04
Oct
2017

CRITIQUE. Kaouther Ben Hania fait son retour au FIFF avec La Belle et la Meute, l'histoire d'une femme qui lutte pour rétablir son honneur et faire valoir ses droits.

Extrait du film "Le Belle et la Meute" de Kaouther Ben Hania.

CRITIQUE. Kaouther Ben Hania fait son retour au FIFF avec La Belle et la Meute, l'histoire d'une femme qui lutte pour rétablir son honneur et faire valoir ses droits.

04 Oct
2017

La Belle et la Meute : quand le conte se transforme en drame

Kaouther Ben Hania est à nouveau présente au Festival international du film francophone (FIFF) de Namur cette année. À nouveau car elle l’était en effet déjà l’an dernier avec son documentaire Zaineb n’aime pas la neige. Son film en compétition est intitulé La Belle et la Meute. Même si le titre y fait référence, ce film est très loin des histoires de princesses contées par Disney. La Belle et la Meute, c’est l’histoire de Mariam, jeune tunisienne de 21 ans. Un soir, alors qu’elle est à une fête étudiante à Tunis, elle se fait violer par des hommes affirmants être des policiers. Sous le choc, le jeune Youssef, qu’elle vient tout juste de rencontrer, l’encourage à porter plainte. C’est alors le début d’une longue et éprouvante nuit pour Mariam dans une lutte pour faire valoir ses droits et la justice.

On connaissait Kaouther Ben Hania pour mettre en avant des sujets de femmes. La réalisatrice tunisienne aime également aborder le thème de la religion. Deux sujets que l’on retrouve ici entremêlés. Mariam est une femme qui lutte pour rétablir son honneur et faire valoir ses droits, tout en veillant à préserver sa famille de culture musulmane, pour ne pas leur faire honte.

“L’homme est un loup pour l’homme”

Le film est d’un réalisme glaçant. Filmé en caméra à l’épaule avec de longs plans séquences, il nous plonge dans l’action, aux côtés de Mariam. Le spectateur est avec elle dans cette salle d’hôpital où l’attente est interminable. Tout comme elle, il subit la pression de ces policiers infâmes et malhonnêtes qui font tout pour l’intimider et l’effrayer, l’empêcher de porter plainte. Des policiers qui sont complices du crime, ne voulant pas qu’elle porte atteinte à leurs collègues, et du coup à l’image de la profession. Un des policiers lui fait d’ailleurs comprendre qu’ils sont là pour arrêter les loups de la société, sans eux le peuple se ferait manger. C’est d’ailleurs cet aspect qui est le plus terrifiant dans le film. « L’homme est un loup pour l’homme » disait déjà Plaute, au IIème siècle avant JC. Ici la pauvre Mariam est entourée d’une meute de loups qui veut sa peau. Les loups dont parle le policier, sont également dans leurs rangs ; lui même en est un.

Le récit est d’une violence incroyable. Pourtant la scène la plus violente de l’histoire, le viol, n’apparaît pas à l’écran. La réalisatrice mettant plutôt l’accent sur les violences psychiques ou de langage. La violence physique est présente, mais on sent cette volonté de ne pas la mettre en avant.

Une nuit pour que justice soit rendue

La Belle est confrontée pendant toute la nuit à ces vagues de violences malsaines. Une nuit qui se transforme en réel supplice. En plus de tous les hommes qui tentent de l’inciter à abandonner toutes les charges contre ses agresseurs, elle doit aussi faire face au regard d’une femme, une policière qui va à un moment donné la traiter de trainée. Une phrase terriblement choquante de la part d’une femme qui montre que, même entre elles, les femmes ne parviennent pas à s’unir pour leurs droits. Les différents soutiens et repères de la pauvre Mariam lui sont à chaque fois retirés, ce qui la laisse totalement seule face à la meute.

Un périple durant lequel Mariam ne faiblit pas. Celle qui est au début fragile et totalement perdue, reprend au fur et à mesure sa confiance et sa force. Celle qui utilise un drap pour se couvrir, se cacher, finit par le déployer telle une cape et marcher fièrement la tête haute. Celle qui était persécutée par la meute, n’en sort que plus brave. Et plus Belle.

 

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