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20
Oct
2015

Et si on s'intéressait à la crise des migrants depuis l'intérieur ? Reportage au WTC II.

L'entrée du WTC au 59, Chaussée d'Anvers

Et si on s'intéressait à la crise des migrants depuis l'intérieur ? Reportage au WTC II.

20 Oct
2015

L’Office des étrangers, fourmilière humaine

Il est 11h au World Trade Center II. L’Office des étrangers (OE) qui occupe une partie des bâtiments accueille les derniers demandeurs d’asile appelés pour aujourd’hui. Après le passage par le détecteur à métaux, ces personnes qui viennent de loin sont invitées à attendre. La salle d’attente n’est pas grande et l’ambiance est suffocante. Les demandeurs d’asile s’installent et un employé, déjà à bout de nerfs, les appelle tour à tour pour passer par les différentes étapes de leur demande.

« 250 personnes sont traitées chaque jour ici, on ne peut pas faire plus. L’espace est trop limité et le personnel, même renforcé, n’est pas capable de traiter plus de demandes » explique Dominique Ernould, responsable presse et porte-parole de l’OE. Pourtant dans la salle, il y a beaucoup plus que 250 personnes. Un employé corrige : « Aujourd’hui 264 numéros sont entrés. Un numéro c’est parfois une famille de 3 personnes ou plus. »

Les demandeurs d’asile devront passer par plusieurs étapes afin de constituer leur dossier qui sera reçu par le commissariat général aux réfugiés et aux apatrides (CGRA). Cet organisme s’occupera d’accepter ou non la demande d’asile. Tout cela doit se faire le plus rapidement possible et les différents services tentent chaque jour d’optimiser leur efficacité pour y arriver.

Dites 33…

La procédure débute au service compétent en matière d’identité. Il permet de prendre les informations nécessaires pour construire le dossier du demandeur. Ensuite, la personne ira à l’infirmerie afin de faire un scanner du thorax pour savoir si elle a ou non la tuberculose. Si le cas se présente, elle est directement envoyée dans un hôpital qui s’occupera de la soigner. Dans les jours qui suivent, le demandeur pourra revenir faire sa demande. Ce contrôle préventif permet d’éviter de contaminer plus de 250 personnes qui surchargeraient le service hospitalier.

Infirmerie OE

L’infirmerie de l’OE

C’est à l’infirmerie que nous pouvons découvrir à quel point la situation est difficile à gérer. Madame de Vaaght et Monsieur Melvindt, infirmière et médecin du service, se confient : « C’est le souk aujourd’hui. D’un jour à l’autre le flux de personnes varie. Nos principaux problèmes viennent de la paperasse à remplir, des personnes qui ne se présentent pas, ou encore de personnes qui ne déclarent aucun problème alors que leur état de santé est préoccupant. Le service se clôture dans une heure environ et seulement trois personnes sur 25 se sont présentées depuis ce matin. »

Mais le docteur Melvindt relativise : « Un nouveau local est en cours de préparation afin qu’on puisse travailler avec deux équipes et être plus efficaces. Au niveau administratif, ça s’améliore aussi, mais des progrès sont encore à faire. Si ça bloque ici, ça bloque pour la suite. Nous sommes en amont de tout. »

Puis-je demander votre main ?

Après l’infirmerie, direction la digitalprint box où les empreintes digitales de chaque demandeur sont prélevées. Hervé Maho, employé du service nous explique : « Le travail a été quintuplé. Nous serons renforcés de deux

Digitalprint

Le service des empreintes digitales. Dominique Ernould et Hervé Maho.

personnes aujourd’hui même. 250 personnes c’est un volume difficile à gérer. À sept, nous savons, au mieux, terminer 180 procédures de prise d’empreintes complètes. La situation me rappelle la crise de 2001 (NDLR : où plus de 40.000 personnes étaient venues se réfugier en Belgique en l’espace d’un an) mais l’organisation, il y a quatorze ans, était meilleure. »

Je vous écoute…

Une fois la prise d’empreinte terminée, le demandeur d’asile peut continuer son chemin. C’est l’heure de la première audition. Celle-ci est courte et permet à l’Office des étrangers de comprendre la demande de la personne. Elle durera maximum deux heures. Une plus longue audition sera effectuée par la CGRA pour prendre la décision finale. Le responsable du service nous confie que la tâche n’est pas facile, mais l’accent est mis sur la qualité des auditions. « C’est très important de réaliser une audition la plus complète possible à ce stade. »

L’équipe, ici aussi, est renforcée ce matin. Déjà les nouveaux arrivants se forment auprès des employés plus expérimentés.

Avec le sourire s’il vous plait

Passer de maximum 120 demandes à plus de 250 par jour en quelques mois implique une surcharge de travail conséquente dans le chef de l’Office. Malgré cela et malgré les pressions qui existent, les employés rencontrés ne se disent pas abattus. La collaboration entre les services s’accroit. Des renforts arrivent et la situation du personnel s’améliore petit à petit. Dominique Ernould tient à souligner : « Si la situation est vraiment dure à gérer, il faut aussi se rendre compte que l’Office grandi avec cette crise. Pour les employés, la situation leur donne véritablement une expérience tout à fait intéressante. Il y a une réelle implication de la part de tout le monde. » En ce point, la porte-parole rejoint le point de vue de différents employés rencontrés.

Notre visite se termine. En chemin, nous revenons vers la salle. Il fait encore plus chaud et humide qu’il y a une heure. Des employés, passant par-là, supplient les parents de débarrasser les enfants en bas âge de leurs gros manteaux. Nous croisons les renforts qui arrivent pour aider les différents services. Au loin, une dame qui les encadre leur crie : « On avance, on se motive et on sourit s’il vous plaît! »

Alexandre de Geradon

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