Titulaire d’un doctorat en géographie, Catherine Didier-Fèvre donne cours enseigne la géographie dans une école secondaire à Sens, petite commune en périphérie de Paris.
Enseignante de cette jeunesse qui vit parfois à plus d’une heure de son établissement scolaire, elle a concentré son intervention sur ces étudiants qui vivent dans des espaces périurbains.
Pour rappel, un centre périurbain est une commune dont au moins 40% des habitants travaillent à l’extérieur, dans les grandes villes les plus proches. Ces habitants sont entourés de paysages campagnards mais adoptent des modes de vie urbains. Cet entre-deux pose une difficulté concrète, celle de leur mobilité. Avec un réseau de transports en commun médiocre, les élèves de Catherine Didier-Fèvre rencontrent des difficultés pour suivre les cours de manière optimale. Sont il pour autant enfermés dans un territoire ? Pour Catherine Didier-Fèvre, rien n’est moins sûr.
La chercheuse s’est attaquée aux représentations de ces jeunes dans les médias urbains et nous fait part de son expérience.
Récemment contactée par un journaliste de Télérama, elle avait pour mission de lui faire rencontrer « la jeunesse invisible ».
Les préjugés du journaliste étaient nombreux : ces jeunes vivraient dans des lotissements isolés, ne franchiraient jamais leurs frontières et n’auraient aucune activité.
En organisant la rencontre espérée par le journaliste avec ses étudiants de terminale, elle espérait le confronter à une réalité bien différente.
L’article est finalement apparu au mois de novembre dans le Télérama avec un titre évocateur.
« Des jeunes venant des quartiers périurbains : sans les parents, c’est la galère. »
Les réactions ne se sont pas fait attendre de la part des jeunes interviewés mais aussi du public. Du coté des étudiants, c’est clairement la douche froide.
« Pas trahis mais surpris. C’est pas comme ça qu’on se voit » explique ainsi Armel, étudiant de 16 ans et de Saint-Valérien
Cette expérience relance le débat sur les conditions d’exercice du métier de journaliste. Prendre de la distance et adopter un regard critique vis-à-vis de son sujet, mais avant tous vis-à-vis de ses propres perceptions, demande du temps. Dans un monde toujours plus rapide, les journalistes ont finalement tendance à stigmatiser les propos recueillis, à jouer sur les mots afin de faire passer plus d’émotions et de toucher un lectorat toujours plus demandeur de sensationnalisme.
Nous avons voulu en savoir plus en 3 questions :
Pourquoi avez vous décidé de travailler sur cette jeunesse périurbaine en particulier ?
Lorsque le journaliste vous a contactée, pourquoi avez-vous accepté ce défi ?
Quel est le message essentiel que vous voulez faire passer après cette expérience ?