Le climat est au centre des préoccupations actuellement. La tenue de la COP21 à partir du 30 novembre à Paris agite l’esprit des politiciens, des citoyens et les plumes des journalistes. Cet événement international aura probablement des retombées environnementales à grande échelle, voyant les centrales nucléaires progressivement remplacées par des énergies vertes, notamment l’éolien. Le but à terme serait évidemment de remplacer un maximum d’énergie fossile par des énergies renouvelables. Cet événement pourrait-il inspirer les pouvoirs locaux et régionaux à prendre des dispositions pour préserver l’environnement ?
A Gembloux, tout ne semble pas gagné d’avance. Ces énergies vertes ont beaucoup de peine à se faire une place dans le paysage communal. Depuis quelques années, le Collectif Energie Gembloux cherche à promouvoir l’installation de parcs éoliens dans les environs de Gembloux. Ils ont pour ce faire créé la coopérative « Nosse Moulin » pour favoriser le développement de l’énergie verte en faisant participer les citoyens.
Différents projets éoliens ont créé la tempête au sein de la cité agronome. Plus précisément, trois parcs ont été envisagés. Ils sont repris sur la carte ci-dessous.
Parc éolien de Sombreffe
Ce parc éolien opérationnel depuis 2003 a été réalisé au départ par des comités locaux avant d’être revendu à la société Eneco. Il compte six éoliennes dont deux sur le territoire de la Ville de Gembloux. Il est actuellement le seul projet éolien à avoir vu le jour sur le sol gembloutois.
Projet Ridias
Le projet Ridias a été planifié par « Nosse Moulin » dans le cadre d’un projet de parc éolien de la société Abo Wind. Il prévoyait la construction de huit éoliennes dont six sur le territoire gembloutois et deux sur la commune de La Bruyère. Chaque réunion d’information sur le projet devenait le théâtre de tensions entre les pro et anti-éoliens. Son permis, initialement accordé, a été annulé par le Conseil d’Etat durant l’hiver 2013-2014.
Plaine d’Ernage
Ce parc éolien au nord de la Commune de Gembloux n’en est encore qu’au stade de projet. Annoncé en 2009 par la société Alternative Green, il prévoit la construction de six éoliennes dont trois sur le sol gembloutois et trois sur le territoire de Walhain. Ce projet a reçu son permis il y a maintenant un an et demi, mais des plaintes de la commune de Walhain au Conseil d’Etat le mettent en péril.
Lobbying et frilosité politique
Les trois cas développés ci-dessus le confirment, les éoliennes semblent ne pas être les bienvenues à Gembloux. C’est en tout cas ce qu’affirme Paul Blume ancien président de « Nosse Moulin ». Selon lui, tous les moyens ont été utilisés pour saboter la mise en place du projet Ridias:
« Il y a eu du lobbying anti éolien. J’ai vu des choses que je n’avais jamais vues. Des méthodes utilisées par l’extrême droite et l’extrême gauche pour empêcher ces réunions d’avoir lieu. Ils venaient assister en nombre aux réunions avec les bourgmestres pour gêner la réunion »
L’organisation rigoureuse de ce qu’il qualifie de « lobbying anti-éolien » a, selon lui, renforcé une certaine « frilosité politique »:
« Après ça, les bourgmestres n’ont plus voulu suivre notre projet. On approchait des élections, et ils n’ont pas voulu se mettre ces citoyens à dos. »
Oui, mais pas chez nous…
De l’autre côté de la balance, Paul Adam, membre du comité de direction de l’association « Vent de Raison », milite contre des projets éoliens. Il habite à une dizaine de kilomètres de la commune de Gembloux juste en face du parc éolien de Perwez. C’est donc un sujet qui ne le laisse pas indifférent.
« Gembloux a toujours refusé d’avoir des éoliennes sur son territoire, mais les mettre sur les territoires limitrophes, ça, ça ne leur a jamais posé de souci. »
On remarque effectivement que le seul projet éolien qui a vu le jour à Gembloux ne compte que deux éoliennes sur son territoire. A l’annonce du projet Ridias et de ses huit éoliennes (dont six sur Gembloux), les politiciens n’ont pas tardé à émettre leur réserve face à la construction d’un tel parc. Pourtant, plusieurs champs éoliens sont bien présents à proximité de la commune (Pont-à-Celles, Sombreffe, Perwez, La Bruyère,…). Est-ce la volonté de ne pas froisser les électeurs opposés au projet qui anime Gembloux, ou s’agit-il de l’expression du phénomène NIMBY pour « not in my backyard » (pas dans mon jardin) ? Ce phénomène caractérise une certaine forme de rejet du changement, de l’implantation de choses nouvelles dans son entourage direct. Dans ce cas-ci, la majorité des opposants aux projets éoliens n’ont rien contre cette source d’énergie et y sont même plutôt favorables, pour peu que les éoliennes restent loin de chez eux et ne les affectent pas dans leur vie quotidienne.
Il est souvent difficile pour les bourgmestres et leurs administrations de se mettre d’accord sur la thématique de l’éolien. Les couloirs de vent les plus exploitables s’étalent souvent sur plusieurs communes et tout le monde réagit différemment à l’annonce d’un projet éolien chez soi. Personne n’est réellement contre, mais peu de gens l’acceptent chez eux. C’est probablement ce qui explique un tel blocage autour de cette question dans la cité des couteliers, où personne n’arrive réellement à trancher.
