Changer de sexe en Belgique, comment ca marche ?
Philippe Artois, coordinateur au sein de l’asbl Tels Quels, estime qu’il y a 100.000 transgenres en Belgique. Le Registre National recense 730 opérations chirurgicales de changement de sexe entre 1993 et juin 2014.
Autrefois, les personnes qui désiraient modifier leur prénom et leur sexe sur leur carte d’identité devaient obligatoirement passer par une procédure judiciaire. En 2007, une nouvelle loi a simplifié ce système.Les individus sont désormais tenus à une procédure uniquement administrative, dont les droits d’enregistrement s’élèvent à 490€. Ce changement de législation explique le boum que les opérations ont connu entre 2007 et 2008, passant ainsi de 27 à 74.
Modification des papiers d’identité : 3 étapes
Pour voir leur sexe et leur prénom modifiés, les personnes transgenres doivent répondre à trois critères : avoir été suivi par un psychiatre, avoir subi une opération de changement de sexe, être stérilisé.
Le rôle du psychiatre
« C’est moi qui donne le feu vert avec l’endocrinologue. Je dois vérifier que la personne ne souffre pas d’un problème psychiatrique qui serait soignable et qui donc arrangerait ses problèmes. Si c’est par délire que la personne croit qu’elle appartient à l’autre sexe, ce n’est pas un service à lui rendre de la laisser passer dans l’autre sexe », clarifie le psychiatre Louis L. Max, quant à lui, dénonce ce passage obligé par le psychiatre, devant qui les personnes transgenres sont contraintes de justifier leur identité.
« Essaye un peu de justifier qui tu es, de dire pourquoi tu es une femme, tu tombes automatiquement sur des stéréotypes. Ca renforce les stéréotypes sexistes. » Max Nisol
Avant de donner leur accord, certains psychiatres vont jusqu’à forcer leur patient à vivre habillé dans l’autre sexe pendant un an. Alors qu’elle n’a pas encore eu recours aux hormones, la personne se voit contrainte de se « déguiser » sur son lieu de travail. Louis L. y voit une marginalisation des transgenres.
Le rôle de l’endocrinologue
L’endocrinologue va quant à lui suivre de près les patients en leur administrant des hormones. Il va donner son accord, tout comme le psychiatre, pour poursuivre vers l’opération. « C’est plutôt un accompagnement qu’un examen d’entrée. Les gens peuvent changer d’avis, attendre. On a plusieurs patients qui attendent, qui ne veulent pas obligatoirement de chirurgie et veulent simplement un traitement hormonal », explique l’endocrinologue Anis Akalay
En Belgique, les opérations sont pratiquées uniquement à l’hôpital Erasme de Bruxelles et à l’hôpital universitaire de Gand. Les coûts oscillent autour de 16.000€. Les remboursements se font au cas par cas en fonction des mutuelles.
