Ergothérapeute depuis 40 ans, Régine Frédéric est responsable au Collège Marc-Aurèle de Malonne.Ce collège anciennement spécialisé dans l’autisme chez les enfants, s’est reconverti il y a quelques années dans les troubles de l’attachement.
Malgré un faible pourcentage de guérison, elle ne perd pas espoir.
Que sont les troubles de l’attachement ?
Régine Frédéric: Les enfants qui souffrent de troubles de l’attachement sont des enfants qui développent de gros problèmes comportementaux et relationnels. Par exemple, un enfant va verser des larmes parce qu’il voit du sang couler et ne pas pleurer suite à la douleur provoquée par une fracture. Les repères vitaux sont donc complètement perturbés, voire absents. Cela se manifeste par une dispersion et une agitation générale de l’enfant qui reflètent une angoisse profonde.
Ces troubles peuvent-ils survenir à tout âge ?
R.F :Non, ils sont détectés lorsque l’enfant a ses premiers rapports sociaux, généralement dès 2 ans et demi.
Y a-t-il un espoir que ces enfants deviennent un jour indépendants ?
R.F :On peut espérer une certaine autonomie mais toujours dans un cadre adapté. Malheureusement, ce pourcentage reste très faible car ils finissent toujours par se mettre hors-norme.
Les enfants se savent-ils différents ?
R.F: Oh oui ! Ils sont souvent rejetés par les enfants dits « normaux » et souffrent de leur inaptitude à s’intégrer dans un groupe d’enfants de leur âge. C’est alors qu’ils adoptent des comportements excessifs et destructeurs.
Pensez-vous qu’il y ait une crainte de la société par rapport aux enfants malades ?
R.F: Pas une crainte mais une sorte de déni. Heureusement, il y a des tentatives de compréhension…
Les infrastructures et les aides mises en place en Belgique sont-elles suffisantes ?
R.F: Non ! Nous suivons des normes imposées par les administrations et l’Etat dont nous dépendons. Nous devons suivre le rythme de la société et de la législation pour répondre au mieux aux besoins des enfants qui sont notre préoccupation.
Diriez-vous alors qu’il y a une mauvaise gérance de l’Etat ?
R.F: Il y a manifestement un problème au niveau du programme de sécurité sociale en Belgique.
La société adopte-t-elle un comportement différent face à ces enfants ?
R.F: Oui, il y a une méfiance.
Justifiée ?
R.F: Oui car ces enfants peuvent devenir dangereux pour eux-mêmes et pour toutes personnes qui les entourent.
Que répondez-vous à ceux qui veulent isoler ces enfants de la société ?
R.F: Je crois qu’il faut les mettre entre pairs parce qu’ils en ont besoin, ça fait partie du traitement. Lorsqu’ils parviennent à vivre des règles sociales entre eux, alors on peut faire des tentatives vers l’extérieur. C’est la socialisation.
Propos recueillis par Alice Bonjean