09
Déc
2015

Focus sur une troupe de théâtre regroupant des femmes d’origine maghrébine.

Focus sur une troupe de théâtre regroupant des femmes d’origine maghrébine.

09 Déc
2015

Molenbeek : Des femmes lèvent le voile sur certains tabous

Couverture diaporama "Sucre, venon et fleur d'oranger"

« Sucre, venin et fleur d’oranger » est le fruit d’un travail de longue haleine. Ce spectacle évoque l’histoire d’une famille maghrébine de Molenbeek. Quatre générations de femmes y abordent des thématiques telles que l’émancipation de la femme, l’égalité des genres ou encore les maisons de repos pour musulmans.

En 2011, un atelier de théâtre animé par le comédien Ben Hamidou et la romancière Malika Madi regroupait une trentaine de femmes. Chaque semaine, elles se réunissaient dans le but de réaliser une comédie. Gennaro Pitisci, directeur et metteur en scène du Brocoli Théâtre, participe à l’aventure en mettant au défi ses participants : « La comédie, c’est le pari de l’audace et de l’exigence. On a tendance à croire que c’est facile et que ça coule de source, mais c’est beaucoup plus compliqué et précis. La comédie, c’est le théâtre avec une distance. C’est plus facile de parler de sujets délicats. »

Trois années intenses

Le texte de la pièce s’est nourri de discussions, de débats et de faits d’actualité. L’écriture, sous la houlette de Malika Madi, a évolué progressivement. La première difficulté était de mettre des mots sur des tabous que même les comédiennes n’osaient, au départ, pas aborder. Placer les vétérans dans un home apparaît être l’un des sujets les plus sensibles.

Gennaro Pitisci décrit des situations parfois tendues durant l’élaboration du texte : « La question qui fait la trame de l’histoire est : qu’est-ce que l’on va faire de la matriarche ? C’est un choc dans l’islam et les familles traditionnelles de mettre une personne âgée dans un home. Au départ, on n’en parlait pas. » Un jour, Khadija, l’une des femmes, informe durant l’atelier qu’un Saoudien a l’intention de créer une résidence pour musulmans à Molenbeek. « À cet instant, un grand silence s’est installé et elles ont changé de sujet », explique le metteur en scène. « Elles n’ont pas voulu entendre cette information, car le home n’est pas un lieu pour les musulmans ». Une semaine plus tard, il relance la conversation en compagnie de Ben Hamidou. « Le sujet crée un énorme clash. Quelques jours plus tard, Malika envoyait un mail à Ben Hamidou et moi-même pour annoncer qu’elles avaient décidé collectivement de nous exclure et de rester entre femmes. » Le dramaturge assimile cette réaction à de la censure.

Finalement, la troupe décide de les rappeler un mois plus tard pour continuer l’histoire. Malika Madi résume ces trois années de travail : « La construction du spectacle a été laborieuse. C’est une aventure humaine avant tout. Je crois qu’on a eu des personnalités très différentes. Il y a eu pas mal de hauts et de bas, mais le résultat est un peu le reflet de tout ça, de tout ce qu’on a voulu y mettre ». Ce n’est qu’en 2014 que huit de ces femmes montent pour la première fois sur scène.

Voir le diaporama « Sucre, venin et fleur d’oranger »

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