campus du Solbosch, au coeur de l'ULB
23
Mar
2016

Au lendemain des attentats de Bruxelles, l'ULB a ouvert ses portes alors que plusieurs hautes écoles restent closes.

Au lendemain des attentats de Bruxelles, l'ULB a ouvert ses portes alors que plusieurs hautes écoles restent closes.

23 Mar
2016

Les écoles, entre ouverture d’esprit et fermeture des portes

Ce matin n’était pas un matin ordinaire. Le réveil fut difficile pour les étudiants et pour une fois il ne s’agit pas de gueule de bois, non, mais d’un sentiment bien plus amère. Nombreux sont présents dans les lieux de rassemblement afin de rendre hommages aux victimes des attentats de Bruxelles. Pourtant, ils ne sont pas tous logés à la même enseigne. L’Université libre de Bruxelles a décidé d’ouvrir ses portes ce mercredi et de maintenir ses cours, contrairement aux autres établissements bruxellois comme l’UCL, l’IHECS, Saint-Louis ou encore Marie Haps. Même la VUB (l’aile néerlandophone de l’ULB) a fermé ses portes aujourd’hui.

Alors, comment justifier cette différence de traitement ? Nous avons rencontré Nicolas Dassonville, responsable de la communication de l’ULB, qui nous explique cette décision. “Tout d’abord, il faut savoir que nous avons travaillé en étroite collaboration avec les hommes politiques et la police, nous nous référons systématiquement à leurs injonctions. Celles-ci étaient claires : il fallait, au plus vite, retourner à la vie normale. C’est pourquoi nous avons décidé d’ouvrir, dès le lendemain, l’université. Pour nous, c’est important de faire passer un message en restant ouvert : l’ULB a un rôle sociétal à jouer.”

Lorsqu’on évoque la fermeture de l’université pendant le lockdown de novembre, la réponse ne se fait pas attendre : “La différence entre novembre et aujourd’hui a été la réaction politique. Après les attentats de Paris, on a reçu l’ordre de fermer. Aujourd’hui, cette décision est laissée à notre libre appréciation. Aucune menace ne pèse sur les établissements scolaires, il n’y avait donc aucune raison de fermer. De plus, la réouverture pose problème dans ce genre d’actualité. Une fois fermée, il est difficile de justifier la réouverture sans que des mesures spécifiques soient prises.”

“S’ils nous disent qu’on ne craint rien à l’école, on les croit”

Côté étudiant, on ne remet pas en doute la confiance envers les autorités, mais on regrette le manque de cohérence. “En novembre, on a tout fermé pour un attentat à 300km [NDLR : c’est une menace identifiée sur le sol belge par les autorités, juste après les attentats de Paris, qui avait donné lieu au lockdown de Bruxelles], aujourd’hui ça se passe chez nous et on fait comme si de rien n’était. Aller à l’école alors que le pays est en alerte maximale ça n’est pas vraiment rassurant mais ça change les idées”. Nous croisons un groupe d’étudiants d’architecture, sciences politiques et économiques. Parmi eux, certains rationalisent : “les jours qui suivent ne sont pas les plus dangereux et c’est important de reprendre tout de suite, ne pas laisser la psychose s’installer.” Et d’autres n’ont pas perdu foi : “ce n’est pas parce que c’est deuil national qu’il faut s’arrêter de vivre, au contraire ! Quoi de plus beau que de continuer à s’instruire. On est l’Université libre de Bruxelles. S’il y avait une école qui devait ré-ouvrir, c’était la notre.” 

Si les cours ont été maintenus à l’ULB, dont la localisation relativement éloignée du centre-ville, d’autres écoles, en revanche, sont restées closes. Aux Hautes Ecoles Galilée, le collège de la direction a averti, hier soir, ses élèves qu’il suspendait les cours. En cause, la situation géographique des implantations ainsi que les problèmes d’accès qui risquent de se poser.

A l’IHECS, les cours reprendront dès jeudi matin, même si le programme est bousculé. “Je suis contente que les cours aient été suspendus même si ce n’est qu’un jour, je dois prendre les transports en commun pour aller dans le centre et je n’aurais pas été rassurée de me déplacer” indique Nina, une étudiante de Bac3. “Dans de telles conditions, le lendemain est toujours difficile en ville, les policiers sont en nombre et les touristes désertent.”

Les étudiants sous le choc

Située non loin de la station de métro Maelbeek que les terroristes avaient pris pour cible, la haute école Marie Haps  a aussi décidé d’annuler les cours pour des raisons pratiques évidentes. Les rues aux alentours n’étaient pas accessibles. Chloé, étudiante en traduction et interprétation dans l’établissement, explique qu’elle est encore sous le choc et soulagée d’avoir pu rester chez elle aujourd’hui : “Si on avait eu cours aujourd’hui, c’est très simple, ça n’aurait servi à rien. On aurait été ailleurs pendant l’entièreté des heures. L’arrêt de métro touché est celui auquel nous devons nous arrêter pour venir à Marie Haps… C’était trop proche de nous pour que, en une soirée, on en soit remis.”

Les vacances ne commenceront donc pas forcément plus tôt pour les étudiants qui retrouveront, en majorité, les auditoires dès demain. Peut-être pas avec la plus grande concentration, mais avec l’envie de profiter de cette chance qu’on nous offre : le savoir et l’éducation.

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