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Rue Notre-Dame. Photo: Pierre Galhaut
23
Oct
2015

Le nouvel enjeu de Gembloux: remplir les surfaces commerciales vides du centre-ville

Gembloux à la recherche de nouveaux commerces

L’émergence des zonings industriels, des complexes commerciaux où tous les types de commerces sont concentrés sont les signes de l’évolution des habitudes de consommation. Une fois sur place, tout ce qu’on recherche se trouve à portée de main, à portée de chariot. Les gens se déplacent volontiers jusqu’à ces zonings, ces complexes, où le lèche-vitrine est symbole de plaisir et se transforme bien souvent en dépenses : « J’ai craqué, j’ai vu ça et ça et ça… je n’ai pas pu résister.» Ces complexes, s’ils font le plaisir des enfants capricieux et des reines du shopping, ont eu un effet collatéral inquiétant. Ils ont provoqué la gangrène qui ronge les commerces de proximité et autres boutiques des centres villes. A Gembloux, cette gangrène prend petit à petit des allures de septicémie, et pour éviter l’extinction progressive des commerces dans le centre-ville, le Service Dynamique Urbaine prend les choses en main.

Un nouveau service pour revitaliser le centre-ville

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Thomas Larielle: responsable de la redynamisation urbaine

Créé il y a un peu plus d’un an, ce service a pour objectif de redynamiser le centre-ville gembloutois à coups de rénovations et assainissements de lieux emblématiques de la ville. Depuis janvier dernier, Thomas Larielle, responsable de la redynamisation urbaine à Gembloux, planche sur un nouveau projet : Créa shop. Comme son nom l’indique, le but du projet est de favoriser la création de nouveaux commerces dans le centre de Gembloux. Le Service Dynamique Urbaine a pris contact avec tous les propriétaires de surfaces commerciales vides du centre-ville pour leur demander de faire un effort financier sur les loyers dans le but d’attirer de nouveaux commerçants. Le service s’occupe de faire la pub pour attirer les candidats commerçants dans les surfaces vides, et de faire une sélection qu’ils vont proposer aux propriétaires. Ces derniers, s’ils acceptent la proposition, signent un contrat tripartite (entre le propriétaire, le commerçant et le Service Dynamique Urbaine) où ils s’engagent à ne faire payer que 50% du loyer les six premiers mois, et 75% l’année qui suit. Les nouveaux commerçants peuvent ainsi profiter d’un an et demi de loyers bradés pour pouvoir couvrir plus facilement les frais d’ouverture de leur magasin. Selon Thomas Larielle, cela leur permettra de se créer une clientèle et de pérenniser leurs affaires.

Le projet est inspiré d’initiatives similaires à Bruxelles (« Open soon ») et à Liège (« Créa Shop ») rendues possibles grâce à l’intervention de fonds. Mais la petite ville de Gembloux n’a pas les fonds pour ce projet et les propriétaires ne seront pas dédommagés de leurs « cadeaux » financiers. Et Thomas Larielle de se justifier :

« On est parti d’un constat : beaucoup de surfaces commerciales sont vides depuis des années. Une surface vide coûte plus que ce qu’elle ne rapporte à son propriétaire. Et donc, à partir du moment où ils font un effort financier pour avoir quelqu’un qui va peut-être rester pendant des années, ça semble être un bon deal. »

Pour le moment, dix propriétaires de surfaces commerciales du centre-ville se sont engagés dans le projet qui entre dans sa phase finale. La médiatisation autour de cette initiative est prévue pour fin octobre.

Les raisons du départ des commerces

Le déplacement des commerces et des services du centre vers la périphérie est un problème que l’on constate dans plus en plus de villes.

A Gembloux, le phénomène nécessite une réponse rapide et sur le long terme. Pour Thomas Larielle, la désertion du centre-ville a des origines multiples. La plus évidente est l’attrait pour les zonings et les centres commerciaux souvent situés à l’extérieur des villes.

L’espace est l’atout principal des commerces en périphérie. Les cellules commerciales sont plus grandes et profitent de la place pour construire de grands parkings. Ces esplanades commerciales attirent de plus en plus de monde pour leur côté pratique et fonctionnel.

« On sait que malheureusement les gens, à l’heure actuelle, sont un peu plus fainéants et n’ont plus envie de se garer quelque part en centre-ville et devoir marcher des kilomètres et des kilomètres pour pouvoir aller dans un magasin…» remarque M. Larielle. «Certains, s’ils pouvaient rentrer avec la voiture dans le magasin, ils le feraient. C’est un petit peu caricatural mais c’est vrai ! ».

Une autre raison pour laquelle les magasins se déplacent en périphérie de Gembloux, c’est son accessibilité. La zone est desservie par de grands axes routiers : La E411 et la E42. La périphérie de Gembloux est également traversé par la ligne Luxembourg-Bruxelles de la SNCB, une des lignes les plus fréquentées. La gare de Gembloux, complètement reconstruite il y a une dizaine d’années, visait déjà à booster la commune. Le chantier – qui a coûté entre dix et douze millions d’euros – a permis à Gembloux d’amener sa gare à la 6ème place wallonne. Mais les navetteurs débarquent à proximité des nouveaux magasins de la périphérie et sont naturellement attirés par ceux-ci.

Partir ou rester ?

Le résultat, nous le connaissons : le centre-ville de Gembloux s’endort peu à peu et la vie semble s’y effacer doucement. Bernard Lamy est conscient du problème. Il est directeur de l’agence Rêve et Passion, implantée depuis 22 ans au cœur du centre gembloutois, dans la rue Notre-Dame.

« À l’époque, la rue Notre Dame était remplie de commerces et que j’ai dû chercher pour m’installer au centre-ville »

22 ans plus tard, cette même rue a quelque peu perdu son âme d’artère commerçante et ressemble plus à une rue fantôme :

« C’est vrai que j’ai moins de passage physique dans mon magasin, mais on utilise beaucoup internet. J’ai quelques clients que je n’ai jamais vu puisque tout se passe par mail et par banque.»

Le conseiller en voyage précise toutefois qu’il n’est pas seul et que tous ceux qui persistent dans le centre, et ce depuis des années, le doivent à leur travail et à la qualité de leur produits ou services. Lui, par exemple, essaye en permanence de se diversifier, de tenter de nouvelles choses, même si certaines ne fonctionnent pas, elles le font avancer.

« Tous les gens qui pleurent sur le centre-ville qui se meurt devraient aussi se regarder dans un miroir et aller faire leur courses ailleurs que dans les zonings aux alentours.»

Avant de rajouter avec une pointe de sarcasme :

« On a déjà vu des commerçants du centre-ville être félicités pour 20 ans d’ancienneté par l’administration communale avec un bouquet de fleurs acheté à Namur ! Ceci explique cela… »

D’autres ont fait le choix de quitter le centre-ville. C’est le cas d’Yvonne Debry, gérante du magasin Orchestra-Prémaman maintenant situé dans le nouveau quartier commercial à proximité de la gare. Voici ses raisons :

«C’est une question de capacité de magasin, pour pouvoir avoir une surface plus grande pour attirer un plus grand nombre. »

Pour elle, ouvrir un magasin dans les rues du centre peut être risqué. Elle souligne toutefois que rien ne peut remplacer l’ambiance et la convivialité des « petits centres commerciaux ». Après ce tableau qui peut paraître très sombre, vous penserez peut-être que le centre-ville de Gembloux s’endort pour ne plus jamais se réveiller. Mais détrompez-vous, des solutions existent pour ramener la vie dans les quartiers quelque peu oubliés. La commune et son Service Dynamique Urbaine prévoient une douzaine de projets étalés sur 15 ans pour rénover et assainir le centre-ville. L’objectif à long terme : attirer familles et commerces tout en mettant en valeur le patrimoine historique de la ville médiévale.

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2 Responses to “Gembloux à la recherche de nouveaux commerces”

  1. patrick.pletinckx@gmail.com' Plétinckx dit :

    Beaucoup de commerçants se plaignent aussi des parkings payant

  2. mario.aguedo@gmail.com' Yan Amar dit :

    Il est évident que l’une des principales causes de la désertion du centre ville est le stationnement payant. C’est tellement évident que j’imagine que c’est volontairement que vous passez cela sous silence.
    Encore aujourd’hui à midi j’ai été atterré d’entendre une dame âgée se plaindre car elle paye le stationnement pour venir faire régulièrement du volontariat dans une boutique au bas de la Grand’Rue!
    Personnellement j’ai déserté le centre-ville à cause du stationnement payant.

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