06
Avr
2015

Découvrez notre série "métiers insolites" : #1 Le sculpteur de l'imaginaire

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06 Avr
2015

MÉTIERS INSOLITES. Stéphane Halleux donne vie aux personnages de ses rêves d’enfant

A la fois sculpteur et galeriste, récompensé par l’Oscar du meilleur court-métrage d’animation en 2014 avec « Monsieur Hublot », Stéphane Halleux étonne par son imagination et son originalité. Il vit de sa passion en créant des personnages sur la base de matériaux de récupération qu’il déniche autour de lui. Ses oeuvres témoignent de son âme d’enfant restée sans rides, d’une sensibilité à fleur de peau et d’une simplicité touchante.

C’est dans son atelier, à Mohiville, que se déroule la rencontre. Jean, pull en laine et casquette noire recouverte de poussière, Stéphane Halleux nous invite à entrer. Ça sent le bricolage : un léger parfum  de bois mélangé à celui de métal, d’acier et de cuir. Autour de nous, une multitude de personnages semblent bouger au rythme d’une chanson de Bruno Green. La lumière est tamisée, les murs sont recouverts d’affiches, témoins de ses expositions précédentes. Stéphane Halleux nous invite à prendre place sur un haut tabouret, lui reste debout, appuyé contre une petite commode.

Une figure au look d'aviateur

Après son graduat en illustration, Stéphane Halleux a été employé consécutivement dans deux studios d’animation au Luxembourg. Déçu par la manière de travailler du second, il s’est lancé seul et a repris un dépôt de meubles près d’Arlon pour se consacrer pleinement à sa passion qu’est la sculpture. « J’ai dû faire un choix entre la créativité d’un côté et l’entreprise de l’autre. Au début, ça n’a pas été simple. J’avais mis des sous de côté pour tenir un an mais j’ai un défaut, je ne sais absolument pas gérer mon argent ! Du coup, tout est parti en sept mois ! Alors je n’ai bouffé que des pâtes, des trucs pas chers, tu vois le tableau ! »

«  Je n’aurais jamais cru vivre ça, c’est le rêve quoi ! »

Petit à petit, suite à plusieurs expositions qu’il a réalisées, des galeristes séduits ont valorisé son travail : « C’est là que tout a basculé. Les expositions se sont enchaînées et depuis, ça n’arrête pas. »

Malgré son mépris pour tout ce qui touche à la productivité, il s’est laissé prendre dans un processus qui l’oblige à respecter certaines échéances. Même s’il n’apprécie pas toujours cette manière de procéder, il lui reconnait néanmoins un certain bien-fondé. « Les galeries où j’expose souhaitent vendre mes créations. Du coup, j’essaie de sortir une pièce toutes les deux semaines. C’est une facette que j’aime moins même si c’est pas plus mal d’avoir des délais, sinon au final, tu ne fais rien. »

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Ses créations restent toujours dans le même thème : un univers de fonctionnaires et de comptables, deux professions dont il n’a jamais compris le sens. « J’en ai la phobie ! » ajoute-t-il. Pourtant, au travers de ses œuvres, son but est de se rapprocher de manière fantaisiste de cet « univers étrange », un monde réglementé dont les employés tentent de s’échapper.

Ce qui est avant tout remarquable, c’est son utilisation de matériaux de récupération. Ses personnages sont construits à partir d’objets trouvés ça et là. Stéphane Halleux dégote ses pièces sur les marchés, les brocantes, chez des antiquaires, ses amis et ses voisins. « Je préfère utiliser des matériaux de récupération parce qu’ils ont une âme, étant donné qu’ils ont déjà vécu en ayant été utilisé par quelqu’un. Ça me donne l’impression que les gens y laissent leurs empreintes. »

Rêves de petit garçon deviendront grands

Chacune de ses réalisations est unique. Chaque pièce est différente. Quelles sont les sources d’une telle imagination ?  « Celles de mon enfance », déclare-t-il. Stéphane Halleux crée des jouets qu’il aurait rêvé avoir quand il était petit. Lorsqu’il travaille, il imagine toujours une histoire à chacun de ses personnages avec un caractère particulier.

« Quand t’es enfant, tu joues avec tes figurines et tu t’imagines être à leur place, t’es à fond dedans ! Mais quand on grandit, on ne fait plus ça. C’est triste ! Mais moi, il m’arrive encore de faire parler mes personnages. Parfois je me surprends même en train de jouer », explique-t-il avec un grand sourire et une pointe de nostalgie dans la voix.

A l’issue de cette rencontre, on se dit qu’on devrait garder à l’esprit la leçon de vie que Stéphane Halleux voudrait nous transmettre : “S‘il est quelque chose de plus important que de rêver, c’est de faire vivre ses rêves.

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Portrait réalisé par Caroline Rase

 

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