Hassan refugié syrien
11
Mai
2017

[2/5] En un an, le nombre de réfugiés syriens au Maroc a augmenté de 70 %. La proximité culturelle et des mesures politiques favorables les incitent à s'y installer.

Hassan , Syrien réfugié au Maroc , travaille dans une pâtisserie syrienne à Rabat

[2/5] En un an, le nombre de réfugiés syriens au Maroc a augmenté de 70 %. La proximité culturelle et des mesures politiques favorables les incitent à s'y installer.

11 Mai
2017

Le Maroc, nouvelle terre d’accueil pour les Syriens

Les Syriens sont de plus en plus nombreux à fuir la guerre qui ravage leur pays depuis 6 ans pour venir s’installer au Maroc. Souvent considéré comme un pays de transit, le Royaume se mue désormais en terre d’accueil. Ils étaient 2.385 en novembre 2015 contre 3.444 en avril 2016, selon le UNHCR (Agence des Nations Unies pour les réfugiés). Soit une augmentation de 70%.

Proximité culturelle

Plusieurs facteurs expliquent cette augmentation. La proximité culturelle est l’un d’entre eux. Les deux pays partagent une langue (l’arabe) et une religion puisqu’ils sont tous les deux à majorité musulmane. Ces deux points communs constituent bien évidemment un atout indéniable quand il s’agit d’intégration, comme l’explique Malgorzata Bratkrajc, responsable des relations extérieures au bureau de UNHCR à Rabat : « 68% des réfugiés sont des Syriens et ils voient moins d’obstacles à rester ici. C’est un pays arabophone et musulman. Ils se sentent plus à l’aise et plus chez eux. » C’est notamment le cas d’Hassan, un jeune Syrien arrivé à Rabat il y a deux ans. Entré illégalement par la frontière algéro-marocaine, il est aujourd’hui en situation stable et explique pourquoi il a fait le choix de rester.

Conjoncture favorable et volonté politique

Un autre facteur, conjoncturel celui-ci, a participé à gonfler les chiffres. En mars 2016, l’Union européenne et la Turquie ont cosigné un accord sur le contrôle des flux de réfugiés syriens et irakiens. De cet accord a découlé la fermeture de la route de la Méditerranée orientale qui était la voix principale vers l’Europe. Cette fermeture a eu pour conséquence l’orientation des flux de migrants vers d’autres directions, plus sûres, dont le Maroc fait partie.

S’ajoute à cela une réelle volonté politique d’intégration actée par la mise en place de la « stratégie nationale d’immigration et d’asile » en septembre 2014. Soutenue par le roi Mohammed VI, elle a permis une meilleure perception et acceptation des réfugiés syriens par la population marocaine. Le Roi ne cesse d’exhorter son peuple à faire preuve de clémence envers les réfugiés et d’“accorder toutes sortes d’aide et d’assistance”, tout en restant vigilant sur leur comportement, a-t-il expliqué lors du discours prononcé pour le 62e anniversaire de la révolution du Roi en août 2015. Cette politique leur donne accès aux mêmes droits fondamentaux que les citoyens marocains ainsi qu’un titre de séjour renouvelable.

Initiatives associatives

Plusieurs associations et structures d’accueil sont présentes au Maroc pour faciliter l’intégration des réfugiés. À Rabat, la fondation Orient-Occident, qui s’occupaient majoritairement de l’accueil et de l’assistance de réfugiés subsahariens, a, depuis 2013, pris en charge de nombreux Syriens, notamment des familles.

En parallèle aux initiatives associatives comme celles-ci, une antenne de l’UNHCR au Maroc aide le gouvernement à assurer l’accueil des réfugiés et à leur venir en aide.

“Ici, ils ont accès à plusieurs services publics comme l’éducation pour les enfants. Ils reçoivent des cours supplémentaires pour améliorer leur niveau de français. Les adultes reçoivent, eux, des cours professionnels pour trouver une occupation au Maroc”, explique Malgorzata Bratkrajc, responsable des Relations extérieures de l’UNHCR à Rabat.

La fondation Orient-Occident n’est pas le seul partenaire de l’UNHCR. Cette agence internationale d’accueil des réfugiés collabore aussi avec la « MAP » (Agence de presse marocaine), qui organise des cours de formation professionnelle et qui soutient les réfugiés les plus vulnérables, au niveau financier. Les migrants reçoivent de l’argent mensuellement pour payer leurs logements, ainsi que les frais scolaires, les frais de transport. Ces accès leur sont permis s’ils sont en possession d’une attestation de fréquentation.

Le gouvernement reprend la main

En 2015, en total contraste avec ces mesures humanitaires, le gouvernement marocain, sous la demande du Roi, a imposé le visa obligatoire aux réfugiés syriens et irakiens voulant entrer sur le territoire. Le Roi se justifie par “l’obligation de prendre une série de mesures préventives pour préserver la sécurité et la stabilité du Maroc.”

Étant le principal acteur dans la politique d’asile au Maroc, le UNHCR planifie de transférer ses responsabilités au gouvernement marocain. « Bientôt, on pourra avoir un système d’asile complet au Maroc et l’UNHCR pourra se retirer pas à pas de l’assistance directe aux réfugiés pour la laisser au gouvernement », conclut Malgorzata Bratkrajc.

Cet article fait partie de notre dossier “Sur les traces de la culture belgo-marocaine au Maroc”, réalisé en partenariat avec les étudiants du Master de Production de contenus audiovisuels et numériques de l’ISIC. Plus d’articles à découvrir ici.

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