25
Avr
2015

Oskar Gröning, simple rouage administratif du régime nazi ?

Oskar Gröning, simple rouage administratif du régime nazi ?

25 Avr
2015

Oskar Gröning, complice de l’horreur

Il se décrit comme n’étant qu’un « simple rouage administratif » dans la machine de la mort. Au premier jour de son procès, Okskar Gröning a demandé pardon et a reconnu être moralement coupable : « Pour moi, il ne fait aucun doute que je partage une culpabilité morale. Quant la question de la responsabilité pénale, c’est à vous de décider. »

Ce mardi 21 avril s’est ouvert à Lunebourg, en Allemagne, le procès de cet ancien nazi. Aujourd’hui âgé de 93 ans, « le comptable d’Auschwitz » est accusé d’avoir participé à l’extermination de 300.000 personnes venues tout droit de Hongrie, entre mai et juillet 1944.

Oskar Gröning a adhéré volontairement à l’âge de 18 ans au parti nazi. Il est ensuite devenu officier SS et est envoyé, en raison de ses compétences, au camp d’Auschwitz-Birkenau, en Pologne. Au sein du camp, il trie et envoie en Allemagne l’argent et tous les effets personnels de valeur récupérés à l’arrivée des Juifs déportés.

Souvenirs d’un lourd passé

Au fil des audiences, des détails sordides sont dévoilés, notamment sur l’arrivée des trains remplis de Juifs, souvent conduits vers les chambres à gaz. « La capacité des chambres à gaz et des fours crématoires était très limitée. Quelqu’un a dit qu’on pouvait traiter 5000 personnes en 24 heures, mais je n’ai jamais vérifié ça. Je ne savais pas. Pour que tout se déroule de manière ordonnée, nous attendions que le premier train ait été entièrement traité et fini. »

Moment marquant en fin de journée mercredi, le geste d’Eva Kor, survivante de l’ancien régime nazi. A la sortie du tribunal, elle a tendu la main à l’accusé pour l’aider à se relever. Victime des expériences médicales du docteur Josef Mengele, elle sortira saine et sauve du camp de concentration. Aujourd’hui, Eva Kor a fait le déplacement depuis les États-Unis pour assister au procès et enfin connaître la vérité. Constituée partie civile, elle a déclaré « J’ai pardonné aux nazis. Mais mon pardon ne libère pas les coupables de leurs responsabilités. Cela ne diminue pas mon besoin de savoir ce qui s’est passé. »

Jugé après 70 ans

Longtemps critiquée sur sa sévérité à l’égard des anciens nazis, la justice allemande a relancé bon nombre de procédures judiciaires. Depuis la condamnation en 2011 de John Demanjanjuk, ancien gardien de Sobibor, certains nazis n’ayant jamais été inquiétés jusque là sont appelés à comparaître au tribunal. Tous sont susceptibles d’une condamnation en raison de leur fonction à l’intérieur du camp, même sans réelles preuves d’actes criminels de leur part.

C’est la raison pour laquelle Oskar Gröning est jugé si tard, 70 ans après la fin de la deuxième guerre. Il dit n’avoir jamais essayé de cacher son passé au sein du régime nazi, expliquant vouloir « combattre le négationnisme ». A l’issue de son procès, il risque une condamnation entre 3 et 15 ans de prison. Son sort sera fixé le 29 juillet prochain. Il se pourrait bien qu’il s’agisse du dernier procès impliquant un ancien nazi.

Suite et fin d’une longue saga judiciaire dont nous retraçons l’histoire ci-dessous, au fil des procès les plus marquants de l’horreur hitlérienne.

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