Un homme part des Ateliers rue de Voot à vélo.
19
Déc
2017

Les rues de Bruxelles sont semées d'embûches selon les cyclistes. Ils réclament plus d’aménagements sécurisés.

Les cyclistes bruxellois témoignent : Bruxelles recèle de nombreux dangers pour les deux-roues.

Les rues de Bruxelles sont semées d'embûches selon les cyclistes. Ils réclament plus d’aménagements sécurisés.

19 Déc
2017

Rouler à vélo, c’est pas la mort ?

Depuis quelques années, le nombre de cyclistes à Bruxelles est en constante augmentation. Mais ils réclament plus d’investissements publics pour rouler dans la capitale en toute sécurité. Les dangers sont encore trop nombreux et souvent liés aux infrastructures elles-mêmes : rails de tram, mauvais état de la chaussée ou encore pistes cyclables mal dessinées… Voilà quelques-uns des dangers que les cyclistes vivent au quotidien.

Depuis 2015, ils sont 50% plus nombreux à enfourcher leur vélo au moins trois jours par semaine délaissant les transports en commun bondés ou les voitures engluées dans les embouteillages. C’est ce qui ressort d’une enquête de Pro Vélo, une association qui se définit comme étant le relais entre les utilisateurs et les politiques en matière cycliste.

L’asbl a contacté près de 660 nouveaux utilisateurs du deux-roues pour comprendre ce qui les a poussé à adopter le vélo comme principal moyen de transport. Il ressort de l’enquête que, aux yeux des néo-cyclistes, le principal frein à l’utilisation du vélo était l’insécurité liées aux déplacements dans la capitale. La dangerosité, le sentiment de malaise dans la circulation ou les aménagements insuffisants sont autant de facteurs qui défavorisent la pratique du vélo en milieu urbain. La cohabitation entre cyclistes et automobilistes reste difficile sur la chaussée si bien qu’en 2016, 739 accidents corporels ont été recensés à Bruxelles selon l’Institut Vias (anciennement l’IBSR), dont un qui a causé un décès.

Mais les nouveaux cyclistes réclament malgré tout plus de sécurité. Pour deux répondants à l’enquête Pro Vélo sur trois, la création d’infrastructures plus sécurisées est la mesure la plus importante pour favoriser la mobilité à vélo à Bruxelles. La commune de Bruxelles-Ville a implanté un grand nombre de pistes cyclables sur son territoire. En cinq ans, le kilométrage des pistes cyclables a augmenté de 67%, mais la plupart ne sont que de simples marquages au sol, jugés insuffisants par la plupart des organisations de défense de cyclistes. Ces associations préfèrent promouvoir la création et la mise en place de pistes cyclables sécurisées et séparées de la chaussée.

Actuellement, les dangers sont nombreux pour les utilisateurs bruxellois du vélo. Ils doivent en permanence sauter entre les rails de tram, slalomer entre les véhicules stationnés sur des pistes cyclables tracées à même la chaussée ou encore éviter des poteaux placés sur les pistes cyclables. Nous avons rencontré plusieurs cyclistes qui détaillent les dangers auxquels ils doivent faire face au quotidien. Des dangers qui les ont conduits à des accidents plus ou moins graves.

Les principaux dangers évoqués par les cyclistes peuvent être classés dans trois catégories :

  • Absence de pistes cyclables adéquates ;
  • Espaces cyclistes partagés avec des bus et des trams ;
  • Aménagements urbains mal pensés pour les vélos

Absence de pistes cyclables adéquates

Bon nombre de rues de la capitale sont dépourvues de pistes cyclables et c’est souvent la même raison qui est avancée : le manque de place dans l’espace urbain. Parfois, un compromis est trouvé avec la pose de marquages blancs peints à même la route. Ces bandes cyclables dites « suggérées » se distinguent des pistes cyclables par l’absence de délimitations précises. Elles ne sont, selon de nombreux utilisateurs, pas la solution idéale pour les cyclistes. Celles-ci leur permettent de rouler sur la chaussée, mais elles ne sont pas inaccessibles aux automobilistes pour autant, ce qui crée un danger pour les usagers faibles.

Espaces partagés avec des bus et des trams

À Bruxelles, de nombreuses rues sont empruntées par le tram et bien souvent les bandes cyclables sont tracées entre les rails ou entre les rails et la bordure du trottoir. De nombreux dangers se présentent alors pour les cyclistes, qui doivent, à la fois, être attentifs à ne pas coincer leurs roues dans les rails, mais aussi à ne pas percuter un tram qui pourrait se trouver derrière eux ou s’arrêter brusquement pour faire descendre ses passagers. Il n’est pas rare, également, qu’ils doivent partager leur piste cyclable avec les bus.

Aménagements mal pensés pour les vélos

À en croire les cyclistes, les autorités publiques investiraient à mauvais escient dans des infrastructures mal pensées pour la cohabitation entre automobilistes et cyclistes. Là où les aménagements sont censés amener plus de confort et de sécurité aux cyclistes, leur mauvaise implantation crée un réel danger pour ces derniers.

Signaler un problème ? Adressez-vous au GRACQ

Face aux nombreux dangers pointés par les usagers, les organisations de défense des cyclistes essayent de faire bouger les choses. Florine Cuignet est la responsable de la politique bruxelloise au GRACQ, le Groupe de Recherche et d’Actions des Cyclistes Quotidiens. L’association a un rôle de relais entre les cyclistes et les autorités. « On doit travailler sur tous les fronts : avec les citoyens, les cyclistes, les autorités, les entrepreneurs, les chefs de chantier, etc. » Si les utilisateurs ont des plaintes concernant un défaut de voirie, ils peuvent signaler le problème au GRACQ. Ce dernier travaille en collaboration étroite avec les pouvoirs publics pour toutes les matières cyclables.

Le GRACQ essaye d’agir dans une majorité de communes bruxelloises en collaboration avec les échevins concernés. Parfois, son rôle est informel, mais il arrive aussi que des groupes de conseil soient mis en place.

Le pouvoir déterminant de la région

Que ce soit pour les voiries communales ou régionales, c’est la région qui a le dernier mot :  « Le rôle de la commune est essentiellement de donner un avis consultatif non-contraignant dans le cas des voiries régionales » explique Bernard Van Nuffel, échevin de l’espace public de la commune de Jette. Cependant, bien souvent, cet avis est suivi par les acteurs régionaux. Pour les voiries communales, la région a également le dernier mot car elle délivre le permis d’urbanisme. Il s’agit de procédures longues, ce qui explique pourquoi les travaux d’aménagement peuvent prendre du temps.

C’est le cas du nouveau plan de mobilité cycliste présenté par le ministre bruxellois de la Mobilité, Pascal Smet (SP.A) en 2015. Ce plan comprend la création d’un RER-vélo reliant la périphérie à la capitale, mais aussi des pistes cyclables sécurisées le long de la petite ceinture et du canal de Bruxelles. Ce projet, dont les travaux devaient avoir lieu entre 2016 et 2018, a pris un peu de retard puisque, pour certaines sections, les travaux ne débuteront pas avant 2019.

Les Bruxellois devront donc prendre leur mal en patience s’ils veulent utiliser le vélo en toute sécurité. Même si les choses sont en train de changer, il faudra encore pas mal d’années pour que Bruxelles deviennent une ville adaptée aux cyclistes.

Charte des commentaires

Le contenu des commentaires ne doit pas contrevenir aux lois et réglementations en vigueur. Sont notamment illicites les propos racistes, antisémites, diffamatoires ou injurieux, divulguant des informations relatives à la vie privée d’une personne, et utilisant des œuvres protégées par les droits d’auteur (textes, photos, vidéos…) sans en mentionner la source. La rédaction du BBB se réserve le droit de supprimer tout commentaire susceptible de contrevenir à la présente charte, ainsi que tout commentaire hors-sujet, répété plusieurs fois, promotionnel ou grossier. Par ailleurs, tout commentaire écrit en lettres capitales sera supprimé d’office. Les commentaires sont modérés a priori.

Laisser un commentaire

Lire les articles précédents :
Jeunes bruxellois de l'IHECS, Solidarcité et Service citoyen
Engage, le haut-parleur des jeunesses bruxelloises

Étudiants en ASCEP (Animation socioculturelle et éducation permanente) à l’IHECS, nous avons vécu l’expérience d’un projet collectif, en partenariat avec...

Fermer