11
Avr
2017

Quand la démocratie de papa ne convainc plus, il faut remettre le peuple au cœur du débat politique.

Le peuple s'indigne. Mais est-il écouté ? Photo : Quentin Bruno (CC BY-NC-ND 2.0)

Quand la démocratie de papa ne convainc plus, il faut remettre le peuple au cœur du débat politique.

11 Avr
2017

EDITO. Oserait-on rêver à une démocratie 2.0 ?

« Qu’elle est belle notre démocratie ! » me disait souvent mon père. « Le vote pour tous, la liberté d’expression… » Attends, attends, stop ! Notre démo… quoi ? Je ne suis pas sûre de suivre. La démocratie ? Qu’est-ce que c’est ?

Un coup d’œil à l’étymologie nous apprend que ce mot est tiré du grec « Dêmos » qui signifie « le peuple » et « Kratos » qui, lui, désigne « le pouvoir ». On peut donc en conclure que la démocratie, c’est purement et simplement un régime politique dans lequel ce fameux pouvoir est détenu ou contrôlé par le peuple, sans distinction de richesse, statut, classe sociale…

Quel beau tableau, un vrai conte de fées. Moi, petite citoyenne parmi des millions, j’aurais la chance de détenir le pouvoir, de prendre des décisions ? Belle utopie… Personnellement, tout ce que je vois, c’est un peuple mécontent, obligé de suivre des idées qu’il désapprouve par manque d’alternatives. « Kratos » ou crétin ? « Démos » ou dément ? Le monde occidental connaît une crise majeure : la crise de la démocratie.

Seuls 9% des Belges affirment faire confiance aux hommes politiques (étude “Noir, Jaune, Blues”)

Des preuves ? Bien sûr qu’il y en a… Les chiffres parlent d’eux-mêmes. En Belgique, par exemple, l’étude « Noir, Jaune, Blues », réalisée en 2016, a révélé que le système politique n’a pas la cote auprès des citoyens belges. C’est même un euphémisme puisque les partis politiques ont le taux de confiance le plus bas en Belgique, parmi les diverses institutions. Ainsi, seuls 9% des Belges affirment faire confiance aux hommes politiques.

Et si ce seul chiffre n’est pas assez parlant, en voici un autre. Toujours selon l’étude « Noir, Jaune, Blues », pas moins de 68% des gens pensent que la démocratie fonctionne mal, que les idées du peuple ne sont pas bien représentées. C’est quand même deux tiers des Belges qui ne sont pas satisfaits du régime politique actuel. Alors, surpris ?

Indignez-vous !

Il est inutile de se voiler la face. Notre monde va mal. Tellement mal que la nouvelle génération est forcée d’agir. S’ils désirent un avenir, il faut prendre le taureau par les cornes. Quitte à sortir dans les rues pour faire valoir ses idées. Avec le mouvement Nuit Debout en France ou celui des Indignés en Espagne, les jeunes se mobilisent contre une politique dans laquelle ils ne se retrouvent plus.

Ma mère me répète continuellement que les Belges pleurnichent beaucoup, mais n’agissent jamais. C’est jouissif de pouvoir me retourner vers elle et lui rétorquer : « Tu vois maman, peut-être que ta génération ne faisait pas grand-chose mais les jeunes d’aujourd’hui, ils bougent pour leur pays ! » Ils étaient 200 lors de la première nuit, 200 personnes à protester, à crier au scandale.

Ce n’est pas tant une loi en particulier qui frustre, mais la société en général. Les jeunes désirent le changement ; les programmes qu’on leur propose ne paraissent pas satisfaisants. Ces jeunes sont l’avenir et ils ont besoin d’un pays solide, d’un pays à leur image. Les mœurs changent et la politique devrait changer avec elles.

Je vous parle de changements, mais lesquels ? D’aucuns requièrent une démocratie 2.0, cette utilisation politique des réseaux sociaux, des médias en ligne, et parfois des blogs. Certains penseurs estiment qu’Internet renforce le pouvoir de la société civile. Internet, c’est un auditorium géant. Depuis chez lui, n’importe qui peut participer au débat.

C’est d’ailleurs l’une des idées qui anime le Parti Pirate. Il s’agit d’un des seuls partis qui propose une démocratie 2.0. Les membres promeuvent l’idée qu’Internet rend possible de nouvelles formes de participation citoyenne et d’organisation démocratique.

Encore une utopie ? Certainement. Pourtant, ce parti a le mérite d’ouvrir le débat et de donner la parole à ceux qu’il entend représenter.

Allô les politiques ?

Les réseaux sociaux et autres espaces de parole en ligne sont très utiles dans un contexte politique, et ça, les community managers des partis traditionnels l’ont bien compris. Ils les mettent à profit pour la communication de leur parti. Mais n’est-elle pas trop souvent à sens unique ? Les politiques écoutent-ils véritablement la voix du peuple à travers ces espaces dédiés à la parole ? Il m’est difficile d’imaginer les hommes de pouvoir permettre aux nouvelles technologies de s’incruster dans les affaires du pays.

“Si personne n’écoute, comment les citoyens peuvent-ils encore avoir envie d’aller aux urnes ?”

Dans notre pays, où le vote est obligatoire, il est important de sélectionner des candidats qui nous intéressent pour ce qu’ils font plutôt que par dépit. Hélas… Moi, simple citoyenne belge, ne suis pas convaincue par les programmes défendus par nos partis traditionnels. Ils s’accrochent à leurs idées d’autrefois comme un singe s’accroche à sa branche. Et la nouveauté dans tout cela ? Faites-nous rêver ! Les discours tenus par les hommes politiques semblent redondants. Et après, on s’étonne de voir se multiplier les votes blancs…

De toute manière, au café du commerce, on a déjà tranché : les politiques te font miroiter des idéaux, mais une fois au pouvoir, finies les belles paroles et bonjour la corruption. Il suffit de regarder l’affaire Publifin en Wallonie ou l’affaire Publipart en Flandre. Affligeant ! Encore une fois, les nouvelles technologies ont permis au citoyen d’être au courant, tout simplement. Ils participent par commentaires, tweets… Ils s’enflamment sur la toile, quitte à franchir parfois les limites de la bienséance.

C’est bien là tout l’enjeu : permettre le débat, mais surtout l’encadrer, pour ne pas qu’il dérape. Un défi de taille que devront relever les politiques s’ils veulent conserver l’intérêt des citoyens. Ils en ont besoin pour exister.

Maïlys Chavagne

Dossier spécial “démocratie participative”

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