Marry Jordens dans un véhicule de la STIB
26
Juin
2015

Elle ne se prédestinait pas endosser ce métier traditionnellement masculin. Pourtant, aujourd'hui, Marry Jordens est aux commandes des bolides de la STIB.

Elle ne se prédestinait pas endosser ce métier traditionnellement masculin. Pourtant, aujourd'hui, Marry Jordens est aux commandes des bolides de la STIB.

26 Juin
2015

« Je me verrais bien dans les chaussures de mon patron »

Elle se voit déjà en haut de l’affiche. Pour l’instant, Marry Jordens est la femme forte derrière le volant du bus 86 du centre de Bruxelles. Audacieuse et impertinente, cette conductrice ne se laisse pas intimider par ceux qui se mettent en travers de son chemin.

Costume d’homme mal taillé, manches trop longues et chaussures de sécurité, cet uniforme, elle ne l’a pas choisi. C’est sûr, Marry Jordens préfère s’accorder au féminin. Créoles argentées, ongles manucurés et foulard en soie, « ce n’est pas parce que j’ai choisi un métier d’homme que je vais m’interdire de m’habiller à ma sauce », confie l’intéressée, d’un air malicieux. Mimi, comme la surnomment ses collègues et ses proches, c’est cette femme de 44 ans, originaire de Asse, mère de deux enfants et, depuis 2009, conductrice de bus dans les rues de notre capitale.

Si elle prend plaisir à circuler sur l’asphalte, ce n’est pas le parcours auquel elle se prédestinait. Il y a six ans, désignée manager d’un magasin populaire de produits de beauté, elle signe son préavis pour cause de restructuration du personnel. Très vite, pistonnée par son ex-mari, la quadragénaire aux yeux pétillants se présente devant les bureaux de la société des transports intercommunaux de Bruxelles (STIB). Déterminée à ne pas faire du surplace dans un secteur de second choix, aujourd’hui, cette utopiste conduit la mission de réajuster son métier au gré de ses envies. Horaires adaptés et lignes préalablement choisies, ce petit bout de femme, au caractère bien trempé, obtient ce qu’elle veut.

Déterminée à bloc

Ambitieuse. c’est comme ça que la présente Serge, son conjoint actuel. Marry a toujours compté sur sa famille pour l’aider à gravir les échelons. Plus jeune, ses parents gardaient ses enfants les jours où elle suivait des formations de manager. Plus tard, Serge, qui n’est autre que le moniteur qui lui apprit à manier le volant, lui permettra d’être l’unique femme monitrice de la société.

Son premier jour en tant que conductrice lui évoque des mauvais souvenirs. Pour la jeune quadra, la transition était difficile, ses clients fidèles avaient disparu et les horaires de nuit ne lui plaisaient pas. Le sourire en coin, assoiffée du rôle de meneuse, Mimi avoue désormais se projeter dans les rôles d’instructrice, de directrice d’école, de chef de dépôt ou encore, dans les chaussures de Brieuc de Meuus, son patron. « Visiblement on croit en moi. On me promet un bel avenir parce que j’ai beaucoup de caractère. Je n’ai jamais peur, je ne me laisse pas faire et si tu m’attaques, j’attaque », exprime-t-elle d’un air décidé.

Une force qui a ses faiblesses

Son tempérament musclé, Marry le revendique haut et fort. Ses collègues craignent quant à eux qu’elle ne se fasse prendre à son propre jeu. « On lui a déjà dit de ne pas répondre aux clients agressifs. Un jour, qui sait sur qui elle peut tomber, elle pourrait avoir une mauvaise surprise ».

Marine, une adolescente habituée de la ligne 86, monte chaque semaine dans le bus de Marry. Rassurée d’avoir une femme au volant, la passagère dépeint tout de même son côté parfois provocateur. Si elle blague et chante à tue-tête, la conductrice qui n’a pas la langue dans sa poche n’hésite pas critiquer cyniquement celui ou celle que lui met des bâtons dans les roues.

En dépit de son franc-parler, l‘image que l’on retient d’elle, c’est celle d’une femme drôle et épanouie qui a trouvé sa voie. « Je ne regrette rien, je suis fière de mon parcours et fière de dire que je fais un métier traditionnellement attribué aux hommes ». Quelle destination sa carrière lui réserve-t-elle ? Derrière son volant, ou qui sait derrière son bureau, une chose est sûre, cette forte tête n’a pas dit son dernier mot.

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