23
Nov
2016

Améliorer les petits maux du quotidien avec des plantes, une solution proposée par les herboristeries.

Ellen Desmecht, herboriste, prépare des mélanges personnalisés pour ses clients. Photo : Gaëlle Deleyto

Améliorer les petits maux du quotidien avec des plantes, une solution proposée par les herboristeries.

23 Nov
2016

J’ai testé pour vous : me soigner avec des plantes

En cette période de l’année, les grands froids montrent tout doucement le bout de leur nez. Bien entendu, accompagnés des rhumes, bronchites et autres joyeusetés hivernales. Pour ma part, je n’échappe pas à la règle, avec une otite qui se prépare depuis plusieurs jours. Frileuse face aux antibiotiques et autres médicaments en tout genre, je cherche une solution alternative. Et c’est là que ça coince. Mes finances en tant qu’étudiante ne me permettent pas de mettre un budget au-delà de 20 euros.

Je décide donc de me rendre dans une herboristerie pour essayer de trouver un remède à la hauteur de mon porte-monnaie et j’en profite pour en apprendre un peu plus sur cette vieille profession qui tend à disparaître dans certains pays.

Herboquoi ?

L’herboristerie Desmecht, place Sainte Catherine, est une affaire familiale ouverte depuis 1840 qui livre depuis plusieurs générations des conseils à ses clients. Au fond du commerce, il y a un comptoir d’époque, une balance ancienne, et d’immenses armoires en bois. Entre les rayons, Ellen m’accueille pour me faire découvrir sa profession. « Être Herboriste, pour ceux qui l’ignorent, ça fait référence à la phytothérapie, c’est-à-dire soigner ou prévenir des problèmes de santé par les plantes. »

La qualité d’un bon herboriste c’est de pouvoir offrir une solution, un remède efficace, mais aussi de tenir compte du client, d’être à l’écoute de chaque besoin. « Parfois, les personnes qui fréquentent le magasin ont peu de moyens, donc on se dirige plus vers les tisanes pour eux, mais on a aussi des clients qui prennent les gélules qui coûtent un peu plus cher, mais qui sont moins contraignantes. On essaye de personnaliser le plus possible le service. »

Les herboristes ne prétendent pas se substituer aux médecins ou aux pharmaciens, bien au contraire. « Le jour où quelqu’un rentre et qu’on ne peut pas l’aider, on le renvoie chez un spécialiste. C’est important de connaître ses limites et de reconnaître qu’une chose n’est plus de notre compétence. »

Une profession non-reconnue

Le statut d’herboriste est très différent de celui de pharmacien. C’est un métier non protégé pour lequel le diplôme n’est pas reconnu en Belgique. Tout le monde peut donc être herboriste.

Il existe des formations en deux ans données par exemple en cours du soir à l’EFP à Uccle. Mais ceci n’est qu’une base. La plupart des choses s’apprennent par soi-même ou sur le tas. « On accueille ici beaucoup de stagiaires pour leur permettre d’apprendre vraiment le métier ». Ce qui est intriguant, c’est que des profils très différents comme des psychologues ou des assistants en pharmacie, qui ont suivi une formation liée au fonctionnement du corps humain, peuvent postuler pour y obtenir un stage.

Pour ouvrir une herboristerie, il faut donc simplement avoir un diplôme de gestion, même s’il est tout de même recommandé d’avoir suivi une formation d’herboriste. « En termes de compétences, ça demande quand même une certaine connaissance approfondie du corps humain et de son fonctionnement, mais aussi des propriétés des plantes.»

Une législation trop sévère

Les herboristeries en Belgique sont considérées comme des magasins alimentaires. Les produits vendus sont plutôt des compléments alimentaires que des médicaments. Les herboristes ne vendent pas officiellement des remèdes pour “guérir”, bien que ce soit le but recherché par les clients.

« Ici, on est considéré comme le Delhaize, on tombe dans la même législation. »

La ligne est particulièrement fine dans le secteur alimentaire. À Bruxelles, tout doit absolument être bilingue, ce qui peut s’avérer contraignant. Chaque produit vendu dans l’herboristerie doit recevoir un numéro du ministère pour pouvoir être destiné à la vente. « Notre magasin est beaucoup contrôlé. L’AFSCA rentre et regarde chaque pot. On ne peut pas faire n’importe quoi ». Une législation sévère selon la gérante, mais qui  peut avoir un côté plutôt rassurant pour le client.

Si la législation est contraignante envers les herboristeries, c’est notamment en raison de la réglementation des « Novel Foods » ou nouveaux aliments. Il s’agit par exemple des plantes ou des aliments qu’on ne connaissait pas dans l’Union européenne il y a 20 ans. Ce sont parfois des plantes qui viennent par exemple d’Amérique Latine et qui ne peuvent être vendues qu’après de longues études. Le problème, c’est que presque personne n’investit aujourd’hui dans des études pour une plante. Les grosses firmes pharmaceutiques préfèrent payer des recherches pour un médicament pour lequel ils sont sûrs d’obtenir un brevet.

Une profession malmenée

Dans des pays comme la France, il y a une espèce de chasse aux sorcières qui pousse les herboristeries à fermer les unes après les autres. La discipline est amenée à disparaître, le diplôme n’y est plus reconnu, et la loi y est encore plus sévère. L’une des principales causes de cette disparition, ce sont les lobbyings pharmaceutiques. Depuis la loi du 11 Septembre 1941 qui concernait l’industrialisation de la pharmacie, aucun diplôme officiel d’herboriste n’a été délivré en France. C’est Philippe Pétain qui le supprime à la demande de certains pharmaciens et de l’industrie pharmaceutique. Aujourd’hui, ce sont  principalement des pharmaciens qui refusent de voir le diplôme d’herboriste reconnu et qui souhaitent garder le monopole de la vente des plantes médicinales.

Le gros défi pour un herboriste, c’est donc de perpétuer une tradition datant du Moyen Âge. Les Belges semblent plus ouverts que les Français à ce type de discipline. Selon la gérante, son métier a de l’avenir en Belgique. Bien que beaucoup de personnes ne sont pas encore convaincues, de plus en plus de gens se tournent vers cette alternative plus naturelle.

Pour ma part, Ellen m’a conseillé l’huile essentielle de Ravintsara en application derrière l’oreille. 24h plus tard, après du sommeil, une bouillote et de la patience, mon otite est en bonne voie de guérison et mon porte-monnaie se porte bien.

  • Balance d'époque. Photo : Gaëlle Deleyto
  • Plante d'Europe, d'Amérique du Nord et d'Asie qui peut diminuer le stress et l’anxiété. Photo : Gaëlle Deleyto
  • Chaque tiroir enferme une herbe ou une épice. Photo: Gaëlle Deleyto
  • Compositions. Photo : Gaëlle Deleyto
  • Photo : Gaëlle Deleyto
  • Photo : Gaëlle Deleyto
  • Ellen, herboriste, prépare un mélange personalisé. Photo : Gaëlle Deleyto
  • Le thym est connu pour ses propriétés antivirale, antioxydante et antiseptique. Photo : Gaëlle Deleyto
  • Ellen Desmecht, herboriste. Photo : Gaëlle Deleyto

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