09
Déc
2016

La taille du marché et le manque de formation des chefs expliquent en partie ce manque culinaire.

Bien que délicieux, les beignets de mil n'entrent pas dans la catégorie des mets gastronomiques. Photo : Aboukam (CC BY-SA 4.0)

La taille du marché et le manque de formation des chefs expliquent en partie ce manque culinaire.

09 Déc
2016

La gastronomie africaine, grande absente des restaurants bruxellois

Poulet yassa, tiboudjen, chèvre grillée… La cuisine africaine regorge de mets variés et colorés. Cette richesse a pu trouver sa place à Bruxelles, capitale de l’Europe et ville multiculturelle. C’est au cœur de Matonge, quartier africain situé à Ixelles, que l’on peut retrouver la plupart des aliments. Mais quelle est la place de la gastronomie africaine dans la ville ?

Gastronomie = luxe

Là où les cuisines européennes et asiatiques ont pu conquérir le public des fins palais, la cuisine africaine peine à se hisser à leur hauteur. Cela peut s’expliquer par plusieurs raisons. « Premièrement, la gastronomie, à l’inverse de la cuisine plus populaire, relève plus du loisir que de la nécessité. Aller manger dans un restaurant gastronomique n’est pas commun dans les communautés africaines. Et ce sont ces mêmes communautés qui constituent le noyau dur de la clientèle », explique Placide, un jeune travailleur en marketing d’origine rwandaise et grand aficionado des restaurants africains.

Ce n’est pas l’avis de Kossi Modeste, rédacteur en chef du magazine franco-belge Afro Cooking, le seul et unique magazine des cuisines d’Afrique et d’Outre-Mer. « Tout d’abord, on parle des gastronomies africaines. L’Afrique est un continent composé de plus de 50 pays. Ça fait beaucoup ! La gastronomie fait appel aux fins mangeurs et l’Afrique n’en manque pas. »

“Un marché inexploité”

Des initiatives culinaires existent pourtant. « Il y a des restaurants comme Le Pelisson à Saint-Gilles qui essaie d’apporter cette touche de gastronomie. La nourriture est très bonne mais le service pourrait être amélioré. Le client sera prêt à payer pour cette cuisine si le cadre et le service suivent », estime Kossi Modeste.

“Le marché n’est pas inexistant”, selon lui, “mais plutôt inexploité ». Néanmoins, il pourrait facilement apparaître et grandir dans un futur proche. Les jeunes Africains de la diaspora d’aujourd’hui seront les entrepreneurs et les chefs étoilés de demain. Des jeunes qui ont grandi avec les deux cultures et qui pourraient ouvrir le marché de la cuisine africaine, oups pardon, des cuisines africaines, vers des sommets qu’elle n’a jamais encore connus.

Manque de formation

La cuisine gastronomique, c’est aussi de la réinvention. Il faut savoir s’approprier les aliments et les revisiter à sa manière. “Si certaines cuisines africaines veulent se faire une place sur le marché gastronomique belge et même européen, il faut d’abord qu’elles se débarrassent des préjugés (grasses, trop longues à cuisiner) et qu’il y ait des chefs africains reconnus, dont le rôle sera de vulgariser ces différentes cuisines pour un grand public”, argumente Kossi Modeste. “La formation en cuisine et la transmission de celle-ci à travers les médias sont des points très importants. » 

En y réfléchissant, je ne peux citer aucun chef africain. Alors que les émissions culinaires se multiplient à tour de bras, l’Afrique demeure en laissée-pour-compte.

Retard belge

Heureusement, nos voisins français et anglais sont là pour nous devancer. À Paris et à Londres, la gastronomie africaine y fait son petit nid. Première raison : la taille des différentes communautés, qui est largement supérieure à celle de Belgique. Deuxième facteur : le flux d’une riche clientèle africaine venue faire du tourisme dans ces deux capitales. Une clientèle habituée à un certain standing. « A Paris, on a des foodtrucks, des fast-foods et même des concepts afro-vegan”, affirme Kossi Modeste. Et d’ajouter : “Bruxelles devrait s’en inspirer. »

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