Jean-Marc Nollet
05
Avr
2016

Nos députés racontés par leurs pairs : Jean-Marc Nollet, un "work addict".

Homme politique investi, expérimenté, il « travaille beaucoup », voire un peu trop. Photo : © Ecolo

Nos députés racontés par leurs pairs : Jean-Marc Nollet, un "work addict".

05 Avr
2016

PORTRAIT. Jean-Marc Nollet, un « workaholic » qui a de la bouteille

Dans son propre camp comme chez ses adversaires politiques, Jean-Marc Nollet charme son monde. Pour décrire le professionnalisme du chef de groupe d’Ecolo, les députés fédéraux ne tarissent pas d’éloge. C’est un homme « d’expérience » qui, d’habitude, connait « excessivement bien son dossier », selon Paul-Olivier Delannois (PS). Les membres effectifs de la commission spéciale chargée du Dieselgate s’accordent tous sur ce point. Seul rapporteur francophone de la commission, Jean-Marc Nollet n’aurait pas obtenu ce rôle pour des « raisons anodines ». Georges Gilkinet (Ecolo) explique : « Dans 90% des cas, ce sont les fonctionnaires de la Chambre qui font le travail. Et puis il y a quelqu’un qui a son nom sur le rapport et qui n’a rien fait. Mais ce n’est pas le cas avec Jean-Marc Nollet. »

Alex De Boeck (Open VLD), assistant à la commission spéciale, ajoute : « Il a été ministre (d’abord ministre de l’Enfance au Gouvernement de la Communauté française, puis ministre wallon du Développement durable, de l’Energie, du Logement et de la Fonction publique, et ministre communautaire de l’Enfance, de la Recherche et de la Fonction publique, NDLR) et ça se voit. Il a de la bouteille. » André Frédéric (PS) souligne : « Il défend ses dossiers avec véhémence. »

Un communicateur tenace

Homme politique investi, expérimenté, il « travaille beaucoup », voire un peu trop. Le terme de « workaholic » est même employé pour le décrire. Jean-Marc Nollet s’étonne presque du portrait dressé, tout en précisant ce qui le différencie des autres parlementaires : « C’est peut-être le fait que je ne cumule aucun autre mandat, que 100% de mon temps de travail est consacré à mon travail parlementaire à la Chambre. Je ne suis pas bourgmestre, je ne suis pas échevin, je ne suis même pas conseiller communal. C’est un choix volontaire de mettre toute l’énergie nécessaire à ce mandat. Parce que j’estime que quand on a été élu, on a un devoir, vis-à-vis de nos électeurs, de s’engager là où ils nous ont fait confiance. »

Véritable « communicateur », son énergie transparait dans la ténacité avec laquelle il aborde ses dossiers. Paul-Oliver Delannois remarque que, « quand il pouvait trouver une chausse-trappe quelque part, l’autre personne ne la voyait pas spécialement et tombait dedans ». Alex de Boeck se risque à dire que les autres partis « se méfient de lui » car, « avec toute son expérience et sa nature, ce n’est pas quelqu’un qui se laisse faire ». Jean-Marc Nollet s’en défend : « C’est plutôt bon signe, non ? Je suppose qu’au sein de la majorité, les gens se méfient d’un travail effectué par un parlementaire qui propose des alternatives. » Dans une démocratie, il considère que « c’est normal et sain ». « Les relations sont parfois un peu plus compliquées avec les gens de la majorité. Tout ça n’est que le reflet de divergences de fond. Le projet de société que défend l’actuelle majorité n’est pas le projet que moi je défends comme écologiste. » Il nuance cependant : « Avec le temps, l’expérience et la distance, on peut aussi relativiser ces choses-là et ne pas en faire une affaire de personne, mais une affaire de divergences politiques, plus ou moins profondes. »

Un charmeur qui (ab)use de l’humour

Georges Gilkinet, entré dans la politique par son intermédiaire, dit avoir un rapport complice avec lui mais « une complicité qui peut être critique ». Il ajoute : « J’ai beaucoup de respect pour sa qualité de travail mais en même temps j’ai la capacité de m’exprimer quand je suis en désaccord avec lui. Donc je pense qu’on a un rapport assez franc et qu’on s’apprécie mutuellement. » Kattrin Jadin (MR) ne le côtoie que depuis un an et demi mais respecte ses « convictions fortes » et « l’apprécie comme collègue », notamment pour son humour. Quand Georges Gilkinet le trouve « potache », André Frédéric le trouve « moqueur » et ajoute : « Je fais partie de ces gens qui considèrent que l’humour est une arme redoutable et qu’il est parfois plus aisé de faire passer une idée ou d’établir une relation en utilisant l’humour. Ça, c’est une certitude (…) Il l’utilise en général à bon escient. Il mélange l’humour et le charme. » Jean-Marc Nollet reconnait qu’il n’hésite pas à se servir de l’humour comme d’une arme : « Je pense que c’est nécessaire d’avoir de l’humour en politique parce que ça permet de relativiser les choses. J’ai une devise, c’est de travailler sérieusement, mais de ne pas se prendre trop au sérieux. »

« Il ferait rentrer une brique dans un mur ! »

Quand Michel De Lamotte (CDH) relève un certain « manque de pragmatisme », Jean-Marc Nollet s’en étonne : « C’est clair que j’ai des convictions et c’est clair que je (les) défends. Mais en tirer pour conclusion un manque de pragmatisme, c’est mal me connaître. Parce que quand on regarde les amendements, les textes de lois, les alternatives que nous proposons, ils sont pragmatiques, au sens où ils prennent en considération le point de départ et pas seulement l’horizon, le point d’arrivée, ce vers quoi on voudrait aller. Ils sont pragmatiques parce qu’on travaille sur la transition, c’est-à-dire un travail par étapes. Mais je peux comprendre que comme l’horizon est fondamentalement différent de certains projets – et notamment des projets du gouvernement en matière d’austérité budgétaire -, ça peut bloquer certains collègues parlementaires. Et ça leur ouvre la porte à cet argument un peu facile qui est de dire qu’il y a un manque de pragmatisme. »

De son côté, André Frédéric utilise une expression verviétoise pour décrire ce qu’il considère être un abus des procédures : « Il ferait rentrer une brique dans un mur ! » Ainsi, il pousserait parfois « à outrance l’utilisation du règlement pour faire passer son point de vue », en faisant tout « ce qu’il faut pour qu’il puisse en retirer un effet positif pour lui, d’autant plus dans une matière qui est liée à celle de l’environnement ». Michel De Lamotte abonde dans ce sens et considère que Jean‑Marc Nollet n’aborde pas le Dieselgate « de manière objective ». A la différence des autres dossiers qu’ils ont pu traiter conjointement, « il a envie d’entendre certaines réponses et pose les questions dans ce sens-là ».

Un collaborateur exigeant

Comme chef de groupe, Anne Dedry (Groen) remarque qu’il est « très passionné », mais qu’en interne « il est assez sévère. Comme il travaille beaucoup, il attend de tout le monde qu’on travaille aussi beaucoup et qu’on soit là ». Georges Gilkinet étend cette caractéristique à ses relations avec les autres partis : « Il peut être très dur et en cela peu apprécié par les membres de la majorité, voire des membres de l’opposition avec lesquels on serait en concurrence. » Michel De Lamotte reconnait, quant à lui, que Jean-Marc Nollet est « attentif à tout ce que chacun dit » et est « quelqu’un de convivial », qui « se donne à 150% dans le job qui est le sien ». Mais le député CDH se demande « s’il laisse assez d’espace et de libertés aux autres ». L’intéressé le reconnait volontiers : « Je suis exigeant, c’est vrai. Mais la première exigence, c’est par rapport à moi-même (…) Les chefs de groupe ont un rôle particulier. C’est évident, puisque quand l’actualité est chaude, c’est d’abord et avant tout vers eux qu’on se tourne. C’est logique et nécessaire parce que ça permet d’avoir une vue d’ensemble. Et donc, ce sont eux qui sont les plus exposés. » D’où l’intérêt de charmer son monde.

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One Response to “PORTRAIT. Jean-Marc Nollet, un « workaholic » qui a de la bouteille”

  1. madelinesimon3@gmail.com' simon dit :

    bonjour j aimerais avoir l adresse du ministre du logement de JEAN-MARC NOLLET

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