Des jeunes s'amusent au skatepark de Bruxelles-Chapelle (Marc Delforge, FlickR)
29
Oct
2016

Vivre ensemble, les uns avec les autres, passe par une réflexion commune sur le racisme inconscient. Et il y a du travail !

Trois jeunes adolescents, assis, au skatepark Place de la Chapelle. Photo : Marc Delforge, FlickR (CC BY NC SA)

Vivre ensemble, les uns avec les autres, passe par une réflexion commune sur le racisme inconscient. Et il y a du travail !

29 Oct
2016

ÉDITO. Notre société, interculturelle, vraiment ?

Je me suis rendu ce jeudi 27 octobre à une conférence sur le métissage. Elle avait lieu à l’Université libre de Bruxelles et était organisée par le Biso na Bino (“Tous ensemble” en lingala), le cercle des étudiants afro-descendants de l’ULB. C’est le nom de ce cercle qui m’a donné envie d’écrire cet éditorial. “Tous ensemble”. Notre société devrait aussi pouvoir revendiquer un tel slogan, le scander. Mais ce n’est pas le cas. Le mélange interculturel, chez nous, maintenant, n’est qu’un leurre.

L’enfer, c’est les autres

On aime se présenter comme une société ouverte, havre de tolérance devant l’Éternel. Persuadés de notre supériorité, on n’aime rien plus que de se gargariser en pointant du doigt les manquements des autres : “Ah! qu’ils sont bêtes et méchants ces millions d’idiots américains qui veulent élire Donald Drumpf. Ériger un mur et déporter les étrangers, mais enfin quelle folle idée, c’est sûrement pas chez nous qu’on verrait ça mon bon monsieur.”

Certes, Theo Francken n’a pas (encore ?) proposé de construire une muraille entre la Belgique et le reste du monde, mais cette frontière, encore trop peu friable, existe déjà, dans nos esprits. Comment expliquer qu’encore aujourd’hui, on entende des filles qualifiées de “négrophiles” lorsqu’elles sortent avec un homme noir ? Même utilisé sur le ton de l’humour, ce terme met en lumière un constat frappant : dans notre société pseudo-métissée, le couple mixte reste marginalisé.

De même, s’étonner qu’un parent blanc puisse être le père ou la mère biologique d’un enfant métis est une réaction qui pose question. Derrière nos discours pleins d’humanisme et de tolérance, nous sommes finalement peu habitués à voir les communautés se mélanger.

De la nécessité de s’exorciser

Ce dernier exemple peut passer pour du coupage de cheveux en quatre, mais le diable est dans les détails. S’il est difficile, lors du repas de famille, de faire comprendre à son oncle raciste que son discours est inacceptable, il est autrement plus délicat d’expliquer à un ami éduqué et bien sous tous rapports qu’il véhicule des clichés racistes, souvent à son insu. C’est pourtant là que réside la clé. En reconnaissant les clichés que l’on véhicule sur l’autre et en faisant l’effort d’éviter le “racisme inconscient” au quotidien, on fait tomber des murs.

Nous commencerons à évoluer sérieusement lorsque nous cesserons, enfin, de nous focaliser sur les différences qui nous séparent. Dans une société réellement métissée, un couple mixte, ce n’est pas beau, c’est normal. Se réjouir parce que deux enfants, l’un noir, l’autre blanc jouent ensemble, revient à accepter l’exception de la situation, à reconnaître la segmentation de notre société en plusieurs communautés qui se mélangent peu, si peu que l’on en est émerveillé(e) quand des enfants nous montrent l’exemple.

Nous commencerons à évoluer sérieusement lorsque nous nous déciderons enfin à vivre ensemble, et plus les uns à côté des autres. Et ce défi va être de plus en plus important. Les guerres au Moyen-Orient entraînent, et continueront d’entraîner, un nombre croissant de réfugiés en quête d’un futur stable. Faire comme s’ils n’étaient pas là n’est pas une solution, le salut ne passera que par l’inclusion, en leur montrant qu’ils peuvent devenir “nous”, qu’ils sont “nous”. Si nous ne détruisons pas le mur qui est dans notre tête, nous foncerons droit dedans.

Il est temps de s’y mettre.

 

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