08
Fév
2015

« Le harcèlement est une relation triangulaire entre la victime, le harceleur et les témoins »

« Le harcèlement est une relation triangulaire entre la victime, le harceleur et les témoins »

08 Fév
2015

Le harcèlement à l’école, on en parle ?

Le harcèlement touche pas moins d’un enfant sur trois. C’est une situation très répandue et pourtant, peu de personnes savent réellement de quoi il s’agit. Quels enfants sont visés ? Comment réagissent-ils ? Quel rôle jouent les témoins ? Pour répondre à ces questions, nous nous sommes adressés à une personne qui est régulièrement confrontée à des cas d’enfants harcelés. Entretien avec Vinciane Chardome, psychothérapeute et assistance sociale au centre PMS libre de Huy.

Vinciane Chardome, psychothérapeute et assistance sociale

Vinciane Chardome, psychothérapeute et assistance sociale au centre PMS libre de Huy.

Quand peut-on considérer qu’un enfant est harcelé ?

Vinciane Chardome : C’est lorsqu’un enfant est victime de violences répétées venant de quelqu’un qui cherche à lui nuire.

Comment un enfant s’en prend-il à un autre ? Quels moyens utilise-t-il ?   

V.C. : Le harceleur intimide et se montre supérieur. Il utilise la force physique ou la force mentale. Avec la force mentale, le harceleur va, par exemple, faire du chantage, ou bien donner des surnoms dégradants à sa victime. Chez les adolescents, les harceleurs vont plutôt utiliser les réseaux sociaux et la propagation de fausses rumeurs.

Quelles sont les causes ? Pour quelles raisons s’en prendre à un autre ?  

V.C. : Cela peut partir de plusieurs choses, par exemple, d’une différence de personnalité,  d’une appartenance sociale particulière, d’un handicap, d’un niveau intellectuel supérieur, etc.
Il faut savoir que le harcèlement, est toujours une relation triangulaire entre la victime, le harceleur et les témoins.

Quel rôle jouent les témoins ?

V.C. : Il y a trois types de témoins, ceux qui regardent le spectacle sans agir, ceux qui en rajoutent une couche et ceux qui prennent la défense du harcelé en s’opposant au harceleur. Ils  jouent un rôle important car ils ont le pouvoir d’agir et de stopper les conflits.

 Est-il facile pour un enfant d’en parler ?

V.C. : Ce n’est vraiment pas facile pour eux car ils ont peur des représailles, peur que la situation ne s’aggrave.

Comment réagissent les parents quand ils apprennent que leur enfant est harcelé ?  

V.C. : Souvent, ce sont eux qui découvrent que leur enfant est victime de harcèlement grâce à des symptômes tels que des insomnies, des états de stress et autres. La plupart des parents vont pousser leur enfant à parler et vont lui donner des conseils pour agir. Le danger est que certains parents banalisent la situation, donnent des conseils mais sans se soucier réellement du problème.

Quels sont les conséquences du harcèlement sur un enfant ?

V.C. : L’enfant peut avoir deux réactions. Soit la réaction “paillasson”, c’est-à-dire qu’il subit et souffre en silence. Soit la réaction “hérisson”, c’est là que l’enfant se rebelle et se bat.  Il va perdre l’estime de lui-même et penser que si on est méchant avec lui, c’est parce qu’il le mérite.

Les écoles sont-elles conscientes des risques de harcèlement
dans leur cour de récréation ?

V.C. : Les écoles sont de plus en plus préparées à affronter ce genre de situations.  Pour ce qui est de la prévention, certaines écoles  mettent en place des groupes de parole où l’on essaye de créer un climat de confiance avec et entre les élèves, pour aborder le sujet. Lorsque le mal est déjà fait, l’école doit intervenir, mais en douceur : elle doit d’abord observer et voir d’où vient le problème. Mais elle doit gérer le conflit au plus vite avant qu’il n’aille plus loin. L’action de l’école n’est pas immédiate.

Comment “soigner” un enfant traumatisé par le harcèlement à l’école ?

V.C. : Comment lui redonner la force et l’envie d’aller à l’école ? On doit l’aider à retrouver confiance en lui, et lui faire prendre conscience des ressources qu’il possède dans le milieu dans lequel il vit, comme sa famille et ses amis. Il doit comprendre qu’il n’est pas seul et que d’autres enfants vivent la même chose que lui. L’enfant ne doit pas avoir honte de parler et de montrer ses émotions.

Propos recueillis par Fiorine Guéry

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