Pièce commune colorée
03
Jan
2019

Considérée comme un gage d’indépendance pour certains étudiants, la vie en kot n'est pas toujours simple. Il existe pourtant des alternatives méconnues, comme l'internat.

Photo : Chloé Vincent

Considérée comme un gage d’indépendance pour certains étudiants, la vie en kot n'est pas toujours simple. Il existe pourtant des alternatives méconnues, comme l'internat.

03 Jan
2019

L’internat, une réelle perspective de logement pour étudiants?

« Si tu n’es pas sage, on t’envoie en internat », une menace maintes fois répétée aux enfants. Règles à outrance, surveillance permanente, perte d’indépendance : l’imaginaire collectif peine à défendre les mérites de ce type d’établissement. Au-delà de ceux destinés aux enfants, les internats ouvrent également leurs portes aux étudiants. Sensiblement différents, ils se révèlent finalement être un choix prometteur pour ceux qui s’y prêtent et qui, en grande majorité, en ressortent agréablement surpris.

Un endroit pas si austère 

“La Maison des Étudiantes” à Uccle, un logement pour étudiantes du supérieur et universitaires, est un exemple concret. Membre d’un réseau de quatre internats, mixtes ou non, dispersés sur la capitale et subventionnés par la Fédération Wallonie-Bruxelles, cette institution se veut avant tout un lieu de communication plutôt que de répression. Le directeur de l’établissement Azzedine Sektani veille à s’en assurer : « Nous nous situons dans une politique plutôt d’autonomie complète, loin de l’image qu’on peut avoir des internats pour enfants. C’est un endroit pour adultes, fait pour bénéficier d’une certaine liberté, mais aussi adapté aux études. On ne rentre donc plus dans les mêmes règles. C’est pour cette raison qu’on parlera davantage de maisons d’étudiants que d’internats. »

Mêlant espaces communautaires et personnels, l’établissement dispose de pièces dédiées à la détente, au sport ou à l’étude comme de chambres individuelles. « Ce qui est bien, c’est que tu as une communauté autour de toi, mais tu ne dépends pas d’eux et tu ne dois pas rendre de compte. En colloc’, j’avais peur de ne pas m’entendre avec les autres et que cela ait un impact sur mes études », affirme Elsa, interne convaincue depuis maintenant cinq ans.

Des salles de détente communes sont accessibles aux internes. Photo : Chloé Vincent

Loin du rôle de surveillante qu’on pourrait lui prêter, Chanel se définit comme une “éducatrice”, responsable des 130 étudiantes en cas d’incendie, d’accident ou de maladie : « Mon rôle d’éducatrice prend plus son sens par rapport aux activités qu’on organise pour les filles qui sont libres d’y participer ou non. Je ne suis pas là pour surveiller. Si on veut sortir, il est tout à fait possible de déloger. Dans la mesure où nous sommes un établissement public, nous devons juste être prévenus ». Si les maisons d’étudiants se veulent les moins restrictives possible, les internes sont conscientes qu’une vie en communauté implique systématiquement un certain nombre de règles. « Étant donné que nous sommes nombreuses, c’est évident que nous ne pouvons pas tout nous permettre. Nous avons un couvre-feu à 23h45, des heures prévues pour les repas et nous ne pouvons pas ramener n’importe qui au sein du bâtiment. L’internat n’est pas non plus accessible le week-end. C’est un juste milieu quand on voit de quoi nous disposons à côté. » rapporte Océane.

Ces restrictions peuvent en freiner plus d’un, notamment les étudiants avides de guindailles.

L’argument financier en ligne de mire

Dans de nombreux cas, le monde du logement estudiantin s’avère un véritable boulet financier pour les foyers. Intimement lié à la valeur immobilière du lieu dans lequel il est situé, le loyer moyen d’un kot à Bruxelles oscille entre 400 et 600€, ce qui constitue un frein pour certaines familles.

L’aspect financier offre dès lors un avantage important aux maisons d’étudiants. Pour un montant dérisoire de 260€ par mois, l’établissement propose une pension complète où les étudiantes bénéficient d’une chambre individuelle et de trois repas par jour. « Tant qu’on ne l’a pas vécu, on ne se rend pas compte que ce montant est minime. Nous offrons la possibilité aux internes de ne pas devoir se soucier d’une augmentation des charges ou d’un budget nourriture. Toutes ces choses qu’on ne peut pas prévoir quand on vit en kot entraînent également des frais supplémentaires. » ajoute Azzedine Sektani.

Outre l’argument financier, les maisons d’étudiants se démarquent par leur côté pratique et permettent d’éviter les petits soucis du quotidien de la vie en kot. Se faire à manger, nettoyer sa chambre ou encore faire les courses ne concerne pas les internes et permet donc un gain de temps précieux…

La cafétaria de l’internat propose trois repas par jour. Photo : Chloé Vincent

« C’est assez drôle quand je vois les gens qui me prennent pour une cinglée quand je dis que je suis en internat. Ils posent des questions assez surréalistes. Simplement parce qu’ils ne savent pas ce que c’est. Après explications et surtout, la précision du prix, ils changent souvent d’avis », explique une autre pensionnaire, MargauxLes internes abondent dans le même sens. Selon elles, il n’y a pas de perte d’indépendance. Il s’agit tout simplement d’une question d’organisation.

Victoria a d’ailleurs expérimenté le kot et la “Maison des Étudiantes”. Pour elle, le constat est évident : « Comme beaucoup, je ne savais pas que ce genre de logements pour les étudiants dans le supérieur existait. J’ai vécu en kot pendant six mois mais j’étais obligée de travailler dans un bar à côté pour le payer. Quand je rentrais, j’étais toute seule et je devais tout gérer. Ce n’était plus possible pour moi. Après en avoir parlé avec une amie qui venait d’un internat, j’ai beaucoup hésité parce que j’avais aussi des préjugés. Je me suis lancée et maintenant, je kiffe, je ne voudrais pas retourner en kot».

Malgré certaines restrictions qui assombrissent un tableau globalement positif,  les internats pour étudiants embrassent un succès grandissant.

 

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