19
Oct
2016

Avec plus d'un million de réfugiés, la crise au Liban est sans précédent. L'ASBL SB OverSeas lance un appel aux volontaires.

Selon un rapport du HCR, 40% des enfants réfugiés syriens au Liban sont scolarisés. Photo : Michael McGovern

Avec plus d'un million de réfugiés, la crise au Liban est sans précédent. L'ASBL SB OverSeas lance un appel aux volontaires.

19 Oct
2016

Bénévolat au Liban : des cahiers sous les bombes

Avec une population de 4,4 millions d’habitants, le Liban accueille pas moins de 1,1 million de réfugiés syriens, 500 000 réfugiés palestiniens et près de 6000 réfugiés irakiens (chiffres de la Commission Européenne datant de février 2016).

Au Liban, une personne sur quatre est donc réfugiée ce qui en fait le pays au monde avec la plus forte concentration de réfugiés par habitant. Les besoins sont énormes, surtout dans les secteurs publics, en particulier dans l’éducation. Ces services sont véritablement submergés par la demande. Organiser des programmes d’aide au Liban semble donc être une évidence.

“Au Liban, une personne sur quatre est réfugiée ce qui en fait le pays au monde avec la plus forte concentration de réfugiés par habitant.”

Michael McGovern, volontaire au Liban pour l’ASBL SB Overseas, acquiesce et complète : “À cette crise des réfugiés, s’ajoute le problème d’une démocratie touchée par la corruption et le partage du pouvoir entre une multitude de groupes : chrétiens, sunnites, chiites. La situation politique est relativement stable mais tendue. Comme dans tous les pays arabes, il y a toujours ce danger que cet état de tension conduise à une situation explosive. Il y a des risques bien sûr, mais nous sommes parfaitement clairs à propos de ceux-ci et les volontaires comprennent ce qu’implique un séjour au Liban.

SB OverSeas

Basée à Schaerbeek, cette ASBL s’est attaquée à une mission de taille : fournir une aide humanitaire et psychologique aux victimes et aux déplacés du Proche-Orient.

Présents en Belgique, le personnel et les bénévoles de SB OverSeas y organisent des actions de sensibilisation, des récoltes de dons, des formations de citoyenneté destinées à des jeunes entre 8 et 17 ans. Ils organisent également des animations pour des jeunes réfugiés à Bruxelles, entre autres pour créer un peu de lien avec la société belge.

Leur zone d’action s’étend également à la Syrie, au Liban, à la Turquie et à l’Egypte. Ils répondent aux besoins immédiats des réfugiés, leur apportent médicaments et produits de première nécessité, organisent des parrainages, et ont à coeur de participer à l’effort global de fournir à tous une éducation et une instruction sociale.

Un des plus grands chantiers de l’ASBL

Le Liban est l’un des pays du Proche-Orient où SB OverSeas s’est implanté le plus profondément. Là-bas, deux centres de formation (bientôt trois) pour les enfants et les femmes réfugiés ont vu le jour. Cette année, et c’est une première, SB OverSeas lance un appel sur Internet. L’ASBL propose un programme de volontariat permettant de partir enseigner l’anglais et d’autres matières à Beyrouth et d’apporter de l’aide dans les centres pour femmes.

Michael participe activement à l’organisation de ce programme. “C’est la première fois que nous faisons un programme aussi imposant et aussi structuré. C’est important pour nous, mais encore plus pour les enfants. Il est bon pour eux d’être en contact avec des gens de partout. Certains n’ont jamais même vu un Libanais, donc c’est très bon pour eux“.

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“C’est important pour nous, mais encore plus pour les enfants. Il est bon pour eux d’être en contact avec des gens de partout.” (M. McGovern). Photo : M. McGovern

Les enfants et adolescents syriens en difficulté

Sur le million de réfugiés syriens au Liban, 380.000 d’entre eux sont âgés de 5 et 17 ans. Selon un rapport du HCR, seulement 40% d’entre eux sont scolarisés.

Le but principal de ces cours organisés par SB OverSeas est que ces enfants puissent intégrer le système éducatif public libanais. Ils doivent effectivement suivre un rattrapage scolaire, vu qu’ils ont souvent été déscolarisés pendant une période plus ou moins longue.

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“Beaucoup de ces enfants ont assisté à des événements traumatisants. Ce ne sont pas des enfants normaux, ils ont besoin d’un soutien particulier” – M. McGovern. Photo : M. McGovern

Nous avons donc deux programmes. L’un pour des enfants de 5 à 6 ans, des enfants en âge de commencer l’école primaire. Nous les préparons aux difficultés du système libanais : les mathématiques, l’écriture arabe et l’anglais car bon nombre de leurs cours sont en anglais. L’autre programme est dédié aux enfants plus âgés, autour de onze ans. À cet âge-là, trop tard pour entrer à l’école si on ne connait pas son alphabet. SB OverSeas leur propose donc des cours de rattrapage“, pour tenter d’ajouter des pièces au puzzle incomplet de leur éducation.

Autre problème : “beaucoup de ces enfants ont assisté à des événements traumatisants. Beaucoup d’entre eux ont perdu un parent, parfois deux. Ils ont connu la guerre chez eux, ont habité dans des zones de bombardements. Ce ne sont pas des enfants ‘normaux’, ils ont besoin d’un soutien particulier. On le voit dans les classes, c’est pour les volontaires et pour les enseignants salariés un travail épuisant et dur, mais enrichissant bien sûr. Il leur est difficile d’être assis sagement dans la classe. Ce sont des enfants turbulents.” Si le but final de SB OverSeas est que le plus d’enfants possible entrent dans le système scolaire libanais, le soutien psycho-social de ces enfants est leur ambition primaire.

Des femmes également soutenues

L’émancipation des femmes est le deuxième cheval de bataille de l’ASBL. Ils proposent des formations en couture, coiffure et aux autres métiers manuels. Beaucoup d’entre elles ont perdu leur mari et se retrouvent ainsi avec une responsabilité qu’elles n’avaient jamais eue jusqu’alors : ramener de l’argent au foyer. “On leur propose aussi un soutien psychologique grâce à des ‘safe spaces’, des endroits sécurisants où elles sont libres de s’exprimer, d’échanger entre elles.” Ils organisent aussi des événements durant lesquels les femmes peuvent vendre les œuvres ou produits qu’elles ont elles-mêmes fabriqués ou encore recevoir une aide à la création d’entreprise.

Photo : Michael McGovern

L’émancipation des femmes est le deuxième cheval de bataille de SB OverSeas. Photo : Michael McGovern

Mariage forcé, ce fléau

Depuis septembre 2016, un nouveau programme a vu le jour, pour les adolescentes cette fois. Étant dans une situation économique et sociale chamboulée, elles sont vulnérables et la menace du mariage forcé pèse lourdement sur elles. Selon une étude récente, 22% des mariages sont forcés au Liban. “Dans une culture très conservatrice, l’homme est perçu comme le protecteur de la femme. Donc une femme seule est vulnérable. Les intérêts à se marier très tôt sont nombreux et ce genre de mariage a un pouvoir d’attraction fort. Et c’est un grand enjeu pour nous.”

D’autant plus que le Liban autorise, dans certaines régions, le mariage des enfants. Une fillette de neuf ans peut être unie pour la vie à un homme majeur, si ses parents l’acceptent. Sans leur accord, le futur époux doit attendre que la petite fille ait au moins 14 ans.

En Syrie aussi, le mariage forcé n’est pas inhabituel, loin de là. Les zones rurales et pauvres sont remplies de femmes qui seront épouses à 13 ans et grands-mères à 30. “C’est pourquoi nous faisons des campagnes de sensibilisation auprès des familles, auprès de la communauté sur les dangers des mariages forcés. De plus, nous offrons à ces jeunes filles des formations diverses et variées, comme à leurs aînées.”

Candidature : des critères peu nombreux, mais essentiels

Il n’y a pas vraiment de pré-requis pour se porter bénévole auprès de SB OverSeas, si ce n’est de parler bien anglais et d’avoir de l’expérience avec les enfants ou dans l’enseignement. “Mais au final, nous recherchons surtout des gens motivés, positifs et qui sont surtout intéressés par la crise des réfugiés.” Un projet qui s’annonce dur et fort, mais ô combien enrichissant.

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Intéressé par ce projet ou désireux de plus de détails ? Vous trouverez plus d’informations sur le site de SB OverSeas.

 

Moyen-Orient, zone sous haute tension

Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, le Moyen-Orient, véritable mosaïque de cultures et de peuples, est une région de tensions violentes et plurielles. Religions, idéologies, luttes de pouvoir et questions identitaires. Autant de thématiques qui dépeignent une situation géopolitique complexe, mais surtout destructrice.

Selon un bilan de l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), le nombre de morts en Syrie depuis le début des combats en 2011 aurait dépassé les 300 000. Actuellement, environ 13,5 millions de personnes ont besoin d’une aide humanitaire en Syrie, 21,1 millions au Yémen, 2,4 millions en Libye et 8,2 millions en Irak. Et ces chiffres pour le moins alarmants ne sont pas un cas d’école, loin de là. Le 30 septembre 2016, le Haut-Commissariat des Nations unies (HCR) recensait 12 millions de Syriens déplacés ou réfugiés. Au Liban, le HCR recense 1,04 million de réfugiés syriens.

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Le travail humanitaire à abattre est gigantesque. SB OverSeas fait partie des acteurs sur place. Photo : M. McGovern

Des ONG du monde entier s’attèlent à la lourde tâche de venir en aide à ces populations fragilisées. Sur place, mais également à la source de cette aide humanitaire, dans les pays développés. Et c’est précisément ce que fait SB OverSeas.

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