été remis en question.
« Un jour, j’ai reçu une lettre m’ordonnant de quitter le territoire. Sur le coup, j’étais sous le choc », raconte-t-il. « Ça m’a perturbé et blessé lorsque l’on m’a annoncé que je devais partir, parce que j’avais l’impression d’être un poids ou une sorte de criminel pour la société anglaise. » Avec le temps, ce sentiment s’est estompé. Lionel préfère relativiser : « Après réflexion, je me suis dit que mon pays natal me manquait et que ce n’était pas plus mal comme ça. Je trouve l’atmosphère urbaine londonienne assez grise et monotone, tandis que l’aspect plus naturel congolais me manquait. »
Parrainage « one-to-one »
Malte est éducateur dans plusieurs associations qui s’occupent de jeunes réfugiés, dont Dost. Pour lui, les activités proposées sont indispensables à l’épanouissement des jeunes.
« Ils ne choisissent pas où vivre, l’association s’en occupe. Ils ne choisissent pas leur école, l’association s’en occupe. Ils ne savent pas combien de temps ils resteront dans le pays. La seule chose qu’ils peuvent décider eux-mêmes, c’est ce qu’ils font de leur temps libre », explique Malte.

Une des composantes de ces associations est le parrainage. Un volontaire anglais s’occupe personnellement d’un jeune réfugié. Ensemble, ils font du sport, sortent au cinéma, s’adonnent à des activités culturelles. Cette relation privilégiée permet au jeune de se confier plus facilement que devant un psychologue. Le parrain est là pour le soutenir moralement dans toutes les situations, y compris lors du renvoi du tout juste majeur vers son pays d’origine.