06
Fév
2015

Vendre son corps ? Une manière pour certaines étudiantes de financer leurs études.

Vendre son corps ? Une manière pour certaines étudiantes de financer leurs études.

06 Fév
2015

Jeunes étudiantes belges face au proxénétisme

Aujourd’hui, avec la sortie de films tels que « Jeune et Jolie » de François Ozon, la société est amenée à une vision polémique et bouleversante de la prostitution chez les jeunes étudiantes. Quelles sont les raisons qui poussent ces jeunes femmes à se lancer dans la prostitution? Quel est cet univers opaque et secret ? Est-ce que gagner des centaines d’euros en une nuit dans la haute société est une meilleure solution que d’endurer les heures interminables d’un job d’étudiant mal payé ? Fabian Drianne travaille à Espace P, une association de défense, d’aide et de soutien (médical et social) aux prostituées, depuis quinze ans. Il nous a accueillis au siège bruxellois de l’association pour nous éclairer sur la réalité  de l’escorting estudiantin en Belgique.

Fabian Drianne au siège de l’association Espace P. Photo: Anne Sel

Fabian Drianne au siège de l’association Espace P. Photo: Anne Sel

Combien d’étudiantes escortes avez-vous suivies dans votre carrière ?

Fabian Drianne : Personnellement, trois ou quatre.

Les étudiantes choisissent souvent d’être escorte pour financer leurs études. Puisque les études sont relativement moins chères en Belgique qu’en France ou en Angleterre, est ce que les étudiantes belges le feraient pour des raisons autres que financières ?

F.D. : C’est vrai et faux de dire que les études ne coûtent pas cher en Belgique. Le droit d’inscription est moins élevé qu’en France. Mais si les parents ne sont pas là pour assumer, l’étudiante doit payer seule les frais de syllabus, de kot, de nourriture, d’électricité, etc. Si elle prend un job d’étudiant (au Mc Donald par exemple), elle n’aurait pas le temps de travailler beaucoup sur ses cours. Donc les études sont quand même coûteuses. Et les filles qui font de l’escorting le font généralement pour subvenir à leurs besoins financiers. Dans toute ma carrière, je n’ai connu qu’une dame qui le faisait pour le plaisir. La facette glamour, narcissique de l’activité peut être mise en avant après l’entrée dans l’activité pour mieux la supporter. Mais ce qui fait franchir le pas aux filles, c’est dans 99% des cas l’argent.

Quels sont les risques de cette activité ?

F.D. : Il y a bien sûr les risques physiques (viols) et les risques de santé (MST), mais aussi des risques sociaux ! Pour gagner de l’argent, il faut une certaine visibilité sur les sites d’escortes (photos, mensurations, etc.). J’ai connu une fille qui nous a demandé de l’aide car elle était victime de chantage par son salon (site d’escortes). Les filles n’ont aucun contrôle sur leur situation.  Oui, il y a un contrat entre les gérants du site et elles-mêmes, mais seulement pour protéger légalement les gérants du salon en cas de contrôle de lois sociales (NDLR : La prostitution n’est pas une infraction en Belgique, mais le proxénétisme bien. Les escortes doivent payer des taxes, pour que la personne qui les embauche ne soit pas considérée comme proxénète). C’est un milieu qui génère beaucoup d’argent. Donc, contrat ou pas contrat… Il y a aussi des dommages psychologiques. Les filles mettent en place des mécanismes de dissociation entre leur personnalité privée et leur personnalité « escorte » pour supporter leur activité.

Est-ce que vous pensez que dans le futur, de plus en plus de filles franchiront le pas vers l’escorting ?

F.D. : Oui, mais pas à cause de la libération du sexe. La prostitution reste une activité extrêmement stigmatisée. Les prostituées ne sont toujours pas acceptées ouvertement dans la société. Les filles n’osent pas en parler à leur entourage. Cela dit, les gens survivent de plus en plus difficilement financièrement, même en ayant un emploi fixe en dehors de la prostitution. Donc si le coût de la vie continue à augmenter, plus de gens (pas juste les étudiantes) pourraient se tourner vers la prostitution occasionnelle pour couvrir les gros frais.

Propos recueillis par Anne Snel

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