08
Juil
2015

Portrait d'un jeune politique 2.0 à l'origine de la campagne jefaisgreve.be

Portrait d'un jeune politique 2.0 à l'origine de la campagne jefaisgreve.be

08 Juil
2015

PORTRAIT. Mathieu Bihet, le “serial tweeter” de la jeunesse MR

Mathieu Bihet, président de la jeunesse MR, présentait en avril dernier la campagne jefaisgreve.be. Troublant pour un libéral ? Pas tant que ça. Fin stratège et adepte de la politique 2.0, Mathieu sait se jouer de ses adversaires en quelques clics. Et si le jeune Neupréen a connu une belle ascension depuis son entrée en politique en 2011, il n’a pour autant pas encore abattu toutes ses cartes. Portrait.

« Je fais grève et j’ai mes raisons ! » scandait mercredi 22 avril les comptes officiels Facebook, Twitter et Instagram des jeunes MR et de leurs représentants. Un message plutôt curieux de la part de la jeunesse libérale renvoyant systématiquement vers un seul et même site : “jefaisgreve.be”. Phrases coups de poing, slogans accrocheurs, design du site rappelant étrangement la charte graphique du PS… La toile se questionne.

Les sourires et déclarations politiques d’une certaine Laurette Onkelinx ou d’une Catherine Fonck se succèdent ouvertement sur la page d’accueil du site. Certains pensent alors à un piratage, d’autres croient à une mauvaise blague… Le site aux allures socialistes n’est en fait qu’un leurre. Les visages des adversaires politiques servent de liens cliquables vers un démenti rédigé par la jeunesse MR. Une contre-argumentation est présentée pour chacune des citations présentées sur la page. Dans les jours qui suivent, les réseaux sociaux s’emparent de l’actualité et le phénomène “jefaisgreve.be” devient viral.

Le président des jeunes MR

Malgré sa figure de personnage public, le président des jeunes MR n’est pas à l’aise devant l’objectif.

Le projet est né suite aux grandes grèves de décembre 2014. A l’origine de ce coup de communication, deux jeunes MR : Mathieu Bihet, président de la jeunesse MR, et François Burniaux, secrétaire général des jeunes MR. Les deux hommes décident de réaliser une campagne de communication pour contrecarrer les arguments de l’opposition. « On ne l’a pas fait par rapport à la campagne du PS. Ce n’est pas du tout la même démarche », se défend fermement Mathieu. Peu importe les raisons, la stratégie de “jefaisgreve.be” est payante. Le site attise le débat et dérange gentiment les jeunesses concurrentes. Il faut dire que le président des jeunes MR a le goût de la provocation.

Jeune Neupréen de 23 ans, étudiant en droit à l’Université de Liège, Mathieu Bihet obtient la fonction de président en janvier dernier suite à la démission de son prédécesseur, Lora Nivesse élue en septembre 2014. A l’époque sous le poste de vice-président, il décide de se proposer pour reprendre la tête des jeunes MR. Cette prise de fonctions, bien que soudaine et inattendue, ne réussit pas à le déstabiliser. Habitué aux responsabilités politiques depuis quelques années déjà, Mathieu voit sa nouvelle charge comme une étape supplémentaire dans son parcours en politique. En tant que président, il tente alors d’investir la communication de son mouvement d’une dimension davantage connectée avec les militants, notamment grâce aux réseaux sociaux. Loin d’un libéralisme conservateur, il tente d’incarner un libéralisme jeune.

Un président 2.0 qui n’a pas son Smartphone dans sa poche

De nature hyperconnectée, Mathieu est un véritable « Serial Tweeter », comme en témoignent ses collègues. Son premier réflexe du matin est de se connecter sur son Smartphone : Twitter, Facebook, LinkedIn… Tout y passe. Et même s’il préfère parler de passion pour le débat en ligne plutôt que d’addiction, il aurait tout de même un petit côté geek. Ses quelques 15000 tweets au compteur en sont la preuve la plus prégnante. Twitter, c’est un peu son agora. Il y parle de tout sujet qui pourrait susciter la polémique. Les débats politiques bien sûr, mais pas que. Il se passionne aussi pour les actualités sportives, en particulier le foot dont il est grand amateur.

Fidèle à ses origines en tant que fan invétéré du Standard de Liège, il rate rarement un match à domicile. Sa passion de supporter associée à son goût de la provoque lui ont déjà valu quelques échanges explosifs. Ce fut le cas en janvier 2015, lors du scandale de l’étendard brandi par les supporters lors d’un match au stade de Sclessin représentant l’ancien capitaine du Standard, Steven Defour, la tête tranchée. Le tifo avait alors fait le tour du monde via les réseaux sociaux. Après les dramatiques événements des attentats de Paris, cette réaction du fanclub du Standard avait notamment suscité quelques polémiques sur la Twittosphère. A l’époque, Mathieu avait alors son avis sur la question et ne s’était pas gêné pour l’exprimer haut et fort. Le jour de l’événement, la photo d’un stade en ébullition brandissant l’image d’un Defour mal en point était ponctuée sur le compte de Mathieu d’un message simple mais direct : « Merci ! ». Si beaucoup percevaient le tifo comme inacceptable et incitant à la haine, ce n’était pas le cas de Mathieu. Il n’a pas hésité à maintenir sa position devant la presse. « Si le débat est là, si ça fait réagir, alors, il a déjà gagné », explique un proche collaborateur politique. Les réseaux sociaux, plus encore qu’une forme d’exécutoire, lui permettent de donner de la voix dans les discussions.

L’outsider des jeunes MR

Une place de vice-président inopinée puis une montée en grade obtenue au détour d’une démission, le parcours de Mathieu Bihet est pour le moins fait de circonstances fortuites et d’occasions saisies au passage. « Je fonctionne fort à l’instinct. J’ai appris le vendredi que le mardi qui suivait j’allais devenir président. Je n’ai pas réfléchi, j’y suis allé ».

Cette position d’outsider à la tête des jeunes MR a renforcé la puissance du surnom qu’on lui prêtait depuis quelques temps déjà, celui du personnage principal de la série US « House of Cards », Frank Underwood, alias Francis.

Fin stratège ayant un goût prononcé pour la chose politique et bon communicateur envers les militants, Mathieu aime donner la réplique à ses camarades politiques, quitte à faire preuve d’un peu trop de tempérament. Beaucoup parlent à ce sujet d’une certaine « fougue de la jeunesse ». « En deux ans, il a déjà bien évolué », raconte un conseiller communal de Neupré. « Il doit encore apprendre énormément, bien sûr, mais il a la jeunesse pour lui ».

Même avec l’expérience, le jeune homme conserve sa nature fonceuse et impulsive. C’est peut-être précisément de là qu’il tient son plus grand atout. Encore trop jeune que pour devoir enchaîner les coups de bluff, il saisit les cartes dans la pioche, comme elles viennent. Sans trop savoir si la prochaine qui lui sera attribuée sera un roi ou un valet.

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