Entrée du camp de réfugiés installé au parc Maximilien à Bruxelles
24
Sep
2015

Pluie, cartons et soutien aux réfugiés. Dans la peau d’une bénévole au parc Maximilien.

A l'entrée du parc Maximilien à Bruxelles, des slogans accueillent les réfugiés.

Pluie, cartons et soutien aux réfugiés. Dans la peau d’une bénévole au parc Maximilien.

24 Sep
2015

“Et si c’était toi ?”

Certains y vont par curiosité, d’autres pour se faire leur propre idée, hors média et hors discussions. Les bénévoles du camp Maximilien se disent sensibles face à cette détresse humaine et veulent aider, à leur échelle, même si ce n’est que quelques heures par semaine. Ce mardi, j’ai décidé de les rejoindre.

A première vue, on dirait un camping de festival en plein cœur de Bruxelles : des tentes par centaines, des bancs ici et là, une cantine, de nombreux stands… Sur ceux-ci, il n’est pas inscrit le nom de marques célèbres de boissons. Mais plutôt Médecins sans frontières, Samu Social ou encore Oxfam. Ces institutions sont venues se greffer à la plateforme citoyenne de soutien aux réfugiés de Bruxelles, créée début septembre, suite à l’afflux de migrants dans la capitale européenne. « Ils sont environ 400 sur place et entre 100 et 150 personnes arrivent chaque jour », explique Elodie Francart, porte-parole de la plateforme.

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Une tente est réservée à l’accueil des bénévoles. Photo : BBB/Caroline Beauvois

Au camp, les bénévoles à mes côtés sont nombreux. Chaque jour de la semaine, ils sont 100 à 150 à venir apporter leur aide et jusqu’à 400 le week-end. Jeunes et moins jeunes, femmes et hommes, francophones et néerlandophones s’entraident dans les différentes tâches. Pierre, Bruxellois, 47 ans, récemment au chômage, profite de son temps libre pour venir un jour par semaine au parc. « Quand j’ai appris ce qui se passait, je me suis dit “Tu ne peux pas ne pas y aller !” » Et d’ajouter : « C’est assez choquant car ça veut dire que jusqu’ici, l’Etat a baissé les bras. Ce n’est pas aux citoyens de s’en occuper ». Fabrice, 39 ans, lui vient de Gembloux et a pris sa matinée pour venir voir de ses propres yeux les enjeux sur place. Père de quatre enfants, il se dit très touché par ses familles qui viennent de si loin. « Je me mets à leur place. Devoir tout quitter sans rien… »

J’enfile les gants

Je suis accueillie au stand d’accueil des bénévoles afin de recevoir les informations nécessaires, une paire de gants et quelques autres accessoires. « J’ai besoin d’un volontaire », s’écrie un bénévole. Une jeune fille à mes côtés lève le bras spontanément ! « Pour nettoyer les toilettes », poursuit-il. Elle sourit un brin désabusé, enfile ses gants et le suit. Pas certaine que ce soit ce à quoi elle s’attendait. Les tâches au camp sont diverses. Parmi elles, la gestion des dons matériels, l’aide en cuisine, l’entretien des tentes ou encore, pour les arabophones, indispensables dans le parc, l’accueil des réfugiés.

Tente pleine d'objets

Les dons hygiéniques sont entreposés dans une tente du Samu social. Photo : BBB/Caroline Beauvois

Pour moi, direction la tente du Samu social afin de constituer des packs à distribuer aux nouveaux arrivants. A l’intérieur : savon, brosse à dent, dentifrice, shampoing et déodorant. Une heure et demie plus tard, je retourne au stand pour mes nouvelles directives. Cette fois, on nous demande de nous installer près de la route pour refuser les donations ou les rediriger vers un autre bâtiment. « Ce matin on a dû refuser un gros colis. Les personnes étaient déçues, elles venaient de loin. Mais ce n’est pas possible de les entreposer, surtout avec la pluie », m’explique un autre bénévole. Le paradoxe est présent. Le pragmatisme aussi. « Les besoins réels du camp sont essentiellement l’aide sur le terrain, explique Élodie Francart. Pour les dons matériels, il faut se référer à la page de la plateforme où tout est communiqué chaque jour. »

Pause goûter avec Kal

Kal Kadr, réfugié syrien au parc Maximilien de Bruxelles

Kal Kadr, réfugié au parc Maximilien de Bruxelles : « Je suis très content d’être en Belgique. » Photo : BBB/Caroline Beauvois

En parallèle de l’aide apportée au fonctionnement de la plateforme, des rencontres. Au coin d’une tente, Kal Kadr, un Syrien de 45 ans, m’invite à prendre une pause et à discuter avec lui. Il me propose sa chaise la plus confortable, à manger et à boire, un grand sourire aux lèvres. La frontière linguistique est là, bien sûr, mais il arrive à me parler dans un anglais approximatif. Il m’explique alors son périple jusqu’en Belgique, suite à la guerre ravageant sa ville de Deir Ez-Zor, et son bonheur d’être enfin arrivé. Un optimisme déconcertant pour quelqu’un qui a traversé des milliers de kilomètres, comme tant d’autres avant lui et tant d’autres qui suivront. « Je suis très content d’être en Belgique. » Il me le répétera plusieurs fois.

« C’est intenable »

La plateforme ne désire pas que ce camp de réfugiés perdure. « Nous voulons une vraie politique d’accueil, une augmentation des quotas de l’office des étrangers et la mise en place d’une politique digne pour ces réfugiés, explique la porte-parole. Le gouvernement parle vaguement d’un nouveau local disponible dans trois semaines seulement. C’est intenable et irresponsable de laisser la situation comme celle qu’on connait aujourd’hui. »

Il est 14 heures, je dois partir. Entre-temps, de nombreux bénévoles sont venus se présenter au stand d’accueil. Un va-et-vient de personnes anime les allées du campement. Il pleut mais ils sont encore là. En quittant le parc, je passe devant un slogan écrit sur un drap en lettres rouges : « Et si c’était toi ? »

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One Response to ““Et si c’était toi ?””

  1. Vos articles sont vraiment bien !

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